Lien vers Le péché pour leur vie 23.
En escrime je fis un effort pour me rappeler les pas qu'il m'avait appris. La première fois cela altéra ma concentration sur les attaques collatérales et je fus éliminée la quatrième.
- C'était mieux au niveau de la méthode, mais bouger ne doit pas t'empêcher de faire attention aux autres combattants. Écarte toi régulièrement de ton adversaire pour t'offrir un coup d'œil latéral. Ou alors, souffla-t-il très bas, reste sur les bords de la salle, ton niveau te permet de ne pas pâtir d'être dos au mur : ne pas pouvoir reculer ne pénalisera pas. Et quand tu maîtriseras mieux la mobilité du corps, alors tu récupéreras une place plus loyale. C'est parti.
Effectivement la deuxième fois, dos à la paroi, je découvris que je n'étais pas plus vulnérable. Les assaillants du coup venaient toujours de face, alors je n'étais jamais surprise. A la fin je commençais à bouger à peu près naturellement et je finis perdante du trio gagnant, parce que les deux derniers m'attaquèrent ensemble.
- C'est bien, dit Aiden. Recommence pour le dernier essai, et la prochaine fois tu te lanceras au milieu de la salle. Vas y.
Cette fois je gagnai une place et ne pus m'empêcher quand l'entraînement s'acheva de remercier mon coach :
- Merci, avant toi jamais je ne progressais si vite.
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- Je suis peut être plus imaginatif que la moyenne mais tu m'inspires, aussi, sans ça les résultats ne seraient pas si bons. Tu es très malléable : c'est facile de te faire progresser. Et toi même tu es pleine de ressources, c'est gratifiant de travailler avec toi.
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- Heureuse de l'apprendre. Tu crois que tutoyer son entraîneur est une tricherie? Parce que les autres n'ont pas l'air d'apprécier.
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- Ils sont jaloux. Je ne crois pas que la présidente y trouvera plus à me reprocher puisqu'elle croit déjà que nous couchons ensemble.
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- Certes, se tutoyer dans ce contexte ce n'est qu'une mince anomalie. C'est fini? Parce que je meurs de faim.
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- Moi aussi. Qu'est ce que tu me cuisines ce midi?
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- Oh, des endives natures et des épinards sans crème, je pense.
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- Parfait. Après un bon apéritif ça passera sans soucis.
Cette fois le jeune homme n'était pas d'humeur à apprendre. Il m'aida pourtant à trancher les légumes. Je le sentis tout de suite agité et au milieu d'une explication sur les modes de cuisson je m'arrêtai subitement :
- Tu n'écoutes rien. Qu'est ce qui te tracasse?
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- Je viens de comprendre qu'il va falloir que je t'abandonne. Et ce n'est pas le moment.
J'arrêtai ce que je faisais pour darder sur lui un regard par lequel je me mis à nu.
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- Ce ne sera jamais le moment. Pourquoi dois tu partir?
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- Je dois aller faire quelque chose. C'est pour cette nuit. Je n'avais pas calculé que ça tomberait si vite. Et Dieu sait combien de temps ça va durer. Il est possible que ça dure des semaines.
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- Je ne vais prendre aucun détour. Dis moi tout de suite ce qui se passe parce que si je ne comprends même pas pourquoi tu pars au moment où j'ai le plus besoin de toi, je ne le supporterai pas.
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- Calme toi immédiatement.
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- Oh je vois monsieur pense qu'il va pouvoir récupérer son statut d'entraîneur impersonnel et détaché. Tu te mets le doigt dans l'œil, Aiden, jusqu'au coude !
La fureur passa sur son visage et à grandes enjambées il quitta l'appartement. J'arrivai à la porte lorsqu'elle me claqua au nez. Je rugis de douleur et en position fœtale sur la moquette épaisse je pleurai tout mon soul. Je ne mangeai pas cet après midi là, pas plus que le soir, et entre temps je passai l'après midi dans l'eau de la piscine olympique que pour la première fois je trouvai glacée. Ensuite je m'habillai et déambulai dans le parc. A trois heures du matin je me couchai en pleurant. A quatre je ne dormais toujours pas mais le jeune homme entra dans la pièce sans frapper. Le visage trempé et bouffi je me préparai à recevoir l'ordre de m'habiller pour je ne savais quel exercice.
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