Elle (la présidente) sourit et me planta là après un hochement de tête. Je passai l'après midi à observer les autres choir, s'énerver, s'impatienter, puis se radoucir, et apprendre. Impressionnée je vis même l'un des dragons cracher du feu. Épuisés tous quittèrent le parc à vingt et une heures. Claire vint frapper à ma porte alors que je quittais mon balcon d'où je les avais regardés pendant des heures. J'avais espéré que ce fût mon entraîneur et elle remarqua ma déception.

- Je voulais juste... Je me suis dit que tu aurais certainement des questions et que tu n'oserais pas venir me trouver.

• - Non merci. J'ai même plutôt un conseil, grinçai-je. Serre tes foutues jambes, ce ne doit pas être si compliqué de tenir sur un dragon!

Un éclat de rage brilla dans ses yeux noirs et elle sortit en claquant la porte. Je sais, c'était puéril, mais cette peste m'avait porté les nerfs pendant tellement de temps, tirer un trait sur tout cela était trop me demander pour le moment. Je bouquinai pour le plaisir et soudain je me demandai à quoi diable avaient servi les épreuves de culture générale. Je me glissai jusqu'au bureau de la présidente et la trouvai sur le point de le quitter. Je lui posai la question et elle leva un sourcil, comme si la réponse était évidente :

- Il nous faut des gens intelligents, larges d'esprit, nuancés dans leurs points de vue, et assez intéressants pour s'introduire dans n'importe quel milieu.

• - - S'introduire dans...

• Contrairement à ce que vous croyez tous pour le moment, votre métier ne sera pas de survoler inlassablement votre territoire. Bien vite vous vous rendrez compte que les chevaliers blancs ne tapent pas n'importe quand, n'importe où ni n'importe qui. Vous verrez qu'il est plus utile de déconcentrer les troupes en sapant leur moral que de les chasser comme des lapins. Vous serez plus souvent à pied dans des tenues de soirées qu'à califourchon sur vos nouvelles montures. Ça répond à ta question?

• - Je suppose.

• - Alors va te coucher, va savoir quand ce sacré animal se posera dans le parc, mais quand ce sera le cas tu devras être en forme.

Je m'exécutai et m'immobilisai devant la fenêtre en me demandant si je rêvais. Aiden était de l'autre côté, un immense sourire aux lèvres. Mais l'instant d'après il fut emporté par sa monture ailée à quelques mètres et je l'observai se débattre pour se poser sans encombre. Dévalant les escaliers je me remémorai ce que je venais de voir, un portrait magnifique. Mon dragon était blanc. Du blanc nacré des huîtres dont on tirait les perles.

Ils étaient là, dans le parc. J'aurais aimé me jeter aux bras de l'homme qu'il me semblait être proche d'aimer d'un amour pur, mais il avait trop à faire avec l'animal qui hurlait, intrépide. N'écoutant que mon instinct je m'approchai en parlant fort à cette créature tout droit sortie d'un rêve. - Et bien, Mistral, beauté, tu ne veux pas me dire bonjour? Moi il y a des heures qu'il me tarde de te rencontrer. Je suis Cristal, continuai-je en avançant les doigts vers son museau. Au moins elle s'était tue, mais ce regard n'avait rien d'amical. On va bien s'entendre, murmurai-je encore. Je peux te faire une caresse?

• - Je ne suis pas certain que ce soit une bonne... Je n'entendis pas la suite car le dragon venait de pousser un hurlement aigu aux beau visage du jeune homme. Je n'ai plus d'oreille, me sourit-il. C'est comme ça depuis que je t'ai quittée. Je l'ai travaillée jour et nuit, c'est pour cela que je n'ai pas pu revenir avant comme les autres, qui ont eu à moins à faire, leurs dragons étant plus placides.

• - Quel était cet événement que l'on t'a annoncé en pleine nuit le soir de ton départ?

• - Sa naissance.

• - Mais... En un peu plus d'une semaine, elle est déjà montée et fait déjà cette taille?

• C'est un dragon, pas un cheval. Elle deviendra immense, tu paraîtras ridicule à côté d'elle. Et nous avons choisi des les initier au plus tôt à la monte, pensant que c'est peut être le seul moyen de les domestiquer. Ils représentent un pari, personne ne savait qu'on y arriverait un jour. Et encore c'est beaucoup dire pour Mistral. C'est pour qu'elle ait une chance que son dressage se passe en douceur que j'ai fait des pieds et des mains pour que ce soit toi qui l'aies, et tout de suite. Il ne sert à rien que je continue de te crier dessus, beauté, acheva-t-il en direction de l'animal qui gronda.

• - Parfait. On commence tout de suite?