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Centaure d'un dieu, résumé

Un peu impressionnée par la perspective, je me laissai le temps de me laver et de m'habiller mais comme il l'avait pressenti, Saphir me téléphona au moment où je passais un bustier.

• - Bonjour, dis-moi, serais tu disponible ce matin pour les architectes ? M'interrogea-t-il. Ils ont fait un tour en ville, ils ont sélectionné les bâtiments où à leur avis les xivians aimeraient vivre, mais aussi un éventuel futur emplacement pour le palais.

• - Bien sûr, je suis prête à l'instant, j'arrive.

• - Parfait. Demande à Liam de venir aussi, j'appelle Gareth de mon côté. A tout à l'heure à la salle du conseil.

Je tirai mon amant du lit au sens propre : avec mes forces de centaure je pouvais facilement tracter son corps hors de notre couche. Il se débattait mais surtout il riait. Dans la bousculade sa frange ne tenait pas en plage et j'appréciai grandement de contempler ses yeux rieurs, pourtant noirs et abyssaux comme à l'accoutumée. Une fois tombé au sol et emprisonné entre mes sabots, il m'adressa un regard lubrique qui me fit frémir un peu. Dans ma vie d'avant j'aurais moyennement apprécié cette attitude dès le réveil, j'aurais déploré l'absence de romantisme, seulement voilà :

• - Je crois que malheureusement je suis folle de toi, déplorai-je.

•  - C'est en effet fort dommage, singea-t-il. J'en suis absolument mécontent. Je te somme d'arrêter immédiatement.

En proie à notre hilarité, aucun de nous ne put continuer de parler, mais il se dirigea tout de même vers la salle d'eau tandis que j'étais encore agitée d'un rire intarissable.

En attendant je me postai devant les fenêtres que j'avais tant boudées pendant le voyage. Je baissai les yeux sur les blessures qui avaient causé mon absence au début de celui-ci. Au poitrail la cicatrice était plus discrète, lignes chauves au milieu des plis que formait naturellement la peau à cet endroit. Je me contorsionnai pour regarder ma croupe et poussai un cri de surprise : on ne voyait plus rien ! J'adorais la médecine xiviane, souris-je en moi-même. Enfin je me concentrai de nouveau sur la vue depuis la chambre : on ne voyait pas le fleuve mais la ville. Juste là, autrefois, il y avait eu un carrefour de voies de tramway. Seules les lignes de ferraille le prouvaient aujourd'hui. Je me rappelai les commerces qui avaient entouré cet espace très arboré. Un frisson me prit lorsque je songeai que sans m'en rendre compte, j'avais enregistré le souvenir, en passant devant pour trouver le supermarché, de ces commerces abandonnés. Il n'y avait pas eu de pillages, sans doute les gens étaient-ils morts tous en même temps, ou sur un laps de temps trop court. Les commerces étaient ainsi sombres et poussiéreux.

• - Aliénor, murmura Liam à mon oreille, ça n'a pas l'air d'aller. Mon père va nous proposer un petit nid d'amour, c'est à cela que tu devrais être en train de penser.

Je hochai très sombrement la tête, comme s'il parlait d'un enterrement ou d'une grande guerre qui l'appelait au front. À présent c'était moi qui souhaitais éviter la discussion.

• - C'est étrange de t'entendre parler ainsi, notai-je à voix haute. Au début je n'aurais même pas osé l'espérer ; tu parlais si peu !

Un tic nerveux lui fit secouer la tête. Je passai les deux mains dans ses cheveux si clairs. Une envie me tordit douloureusement le ventre. Je me forçai à reculer pour ne pas nous emmener là d'où je ne me sentais pas capables de revenir. 

Centaure d'un dieu 101.