• Centaure d'un dieu, résumé
  

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  - Alors j'accepte de tout cœur, soufflai-je, à condition...

Je me mordis la lèvre. Étais-je réellement en train de poser des conditions à un Dieu ?

• - Parle librement, m'encouragea-t-il, je t'ai déjà demandé de me considérer comme ton beau-père, je crois. Je te protégerai comme ma fille, alors comporte-toi comme telle.

C'était un peu bourru pourtant j'en eus les larmes aux yeux. C'était un présent inestimable au regard des circonstances.

• - A condition, repris-je, de ne pas toucher aux murs ni aux statues intérieures, sauf à les déplacer dans un musée ou autre.

La tension quitta l'air. Je notai seulement à cet instant combien chacun avait craint que j'outre-passe les limites admissibles en formulant une requête inconsidérée.

• - Cela va de soi, accepta Saphir. Regardez à présent les plans qui nous sont proposés pour l'intérieur, conclut-il en poussant ses enfants près de moi.

Mon cœur bondit : on avait dessiné autour de la cathédrale des jardins, des plans d'eau, des promenades, des vergers ! Je me demandai où l'on trouverait la place de mettre tout cela, mais je dus m'avouer que peu de constructions en cet endroit avaient un réel cachet. Sauf...

• - Le souci c'est que dans mon souvenir, ici, là, là, là, et aussi là, oh et là, se tiennent d'anciennes bâtisses qu'il serait un sacrilège de démolir.

Après un temps d'irritation un homme d'un peu meilleure volonté que les autres proposa :

• - On peut les laisser et en faire des dépendances, y établir des entrepôts et des serres. Le parc et le verger peuvent s'étendre autour de ces constructions.

• - C'est une merveilleuse idée, souris-je, radieuse. Je suis pressée de voir cela.

L'humeur générale se bonifia enfin. Mais bien vite mon petit nuage se dissipa lorsque je remarquai que les gens m'attendaient pour partir à la recherche des constructions à sauvegarder. J'adressai un regard suppliant à Liam qui comme toujours m'expliqua qu'il partait en mission de reconnaissance. Je n'aurais pas contesté mais son père ne l'entendait pas de cette oreille.

• - Liam, tu n'es plus sur Xivia, aucun danger ne nous attend ici, c'est toi-même qui m'as dit qu'il n'y avait rien de plus dangereux que des chats affamés. D'ailleurs Aliénor sera heureuse de savoir que nous avons demandé à nos éleveurs de domestiquer une meute puisque tu as dit que c'étaient des bêtes utiles. Déjà ceux d'avant-hier sont revenus manger hier pour la plupart. Ce soir la mission est d'essayer de les toucher, bref ce sera long mais à terme je pense que cela marchera, si tu dis qu'ils peuvent être domestiqués, alors ils le seront. Du reste force est de constater que nous ne voyons plus de rongeurs alentours et que les insectes nous gênent presque plus. Pour en revenir à toi, Liam, va donc avec ta promise pour cette fois.

A ma grande surprise il finit par répondre :

• - C'est mon rôle que de vérifier si tout le monde est en sécurité. C'est aussi ma passion. Ne me l'enlevez pas, conclut-il humblement.

Je traversai la pièce avec la désagréable impression de ne pas marcher naturellement, vous savez comme quand vous passez entre toutes les serviettes pour aller vous baigner, à la plage. La plage... J'irais un jour, me promis-je. Pour la seconde j'étais enfin près de Liam. J'avais eu la ferme intention de le lui dire quelque-chose, mais je ne trouvai rien de spirituel à formuler. Je me contentai donc de le bousculer affectueusement en passant.

Il releva sa frange au moment où j'allais faire demi tour et ses petits yeux abyssaux me semblèrent en détresse. Je souris en posant un doigt sur sa bouche avant de poser furtivement les lèvres sur cet index. Je ne me retournai pas en quittant le guerrier. 

Centaure d'un dieu 106.