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Centaure d'un dieu, résumé

Je secouai Gareth de toutes mes forces. Un son ténu s'échappa de sa gorge. Fébrile, je cherchai son pouls. Je finis par le trouver.

Ensuite, je fis de même pour Bianca. Je poussai un gémissement ténu, incapable de déceler une quelconque trace de vie chez elle. Finalement, je remarquai que s'ils se révélaient beaucoup trop lents et un peu irréguliers, ses battements de cœur étaient bel et bien réels.

Le soir tout cela s'était empiré. Je me sentais si faible que même appeler à l'aide constituait un effort difficile. J'avais cessé de vérifier le pouls de Bianca, persuadée qu'elle était morte contre moi. À un moment, le dégoût à cette idée me fit trembler violemment. Mon estomac se révulsa, mais je parvins à éviter le pire. Gareth vivait. De cela j'étais bien certaine. Je m'y raccrochais.

Puis le miracle se produisit. Le guerrier monté sur son griffon se matérialisa au-dessus de nos têtes. Dans le crépuscule ses larmes brillaient. Lorsqu'il descendit de Liane il eut un temps, nous regardant avec de grands yeux désespérés. Gareth était toujours lové entre mes pattes, là où la chaleur pouvait tromper son corps affamé donc frigorifié en ce début de nuit. Mais le dauphin chancela bientôt vers nous et empoigna son frère, le forçant à se redresser. Il aurait sans doute voulu parler mais tout restait bloqué dans sa gorge. Il serra Gareth à l'étouffer puis le fit boire un peu, avec mille précautions. Je ne me fis même pas remarquer en luttant pour me lever, ankylosée au possible. Le corps de Bianca s'affaissa alors mollement. Ma nausée eut raison de ma volonté : je rendis de la bile sur le sable fin.

Lara apparut bientôt. Les mains jointes, elle observait le prince sans oser intervenir. Puis elle me vit plus loin et soupira en se précipitant dans ma direction. J'étais aux prises avec un hoquet précipité, car j'étais triste au possible en plus d'être faible physiquement. Mon promis se fichait de mon état. Il se moquait que Bianca fût morte contre mon corps. Je comprenais bien qu'il avait eu peur pour son frère, il avait dû croire que la prophétie se réaliserait. Mais moi aussi j'étais là, moi aussi j'avais les lèvres bleues, moi aussi je me sentais proche de la mort. Epuisée de corps et d'âme, je me laissai choir là où je me trouvais.

• - Je sais, je sais, assura Lara en caressant mon corps équin.

Je reculai, je n'étais pas un animal !

• - Aidez-la, gronda-t-elle vers les deux frères, ou elle va s'étouffer.

Gareth chancela dans ma direction mais Liam lui interdit de faire le moindre effort. Il vint me faire passer mon hoquet, posant machinalement les doigts sur ma gorge. Je ne le regardais pas, pour ne pas sombrer. Puis quelque chose se rompit en lui. Je le sentis parce qu'une sorte de secousse agita son corps. Lorsque ce fut passé il enlaça mon torse humain avec mille précautions et pleura sur mon ventre.

Je voulus reculer. Mais je ne réussis qu'à me déstabiliser. Je tombai lourdement, sans chercher à me relever. On porta une gourde à mes lèvres. Je bus goulûment. Puis on me laissa dormir.

Je me réveillai à l'infirmerie du vaisseau, songeant amèrement que cela devenait une habitude. Je me rendormis puis m'éveillai encore plusieurs fois, avant de surprendre l'infirmière près de moi. Je voulus parler, mais elle m'informa immédiatement qu'elle venait déjà d'avertir Liam que j'étais réveillée. Je refermai la bouche dans un sourire fatigué. 

Centaure d'un dieu 127.