Centaure d'un dieu, tous les articles.
- Tu veux bien m'accompagner à côté, Aliénor ?
Nous nous rendîmes chez moi, mais il me fallut quelques secondes pour me sentir à ma place en ce lieu. Je me sentais mal à l'aise, comme si tout ce qui se passait autour de moi se révélait poisseux. Sans parler davantage je pris un courte douche et passai un cache cœur et un châle. Seulement alors je levai les yeux sur mon Dieu, avachi sur son fauteuil. Ne pas voir ses yeux me courrouça au plus haut point. J'inspirai un grand coup en songeant que j'étais sur la mauvaise voie.
-
- Je n'ai en aucun cas couché avec ton frère, crachai-je sur un ton agressif. Je dirais même plus : rien ne s'est jamais passé et je n'ai jamais songé à ce qu'il se passe quoi que ce soit avec Gareth. Je te demande maintenant de me croire. Je t'aime, Liam. Pour autant, sache que je t'en veux beaucoup, vraiment beaucoup, d'avoir songé une chose pareille. Voilà, maintenant je vais aller dormir, je suis épuisée.
Il ouvrit la bouche, mais je passai devant lui avant qu'il ait pu dire un mot. J'ôtai rageusement châle et cache cœur, enfilai un déshabillé et plongeai avec délice dans les draps de mon grand lit.
Mais je me sentis bientôt épiée. J'ouvris à grand peine les yeux pour tomber sur ceux de Liam, au moment même où son tic nerveux lui faisait relever sa frange de cet éternel mouvement rageur. Je refermai les yeux et me tournai de l'autre côté. Je le sentis monter dans le lit, dos à moi. D'un geste hésitant, il posa une première caresse sur mon flanc, légère comme la brise. Je choisis de l'ignorer, alors il en posa une seconde et encore beaucoup d'autres. Puis il m'escalada et vint se caler entre mes membres chevalins comme il le faisait toujours la nuit. J'ouvris de nouveau les yeux pour tomber sur les siens, visibles quand il était couché. Comme ils étaient beaux, petites perles noires infiniment profondes, tels une nuit sans étoiles. Je sentis mes traits s'attendrir et je fis glisser le dos de ma main sur sa joue rugueuse. Il sourit de plaisir. Il enlaça mon torse humain et me donna un baiser d'amour.
-
- Jamais je ne pourrai te croire, je l'avoue, Aliénor. J'ai trop peur de l'attirance qu'il produit sur les femmes. Peux-tu me le pardonner ?
Je grognai et refermai résolument les yeux. Je dormais lorsqu'il se remit à parler.
-
- Quoi ? Grognai-je.
-
- J'étais sûr que le moment était venu. Je m'attendais à te trouver seule dans cette grotte, maman disait que lui aussi l'appelait mais j'étais incapable d'y croire. J'ai fait une crise d'angoisse. J'ai cru ne jamais m'en sortir. Je crois que je ne me remettrai jamais de sa mort lorsqu'elle adviendra.
Le seul fit d'imaginer le guerrier en proie à la peur, le corps secoué de tremblements incontrôlables, me rendit mal à l'aise. Je resserrai mon étreinte autour de son torse ferme.
-
- Elle n'adviendra pas, promis-je. On se battra pour ça. On aura le dessus sur le destin.
Il secoua la tête, mais pour ma part je m'endormis assez vite : j'étais épuisée, et je crus dormir une éternité. Pourtant le lendemain le réveil fut difficile.
J'étais seule dans le lit. Étonnée je voulus prendre mon multi-tâches pour appeler Liam et savoir où il était, mais je me rappelai qu'il ne fonctionnait plus. Je passai un bustier pour aller voir Gareth et l'enfer me saisit. La porte était ouverte. On hurlait à l'intérieur. On me fit me pousser pour sortir la civière. Les yeux écarquillés je saisis le bras de Saphir qui la suivait, l'air glacial. Je l'interrogeai du regard et il m'informa simplement :
-
- C'est Gareth. Je te tiens au courant pour la suite.