Centaure d'un dieu, tous les articles.
Je ne sentais plus mon poitrail ni la gauche de ma croupe.
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- Non non non non, m'asséna le Guerrier, tu regardes devant toi et tu réponds à ma question, allez !
Je grommelai quelque chose. Soudain je n'y voyais plus très clair.
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- Vais tomber, murmurai-je.
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- Maman, hurla Liam, et le hurlement me fit sursauter. Papa va arriver, allez parle-moi, s'il te plaît.
Je n'avais pas l'habitude de l'entendre paniquer ou supplier. Cela lui allait mal. Sa voix très grave prenait des... qu'est ce que je disais, moi ?
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- Aliénor, donne-moi ta main gauche, ordonna-t-il.
Je la levai avec plus de facilité que j'avais cru. Je trottais toujours. Est-ce que les chevaux continuaient à courir alors qu'ils n'étaient déjà plus, comme les poules ? Il serrait ma main et me tractait ! Compris-je. Certes je ne pouvais pas me laisser choir, car il n'aurait pas pu me traîner, j'étais trop lourde, mais il (Liane, en réalité) allégeait beaucoup mes mouvements. Des étincelles dansèrent encore un peu plus nombreuses devant mes yeux et je compris qu'il avait raison : je devais parler ou je m'évanouirais. L'image de la créature qui m'avait laissée lui enlever le glaive me vint à l'esprit dès que je cherchai un sujet de conversation, mais je l'écartai en comprenant que ce n'était pas bon d'y penser à cet instant.
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- Bon tu vas répondre à mes questions, lâchai-je d'un timbre pâteux : pourquoi ta mère est elle aussi... Enfin tu vois.
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- Euh, paniqua-t-il pour trouver une réponse courte, elle est fainéante, voilà tout. Comment était ta mère ?
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- Gneumf...
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- Aliénor, comment était-elle ?
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- Jolie... Plus que... Moi... Mon Dieu, je vais m'endormi...
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- C'est moi, le seul Dieu à la ronde, alors cesse de m'appeler, je suis déjà là. Allez, euh, et ton petit ami ? Aliénor !
J'avais trébuché, et s'il ne m'avait pas tenue, je serais tombée. Mais je ne pouvais plus bouger.
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- En avant, cria-t-il, allez !
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- Suis... désolée..
Je n'y voyais plus rien. Je sentis mes jambes se dérober sous moi. J'entendis encore le Guerrier se battre au dessus de moi, et la dernière chose que je sentis fut une tête que me tombait dessus.
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- Bonjour, ma belle, murmura Gareth d'une voix très douce.
Je clignai des yeux. Un élancement me fit gémir.
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- J'ai atrocement mal à la tête, gémis-je.
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- C'est parce qu'on t'a enlevé ta perfusion depuis une demi heure. Tu commençais à revenir à toi.
Je quittai son visage des yeux pour regarder autour de moi. En buvant le contenu du verre qu'il me tendit, infect, au demeurant, je constatai que j'étais dans une salle toute blanche, sans aucun artifice.
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- C'est l'infirmerie du palais ? M'étonnai-je.
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- C'est celle du vaisseau, me corrigea-t-il.