Centaure d'un dieu, tous les articles.
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- Vous vous rappelez la mort de Liane ?
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- Évidemment, lâcha Gareth avec impatience.
On eut dit qu'il avait hâte que son père le laisse plonger de nouveau dans son état amorphe.
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- Qu'est-ce que je vous avais dit ? Les interrogea-t-il.
Le silence lui répondit alors il s'accroupit devant le prince. En fait à présent Liam était plus secoué par la tristesse de son aîné que par la sienne propre, de celle-ci le guerrier aurait pu se relever plus rapidement, sans évidemment s'en être débarrassé tout à fait.
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- Répondez-moi, ordonna fermement Safir, mais il s'adressait surtout à son premier né, ayant glissé un doigt sous son menton pour le forcer à le regarder.
Le Guerrier repoussa sa frange sur des yeux à l'éclat adorable. Je m'ébrouai, déplorant que l'amour me rendît idiote.
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- Que, commença Gareth, las, la vie continuait selon son cours préécrit, que nous avions d'autres choses à faire sur ce monde, et sans doute d'autres choses aussi idiotes dont je ne me souviens plus.
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- Avais-je donc tort ? Demanda tout aussi fermement son père.
Allez savoir pourquoi, l'attente qui suivit me glaça de peur. Sans doute craignais-je de ne jamais me remettre de voir le prince considérer que la vie n'en valait plus la peine. J'aimais profondément Gareth, compris-je. Cela ne fit rien pour interrompre le tremblement qui s'était emparé de mon corps, à présent que Liam avait fait cesser mon hoquet.
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- Non, lâcha le prince, pas à l'époque. A présent, oui, tu aurais tort de me le répéter. J'ai fait tout ce que j'avais à faire. Il ne me reste plus qu'à attendre la mort, maintenant.
Mon cœur s'affola. J'y portai une main, m'ébrouai pour que ça s'arrête, mais rien n'y fit, ma poitrine était le théâtre d'une folie dont personne ne s'apercevait. Je me forçai toutefois au silence.
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- Arrête, demanda gentiment Liam, tu vas dire des choses que tu regretteras.
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- Si tu disais vrai, rappela Safir, tu ne serait déjà plus. Il n'y a que ta mère qui reste en étant inutile.
Son hurlement par delà les cloisons ne fit pas rire le prince, pour une fois. Je ne souris pas non plus. Je venais de comprendre que les dieux ne restaient vivants que s'ils avaient une mission. Les paroles de Safir n'étaient pas imagées, au début de cette conversation. Je me laissai lentement choir sur les genoux, afin de ne pas me faire mal lorsque mon étourdissement, que je sentais tout proche, deviendrait plus sérieux.
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- Ce monde a encore besoin de toi, conclut le Dieu.
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- Mais je n'ai plus envie de...
Pour une raison que j'ignorais il ne put pas finir sa phrase. Son père lui sourit et passa une main dans ses cheveux sombres, alors que Liam lui serrait l'épaule, et j'eus le sentiment qu'on me cachait quelque chose. Mais ce n'était pas le moment de me faire remarquer.
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- Les gens qui ont besoin de toi sont ceux-là même que tu aimes, souffla son père. Tu sauras remonter la pente, pour eux. Tu leur manqueras, quand tu ne seras plus, et ce sera réciproque. A ta place je ferais en sorte que ce ne fut pas déjà le cas. Joyce aura profité jusqu'au dernier moment. Tu as encore des bonheurs devant toi, imite-le en cela.