Centaure d'un dieu, tous les articles.
Un long silence s'ensuivit, pendant lequel je me sentis mal à l'aise. Quelles morts le besoin d'enfants signifiait-il encore ? Qui périssait après le prince, dans la prophétie ? Le ventre noué, je décidai une fois encore que je ne laisserait pas les choses se faire sans me battre. Les yeux dans le vide je vis tout un groupe sortir épuisé de la salle de bal improvisée.
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- Vous devriez les suivre, les enfants, dit le père de Liam en suivant mon regard. Demain vous avez du pain sur la planche. C'est à neuf heures que tu as rendez-vous avec les informaticiens, Aliénor, car il faut que le soir ils aient la solution, pour que vous puissiez partir vers les champs au plus vite, les réserves ne sont pas intarissables.
Je me hâtai de chasser de mon esprit le souvenir de l'expédition du jour qui s'achevait. Quelle horreur ! Normalement, me félicitai-je, je n'aurais pas à réitérer l'expérience avant quelques jours.
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- Il ne faut pas vous inquiéter, indiquai-je, il y encore beaucoup de marchandises dans les magasins, et il existe de nombreux magasins ici.
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- Certes, conclut-il. Nous en tous cas nous nous retirons. Bonne nuit, les enfants, que votre repos soit serein.
Nous remerciâmes et retournâmes ce vœu avant de nous diriger nous aussi vers les ascenseurs. Là, je demeurai dans mes sombres pensées, le regard dans le vague. Arrivés en haut il me suivit dans mes appartements et ce seul fait me sortit de mes pensées, provoquant en moi une courte vague de stress. J'étais devant, j'avais l'intention de lui proposer de quoi boire. Ensuite, je lui aurais expliqué clairement que nous ne nous unirions jamais, même si cette seule pensée me rendait d'une tristesse inattendue. La prophétie était puissante et ne me faciliterait pas les choses. J'ouvris le petit réfrigérateur, en sortant quelques boissons, puis interrogeai le dieu en les désignant d'un geste vague :
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- Qu'est-ce que tu veux, Liam ?
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- Toi, répliqua-t-il simplement.
Pourtant il se servit lui-même un verre et en buvant par courtes gorgées nous nous étudiâmes aussi nerveux l'un que l'autre. Enfin lorsqu'il posa son verre encore à moitié plein et qu'il se leva pour fondre lentement sur moi mon estomac bondit aussitôt.
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- Liam, l'informai-je, nous ne nous unirons jamais. Pour Gareth.
J'avais voulu faire vite, pour ne pas me laisser le temps de reculer, ni à lui, cela d'argumenter. Mais je n'avais pas prévu ceci : il approuva de la tête, docilement. Je l'étudiai de près, mon cœur battant dans ma gorge, mon corps tendu comme une corde. À quelques centimètres de sa pomme d'Adam, je discernai son pouls affolé. J'essayai de respirer lentement, pour me calmer. Je crus que je finirais pas me trouver mal, ainsi tendue dans les moindres recoins de mon être. Mais cela ne se produisit jamais. Peut-être à tort, je me persuadai que la prophétie ne me laisserait pas cette chance.
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- Tu devrais aller dans ta propre chambre, proposai-je. Nous allons faire une bêtise.
Il me fixa, du moins je le supposai, puisque son regard demeurait occulté par sa frange épaisse. Je voulais voir ses yeux, pour déterminer ce qu'il ressentait. Je ne voulais pas lui faire de mal. Pour cela, je devais connaître son état d'esprit pour y pallier, le cas échéant.