Le vent dehors changea de sens, même si lui seul put en avoir conscience ainsi peut-être qu'Uriel. Mais celui-ci ne sembla pas y prêter attention, ce que l'albinos pouvait bien comprendre. Cette bonne femme lui avait un peu changé les idées.
A présent, il comprenait pourquoi elle. Elle avait quelque chose d'exceptionnel. En l'occurrence, s'il en croyait la façon dont son ami l'avait toujours dépeinte, elle était en train de se métamorphoser. Elle lui fit signe de s'exécuter, que ce n'étaient pas des paroles en l'air. Une blonde descendit les escaliers, alors il se demanda combien de fichus humains Uriel avait prévenus alors que seulement deux jours auparavant, seule Clio était au courant. Il alla se déchausser près de la porte en soupirant sans retenue.
Lison se glissa près de sa petite amie, elles se serrèrent fort. Dès son arrivée, peu après l'appel de Clio, elle avait été sommée d'aller prendre une bonne douche, cette dernière sachant qu'elle se sentait toujours mieux, juste après. Avec sa douceur habituelle, elle rejoignit Hiléria pour la saluer. Celle-ci la serra elle aussi dans ses bras, tant Lison paraissait attristée par la nouvelle qu'elle-même appréhendait mal.
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- Moi je dis que c'est l'une de vous trois qui a la pierre de lune, gronda Guénaël, attirant à lui trois regards outrés ou atterrés selon la femme qui le lui adressa.
Il pleuvait des cordes depuis le matin. Un éclair illumina la pièce lorsqu'il prononça ces accusations, produisant une impression dramatique qui termina de courroucer la maîtresse de maison qui se demandait si tout cela était bien réel.
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- Calme-toi, lui proposa le principal intéressé. Tu vas faire foudroyer la maison (les lorialets avaient de léger talents de tempestiaires). Tu veux prouver mon inutilité chronique en amenant un juge à me condamner au remboursement ?
La brune aux yeux sombres avança le menton, il lui semblait que s'ils restaient tous si sérieux, cela signifiait qu'il ne s'agissait pas d'un simple trait d'humour, à propos du temps qu'il faisait. Lorsque l'on sonna à la porte, un silence plana alors que colérique, elle commença aussitôt à grogner :
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- Uriel, si jamais tu as encore parmi tes proches un autre crétin de son acabit, parlant comme un charretier... ce n'est pas quelqu'un que tu t'attends à voir débarquer, se reprit-elle vu son signe de tête à lui. Mieux, se risqua-t-elle, la personne est entrée parce que c'était ouvert et ce n'est pas quelqu'un qui va apprécier de me voir aussi hystérique. C'est Mallaurie, lui sourit-elle lorsqu'elle se tourna vers lui qui effectivement venait d'entrer en quittant ses chaussures.
Un lent sourire lui monta aux lèvres alors qu'il la dévisageait, ce qui le fit sourire aussi. Elle le rejoignit, puis ce qu'ils firent devint inaudible à ceux qui restèrent dans le salon. Lison regretta qu'elle fût partie, car elle était le seul élément rassurant dont elle disposait dans cette maison, puisque Clio n'allait pas bien et que les deux autres n'étaient pas humains.
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- Tu parles, t'es morte, souligna Guénaël lorsqu'il croisa son regard égaré.
Sa petite amie s'avança dans le canapé pour pouvoir tendre le cou vers lui afin de lui cracher au visage :
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- Ho, tu me reconnais pas, crétin ? Rappelle-toi, je suis la première humaine à qui t'aies jamais parlé de ce qui te sert de cœur. Ben je te présente la femme que j'aime, alors si tu lui fais pas une révérence, ben essaie au moins de lui parler gentiment.