Le lendemain un regard sur le calendrier m’appris que nous étions déjà en plein mois de février, dans moins d’un mois ça serait l’anniversaire de mon grand frère. En 25 ans je n’avais jamais manqué un seul de ses anniversaires. Même lorsque j’étais loin de lui je prenais le train pour aller le voir, j’étais allée jusqu’en Angleterre pour le lui fêter l’année où il s’était découvert un passion pour ce pays (il en était vite revenu d’ailleurs). Mais cette année je ne serais pas à ses cotés. Pour la première fois la tradition sera rompue. Pire, cette année il sabrera le champagne croyant sa petite sœur morte. Alors que je passais devant une carterie j’eus une idée folle. J’étais seule, les autres m’avaient abandonnée, en contrepartie j’étais libre, je pouvais faire ce que je souhaitais. J’errai dans les rayons cherchant une carte écrite en Français, il me fallut plusieurs minutes avant d’en trouver une à ma convenance. Sur un coup de tête je l’achetai et écrivis à l’intérieur « cette année encore je pense à toi ». C’était sobre, il ne serait certainement pas de qui ça venait. C’était sans danger me persuadai-je et je pourrais lui expliquer lorsque je renaîtrais au procès. Évidement je ne pensai pas au fait que mon frère reconnaîtrait mon écriture. Ni au cachet de la poste où figurait le nom de la ville indiquant ma localisation. Cela ne manquera pas d’interpeller Guenael, il ne connaissait personne au Canada, à part bien sûr sa sœur qui était morte. Non à tout cela je n’y pensai pas et je postai ma lettre sachant qu‘elle sera à l‘heure. A cette idée je fus de bonne humeur toute la journée, ce fut sans doute pour cela que j’acceptais, légère, l’invitation d’Angélique à la soirée de sa cousine. Comme d’habitude à 20 Heure Tiff sonna à ma porte, nous engageâmes alors un passionnant débat sur le dernier film que nous avions vu. J’aimai bien ces heures de chemin qui me laissaient libre en sa compagnie, la jeune fille était enthousiaste et se révélait souvent d’une intelligence lumineuse, malheureusement ce talent caché ne se dévoilait qu’en tête à tête. Nous étions peu nombreux à la soirée, seulement sept en nous comptant. Les deux autres étaient deux garçons de l’amphi aussi, une soirée droit s‘annonçait, je connaissais bien le phénomène, quand des juristes se retrouvent entre eux ils parlent fatalement de droit et ça donne des soirées passionnantes sur le thème de la responsabilité administrative ou de la dernière réforme en droit pénal. Je suppose que ça fait cela dés que les personnes réunies ont un point en commun. Mais ce soir là je me trompai, la maîtresse de maison veillait attentivement à ce qu’aucun sujet de cours ne soit abordé. Rassemblés autour d’un bon repas je passai finalement du bon temps, Angélique avait beaucoup d’esprit et brillait en société, elle savait dynamiser les soirées. Il fut tard lorsque nous rentrâmes, trop en colère contre moi pour adresser la parole à la pauvre Tiffanie. Lorsque Angélique avait proposé de faire un action ou vérité, j’avais bien flairé le piége, mais non je m’y étais engouffrée. Encore une fois mon orgueil m’avait perdu, j’avais dû mentir !