Lorsque j'ouvris les yeux il était tôt, le matin se levait tout juste et les dormeurs de la nuit ronflaient encore. Je me remis à pleurer quand les remarques du padre me revinrent à l’esprit. Je pleure trop et là dans le cas présent ça ne sert à rien. Essayons d’analyser la situation clairement. Je suis en Roumanie au moyen age. En fouillant dans ma mémoire je me souvins de quelques informations mais rien d’important et surtout rien qui concerne la Roumanie. Ce n’est pas au programme ce qui est une grave lacune. La seule chose qui me vienne à l’esprit au sujet de ce pays c’est que c’est celui de Dracula, cela ne m’avance pas beaucoup, c‘est du folklore. Bon, la situation n’est pas si mauvaise. J’ai un travail et avec ce que je vais gagner je vais pouvoir me trouver un toit le temps de découvrir une solution. C’est moi qui me suis envoyée là, je peux sûrement repartir de la même manière. Le tout c‘est de ne pas faire n‘importe quoi. Je vais prendre le temps de réfléchir à la bonne formule, la prochaine fois je pourrais être moins chanceuse et tomber en pleine guerre. Au loin le coq chantait et je sentais que la maison autour de moi s’éveiller. Il était temps d’aller remercier mes hôtes. En attendant d’avoir un toit j’allais devoir investir dans une tenue plus adaptée, le regard étonné que posa sur moi le reste de la famille prouvait mon étrangeté.
- Bonjour tout le monde dis-je intimidée. Merci pour hier, je n’allais pas bien, ça va mieux maintenant.
- Mia je te présente ma mère Estale, mon frère Paul, ma sœur Louise et il est inutile que je te présente mon père.
- Lucien, me dit l’intéressé.
Ils étaient tous très grands, d'un roux très profond, presque sang avec des yeux marrons sauf Tristan qui était brun avec des reflet bleus faisant ressortir ses yeux couleur nuit. Étonnamment, je me sentis chez moi. Pourtant une ambiance malsaine envahissait l’air, je m’attardai sur leurs auras, rouge du plus jeune au plus vieux, d’un rouge profond, riche, je n’avais jamais vu ça. Je ne comprenais pas comment c’était possible.  Ils ne ressemblaient pourtant pas à une famille de tueurs, et même si c‘était le cas alors j‘ai découvert tout un village d‘assassins car tous les habitants étaient habillés de cette couleur. Les conditions de vie plus dures poussaient certainement les Hommes à des actes plus radicaux. Il était impossible d'adapter ma vision du monde moderne à leur vie âpre. J'allai devoir renoncer à ce pouvoir. Ce n‘est pas très grave pour ce que je m‘en sers habituellement. Je souris :
- Enchantée, je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Je viens à quelle heure pour le travail ?
- Mange quelque chose, m’ordonna la mère.
Je restai interdite devant le ton autoritaire, puis Tristan me sourit doucement en libérant la place à coté de lui.
- Il ne faut pas lui en vouloir, elle se fait du souci pour ma sœur.
Je regardai la sœur en question, elle allait très bien, je ne perçus pas d'inquiétude.
- C’est à cause des garçons ou parce qu’elle a mauvais caractère ?
Son regard fut étonné puis amusé.
- Non, je ne parle pas d'elle mais de mon autre sœur, cependant Louise à effectivement mauvais caractère. Son sourire s’élargit. Pour les garçons, vue sa réputation, mes parents n‘ont pas à se tourmenter, ils ont tous peur d‘elle.
Je ne pus que confirmer quand l’adolescente me lança d’un ton mauvais :
- Tu es qui toi ? et tu viens d’où ?
- Louise, la reprit sa mère.
- Quoi ? c’est vrai, on ne la connaît pas, si ça se trouve elle est dangereuse.
- Hum, c’est plus elle qui a à craindre de nous que le contraire.

Divin témoin 54