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La louve et le prince, résumé.

Levant les bras, mes mains se refermèrent sur le bois de mes épées. Mais le doute me prit. Me collant à Prince, je lui demandai, paniquée :

• - Comment suis-je censée savoir m'en servir ?

Il me prit dans ses bras et le visage très bas pour pouvoir appuyer son front au mien, m'expliqua tout doucement :

• - Comme un oiseau sait se servir de ses ailes. Laisse parler ton instinct, comme quand tu te changes en loup. Tout se passera bien, Tarah.

Déjà le couple arrivait d'un bon pas qui trahissait son énervement. Observer le loup garou me donna un pincement au cœur : sa démarche rendait sa nature criante à mes yeux. La proximité avec ceux de mon espèce me sembla soudain comme une part de mon être qui m'avait été ôtée trop jeune. Je me forçai à jeter un œil à la vampire, dont la grâce bien supérieure rappelait celle de mon Prince.

• - Installez-vous dans la chambre jaune, nous invita Kenzo d'un ton faussement accueillant.

Derrière lui Callista le fusillait du regard. Me souvenant de leur altercation à ce sujet, je repris un peu d'assurance dans la tâche qui m'avait visiblement menée là.

• - Ensuite rejoignez-moi aux portes, dit elle, j'aimerais profiter de ce jour de retrouvailles pour sortir faire un tour. A moins que cela ne vous dise rien ?

• - Je viens avec vous, dit Kenzo, tandis que nous acceptions avec plaisir, surtout parce que nous avions à parler à la vampire.

• Hors de question, gronda-t-elle, hier encore tu m'as bien fait comprendre que tu détestes te promener. Désormais.

Je savais moi-même que l'immortelle avait raison de souligner combien c'était nouveau. Après tout j'avais été moi-même brièvement mariée à ce lycan. Ils se jaugèrent un moment puis il finit par déclarer faussement jovial :

• - Tu as mal compris, mon ange...

• - « Ne comprendras-tu jamais que je hais viscéralement marcher sans but comme un simple d'esprit ?! », ce sont les mots que tu as toi-même employés il y a très exactement vingt-quatre heures – à une ou deux heures près-. Qu'est-ce que je n'aurais pas compris dans cette phrase, Kenzo ?

Il abdiqua en un mouvement coléreux. Callista nous mena dehors à grandes enjambées, le visage fermé, ce qui me paraissait de particulièrement mauvais augure, connaissant un peu l'immortelle et sachant combien elle était expressive à l'accoutumée. Une fois quelques mètres mis entre le château et nous, alors que nous n'avions encore rien abordé, elle mentionna très haut, sans prendre la peine de se retourner.

• - Charles, mon bon, dites au roi que vous avez perdu notre piste, voulez-vous ?

Sonnée je me retournai pour voir un loup sortir d'un buisson et faire sagement demi tour. Callista huma l'air avant de déclarer, heureuse :

• - Maintenant nous sommes seuls. Racontez-moi tout.

Prince échangea avec elle quelques mots de connivence. Le vampire avait bien senti la présence du lycan, mais il avait tout simplement confiance en la vampire aux côtés de laquelle il avait passé des milliers d'années. De mon côté, encore jeune, je devais avouer ne pas avoir fait attention. Bons conteurs nous nous livrâmes ensuite à elle, confiants dans sa discrétion.

• - Alors tu as des épées dans le dos ? Conclut-elle.

D'un ample mouvement je croisai les bras derrière moi, mes mains trouvèrent avec un naturel désarmant les deux armes blanches, dont les poignées de bois se perdaient dans mes cheveux clairs. Je les sortis de leurs fourreaux avant de les planter dans la terre devant moi dans un sourire de plaisir, allez savoir pourquoi.

• Mais ce n'est pas lourd à porter ? Fais voir comment tu attaches les fourreaux, je n'ai rien remarqué, pourtant ta robe est assez près du corps ! S'étonna-t-elle avec enthousiasme.

L'immortelle aimait visiblement les armes, ce qui n'avait rien d'étonnant, d'après ce que Prince m'avait dit de la façon dont elle avait toujours survécu en toutes circonstances. J'hésitai pourtant un instant, mais Prince m'encouragea du regard. Je me tournai et soulevai mon épaisse chevelure.

• - Fantastique, susurra-t-elle.

• - Ce qui l'est moins, Callista, c'est que Kenzo n'est plus lui même, ces jours ci, nota Prince.

La louve et le Prince 141.