La louve et le prince, résumé.

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• - Nous y allons seuls, Tarah, ce sera plus facile, mais sois certaine que nous ferons tout ce que nous pourrons.

Deux larmes coulèrent sur mes joues tandis que je hochais la tête. Chose incroyable, je compris que l'entreprise fonctionnait aussi la nuit. J'avais du mal à respirer, maintenant. Des employés étaient sortis, ayant remarqué la présence d'intrus sur le site. Callista discutait avec eux. Lorsque Prince arriva il ne prit pas cette peine, mais courut à l'intérieur. Il parut un instant voler au-dessus du sol, car de sa silhouette on distinguait à peine plus que le déplacement d'air qui faisait vibrer la réalité autour de lui. Le bruit s'intensifia à l'intérieur, laissant penser que des chevaux se rebellaient contre leur sort. Je me penchai pour rendre mon repas mais rien ne vint, à mon plus grand dam. Mon corps en avait vu d'autres. Enfin le raffut des animaux fut couvert par les éclats de voix, car ces voix-là n'étaient pas humaines. Callista se débarrassa de ses interlocuteurs puis s'échappa à l'intérieur.

Maintenant je pleurais à chaudes larmes. Je ne pus bientôt plus supporter d'attente dans mon petit corps frêle. Pour un lycanthrope, la peur panique ne pouvait mener qu'à une chose précise : la métamorphose. Changée en louve je commençai à gratter le sol pour rentrer en passant sous le portail. Je n'entendais plus rien, concentrée sur la terre. J'ignore combien de temps je mis, mais je finis par entrer, chancelante. Ma vue était trouble à cause de l'effort. Qu'est-ce que c'était que cette grande tache blanche ? Le nez en l'air, je sentis mes instincts me pousser à la violence. Que signifiaient ces éclats de voix ? La tâche blanche me fonçait dessus ! Tétanisée je me ramassai sur moi-même, prête à lui sauter à la gorge. Mais lorsque le bolide s'arrêta devant moi, son odeur me retint, d'abord sans que je comprenne pourquoi. Puis je reconnus sa nature – alors le monstre céda la place dans mon esprit épuisé. Rubis pencha la tête sur la boule de poils blonds que j'étais devenue. Le soulagement me donna un coup au cœur mais le temps de redevenir femme, je sus que ce n'était pas le moment de s'évanouir.

• - Nous n'avons pas les papiers de l'animal, m'expliqua Prince, donc ils viennent le récupérer.

Puis il me dépassa pour aider Callista à déchirer le grillage. Ils tiraient, élargissant l'ouverture. Mais les employés seraient sur nous dans quelques secondes. Je redevins louve, mes poils se hérissant aussitôt.

• - Roarrrrrrrrrr.

C'était moi qui grondais, lèvres retroussées, crocs en avant, entre eux et Rubis. Ils hésitèrent.

• - Rubis ! Cria Prince.

Miracle des miracles, l'animal se retourna pour le rejoindre dehors. Je les suivis à reculons. Puis soudain et d'un même mouvement, je me retournai pour bondir sur le dos de l'animal. J'étais obligée de me retenir avec les griffes et Rubis hennit d'effroi mais chose incroyable de nouveau, il ne se cabra pas et continua à galoper. Quelques dizaines de mètres plus loin, je sautai au sol puis me changeai bien vite en moi même, mais mon étalon continua sa course. Seul. Dans le mauvais sens.

• - Rubis ! Hurlai-je.

Il stoppa. Ensuite il se retourna. J'avançai une main et sans plus de réflexion mon étalon me revint. J'enlaçai son encolure. Sans perdre davantage de temps je l'enfourchai ; depuis la voiture les vampires m'enjoignirent de les suivre, qu'ils n'iraient pas vite.

La chevauchée fut d'une longueur épuisante après les efforts déjà fournis, mais j'y pris un plaisir sans bornes. Certes les passagers des voitures que l'on croisa s'étonnèrent de rencontrer une blonde nue à cru sur son cheval albinos mais peu m'importait réellement.

Lorsque nous entrâmes au château, Callista avertit à tous les gardes qu'elle trouvait sur sa route que si l'étalon aux yeux rouges ou quoi que ce fût qui nous appartinsse disparaissait, elle se chargerait personnellement d'en faire les proies de la prochaine pleine lune. Elle ajouta que si le roi était à l'origine de ces méfaits, elle se chargerait d'ôter la vie des gardes qui l'avaient assisté au lieu de venir l'avertir, parole de vampire. Elle prononçait la fin en un sifflement animal, les yeux rouges, et on voyait qu'elle se faisait bien comprendre.

La louve et le Prince 134.