La louve et le prince, résumé.
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Nous nous observâmes simplement et lorsque nous considérâmes avoir tout vu, nous prîmes une douche en silence, avant de retourner auprès des autres.
Claire parlait comme une pipelette, mais lorsque nous arrivâmes au salon elle avait terminé, elle en était à notre arrivée et à son débat avec le Spare engendré par celle ci. Je m'apprêtais à lui enjoindre de ralentir la cadence, parce qu'elle paraissait trop pâle. Mais elle ne m'en laissa pas le temps. Sans préambule elle nous annonça :
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- Les trois autres sont des triplés. Ils sont descendus dans un groupe de musique, qui se nomme les Hanino, parce que leurs prénoms c'est Hassan, Nicolaï, et Nolhanne. En ce moment ils sont à Bayonne.
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- Parfait, souris-je, allons-y.
Un instant plus tard, j'étais sur mes pieds, tandis que tout le monde m'observait comme si j'avais mangé Tarah et que j'étais une usurpatrice. Il faudrait vous y faire, vous tous, les Dieux ne m'avaient pas seulement ajouté des épées. Elles m'avaient changée, c'était certain, mais j'avais le sentiment que je m'étais également adaptée de moi-même au tournant que les Dieux avaient imprimé à ma vie. En somme je me sentais plus lycanthrope que jamais, avec de la violence plein le corps et une puissance intrinsèque qui me démangeait.
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- Vous avez de l'argent ? Questionna Callista. Non, hein ? Ne bougez pas.
Elle revint avec une liasse de billets de deux cent euros en nous faisant signe de ne pas nous en faire. Nous dîmes au revoir puis enfourchâmes nos montures avec des sacoches pleines de vêtements et d'eau, la tête pleine d'indications sur la chemin à prendre. Je lançai Rubis à travers champs avec un plaisir non dissimulé, pour lui comme pour moi. Il fallait prendre le Sud, tout droit, c'était facile. Quatre heures plus tard Prince hurla dans mon dos. Il avait dû passer au trot. Je me mis à sa hauteur et confirmai :
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- On va s'arrêter dormir. Tu veux qu'on cherche un hôtel ?
Lui n'avait pas l'air fatigué. Il paraissait davantage craindre que je tombe de selle, comme un automate qui tombe subitement en panne de piles.
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- Tu veux te laver les dents ce soir et demain matin ? Alors je crains que oui, répliqua-t-il d'un ton autoritaire.
On s'habitue vite au luxe. Nous récupérâmes la route et bien vite trouvâmes un motel. Nous attachâmes les animaux devant la fenêtre qui resta ouverte.
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- Vous criez s'il y a un problème, leur ordonnai-je faussement.
Rubis souffla bruyamment des naseaux mais je n'étais pas dupe, il n'avait rien compris. Après un agréable passage par la salle de bain, je me coulai contre mon vampire glacé, qui referma ses bras autour de moi pour la nuit, serein.
A la première heure, c'est-à-dire midi, nous repartîmes en forme. Ben quoi ? Nous nous étions couchés à trois heures du matin, tout de même ! Nous cheminâmes toute la journée plein sud et lorsque nous nous assîmes au restaurant du motel, nous savions que le lendemain nous serions enfin sur place.
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- C'est quoi le plan ? S'inquiéta Prince d'un air concentré. On va au concert et on attire leur attention ?
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- Exactement, en sachant qu'on devra acheter les places aux revendeurs de dernière minute, s'il y en a. Nous parvenons à entrer dans leur vie et je les empale séparément à la première occasion.
Il cassa le rythme de la conversation, prolongeant le silence. Je m'attendis aussitôt aux inquiétudes habituelles. Mais elles ne vinrent pas cette fois.
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- Ça a l'air de te plaire. L'adrénaline.
Je me reculai dans ma chaise puis fis oui du menton. La connivence, identifiai-je l'éclat dans ses yeux jaunes.
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- Même physiquement, tu as changé, reprit-il en me dévorant de son regard perçant. Tu ne ressembles plus à la frêle poupée blonde, tu ressembles à l'enfant dangereuse.
Visiblement, j'avais l'air plutôt malsain, si j'en croyais le ton avec lequel il avait parlé. Non, arguai-je en mon for intérieur. Les Dieux m'avaient créée pour ce que je vivais actuellement. C'était impossible.
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- Même pour toi, vampire ? Le cherchai-je, en souvenir de tout ce qu'il avait dit m'avoir fait subir.
Se rappelait-il à mon contact qu'il n'était pas seulement un mort-vivant, mais aussi l'oracle des Dieux ? Tant pis pour lui, songeai-je en moi-même, cynique.
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- Ça et l'érotisme, oui. Tu as réfléchi à la façon d'entrer dans leur vie ? Questionna-t-il sans transition.
Je le pris comme une façon de signaler que c'était sans importance, ce qui me convenait parfaitement.