La louve et le prince, tous les articles.
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- Laisse-moi partir, grognai-je. Je ne vais pas m'éterniser. Je te retrouve ici dans quelques heures.
Je vis plusieurs idées se succéder sous son crâne. Je craignis qu'il veuille venir dire au revoir à la musicienne. Finalement il avala sa salive – de façon tout à fait inutile. Sa pomme d'Adam se mut de façon tout à fait dramatique. Je fronçai encore davantage mes blonds sourcils. Il fallait laisser mes cheveux, à présent. Il tenta d'approcher mon visage du mien. Je voulus me détourner, mais il me paraissait évident que si j'utilisais mes forces de louve pour m'arracher à sa prise trop étroite, mon cuir chevelu se détacherait de mon crâne à peu près simultanément.
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- Cesse de te débattre, ordonna-t-il d'un ton sec. Ensuite je te laisserai partir.
Je le laissai donc m'embrasser. Ce fut sexy, à défaut d'être quoi que ce soit d'autre. Jusqu'au moment où il me mordit la langue. Dans un cri je voulus reculer, mais ne me laissa pas faire. Il but mon sang pendant un moment, bloquant ma tête d'une main sur mon crâne. Lorsqu'il recula enfin, il prit note des larmes qui dévalaient le long de mes joues. Il écorcha sa main puis me la tendit pour que je boive aussi, afin de guérir ma langue. Ce que je fis, pas plus longtemps que nécessaire. Lorsque je voulus partir, il me laissa enfin me lever. Mais à une vitesse qui ne me permit pas de suivre ses mouvements, il se retrouva entre la porte et moi lorsque je m'apprêtai enfin à l'ouvrir. Il me sembla que j'allais craquer, quoi que cela pût signifier en pratique. Mais il me prit dans ses bras. Je ne l'étreignis pas. Le visage contre son torse, je me détendis pourtant considérablement.
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- Je t'aime, Tarah, affirma-t-il durement.
Puis il s'écarta avant de m'ouvrir la porte. Il me fit signe de partir, ce que je fis sans lui accorder un regard. A mon arrivée, Hassan me sourit tendrement,. Nolhanne et Nicolaï paraissaient mitigés entre le souvenir de la douleur et la nécessité de se montrer raisonnables. Je me postai devant Hassan.
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- Au revoir, murmurai-je.
Ensuite, je ne sus que faire de plus. Quelque-chose comme de l'intimité passa enfin dans son regard. J'enlaçai le chanteur et lui donnai un baiser très, très intime. Enfin je posai un autre baiser sur son torse, puis restai devant lui encore un moment. Il m'embrassa de nouveau.
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- Je t'aime, avouai-je, la gorge nouée par la douleur.
Il me serra dans ses bras. Quelques minutes après, il me proposa de rester me ressourcer un peu avant de partir. Sans savoir de quoi il voulait me parler, j’acquiesçai du menton. Il me souleva pour me poser sur un vaste divan. Puis il s'allongea près de moi, se cala à mes côtés, nous débarrassa de la plupart de nos vêtements.
En réalité nous passâmes des heures simplement allongés là pelotonnés l'un contre l'autre tout à fait chastement, à n'échanger que de sages caresses du bout du doigt ou du plat de la main. Nous ne parlâmes presque pas. Puis je finis par ressentir le besoin de bouger.
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- Je rentre à la maison, affirmai-je, enfin reposée. Prends soin de toi, Hassan.
Il hocha la tête, puis l'éclat de lumière se produisit. Je clignai des yeux, reconnaissant la grotte autour de moi. Le roi de Terra lisait en lustrant le poil d'une panthère noire comme la nuit. Il leva le nez et déclara, l'air tranquille :
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- Les enfants sont de retour, chérie.
Visiblement ils avaient été délivrés de leur châtiment divin. Prince se tenait près de moi. Je vidai mes poumons. Comme le silence s'éternisait, j'annonçai que j'avais besoin de sortir prendre l'air.