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La louve et le prince, résumé.

• - Je ne vous comprends pas, fis-je, les elfes se baladent nus sans soucis, alors pourquoi tant de retenue dès que l'on parle de ce genre de choses ?

Yule me montra les rayons du doigt, l'air éberlué. Je posai le regard autour de moi et vis les mêmes choses que ce que devait contenir un sex shop rue Pigalle. Quel était l'élément qu'il me manquait ?

• - La sagesse des elfes, me souffla Prince comme s'il avait lu dans mes pensées. Ile ne sont pas plus prudes que vous, juste plus sages. C'est une civilisation différente.

Ils me tendirent des ensembles, des ensembles et encore des ensembles et ceux-là ajoutés à ceux que je j'avais choisis, sous oublier les déshabillés et les corsets, me firent passer une éternité à la cabine d'essayage. Tout était coquin sans être dégradant, je pris la plupart des parures qui nous avaient séduits. Yule paya ; au demeurant elle chassa nos énièmes remerciements d'un revers de la main.

Nous prîmes un verre à un café interloqués par son attitude absente, ainsi finit elle par sortir son mobile de son élégante besace. Nous la laissâmes taper son message, mais lorsqu'elle releva les yeux, ce fut de sa propre initiative qu'elle nous confia enfin :

• - J'ai proposé...

La réponse arriva déjà, mais elle termina avant de regarder, tenant visiblement à nous mettre dans la confidence :

• - … J'ai proposé un verre demain soir à Adam, après le travail.
  

• Elle regarda le réponse et son sourire fut immense. Elle lut à haute voix, enjouée et adorable :

• - « Je ne sais pas, là tout de suite je me pince et s'il me reste encore de la peau demain, alors je réfléchirai à cette proposition inattendue. »

• - En plus il est drôle et il ne s'écrase pas comme une pauvre petite chose, notai-je.

Un regard de Prince me traversa de part en part. Il n'était pas noir de jalousie, car la panthère de lune n'était pas un vulgaire être humain. Son coup d'œil avait été froid, comme s'il évaluait sans daigner me mettre en garde, la viabilité de ma mission auprès de lui. Un long frisson me secoua toute entière, que personne ne sembla remarquer. Quelques phrases plus loin, nous rentrâmes à la maison tel un éternel trio. Le dîner avec les parents fut tout aussi aseptisé que le petit déjeuner. On aurait dit que j'avais toujours été avec Prince, que rien n'était plus drôle, plus exceptionnel, plus triste, plus effrayant que la moyenne. Les enfants leur racontèrent les derniers évènements depuis les vacances de Prince et s'ils avaient un air chaleureux, jamais rien ne sembla les atteindre réellement.

Lorsque nous nous mîmes en route vers chez Zéphir et Luna, je ressentis un soulagement immense. Mon Dieu, ils me donnaient la chair de poule ! En tout état de cause, le couple nous accueillit dans la bonne humeur et l'exubérance, surtout par comparaison avec les parents de notre elfique amie. Nous prîmes une boisson chaude pendant que les magiciens répétèrent la formule, affairés mais enthousiastes. Puis nous nous installâmes à la salle de magie, comme nous l'avions fait la veille. Cette fois-ci, Yule resta avec les autres, puisque la dernière fois, sa présence avec nous deux s'était révélée inutile. Nous bûmes la potion infecte tandis que les elfes se mettaient à scander :

- Mon roi, père du Prince, nous t'en prions,

Viens à lui, la reine t'a parlé, nous le savons,

Et t'a convaincu de l'urgence, nous l'espérons,

Mon roi, pour la paix des peuples, réponds-nous,

Pour aider ton fils et sa promise, guide-nous,

Et qu'ainsi triomphe la vie,

Par notre volonté, qu'il en soit ainsi.

Encore et encore, ils récitèrent et récitèrent de nouveau. Finalement, je me sentis soudain aspirée par le vide. Mon hurlement raisonna sur les flancs de la caverne où nous étions déjà venus la veille.

• - Mon enfant, souffla le roi d'une voix surnaturelle à force de profondeur.

Seigneur... C'était un elfe, voilà comment il détenait la magie. Un magicien mince et élégant, comme l'étaient toujours ceux de son espèce. Une créature d'une beauté envoûtante, je comprenais la reine ! Ses cheveux noir jais épais et longs jusqu'à la chute de ses reins étaient d'une abondance rare. Ses traits se révélaient d'une finesse exceptionnelle et ses yeux d'un brun très clair, rappelaient ceux de Kenzo, le roi des loups de mon monde.

• - Père, murmura Prince... Merci d'avoir accepté de nous parler, mon Roi, se ressaisit-il en s'inclinant profondément devant son ainé qui reprit la parole :

• - La reine (il désigna la panthère, qui reposait sur ses genoux) m'a expliqué qu'il s'agit d'une mission divine. Dans ce cas rien ne se refuse. Nous avons toujours fini par nous plier aux volontés des Dieux.

Un silence plana puis Prince demanda d'une voix tremblante :

• - Nous voulons comprendre les origines pour savoir si une erreur a vicié le passé, père.

  La louve et le prince 58.