La louve et le prince, résumé.
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- « Je n'entre pas chez une belle femme tant qu'elle ne le désire pas vraiment. » J'ai eu beau m'en défendre, il n'y avait rien à faire, il n'a pas voulu me suivre. Avant de partir, c'était très bizarre, il a fait ce truc...
Elle effleura ses lèvres d'un doigt.
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- Avec ses lèvres. De telle façon qu'il ne m'a pas embrassée, il ne m'a même pas touchée. Mais maintenant... Je suis sienne.
Mes yeux s'embuèrent tandis que Prince demeurait tendu comme une corde. Yule n'était pas idiote : un vampire aurait pu se comporter exactement comme l'avait fait Adam ce soir-là. Ce qui ne prouvait pas qu'il en était un. Sans compter qu'elle aimait déjà un immortel ; cela n'aurait pas été un problème pour la brune elfe que d'inviter chez elle un charmant damné, même si ce n'était pas idéal. Absence d'âme, refoulement laborieux de l'aspect obscur, exposition aux morsures, à l'hypnose. Les immortels n'étaient pas tous comme l'oracle : ils pouvaient laisser libre cours à tout cela. On ne savait pas où ils voulaient en venir, songeai-je en observant mon aimé glacial réfléchir à Dieu seul savait quoi Diable. Or lorsque l'on le découvrait, il était parfois trop tard, conclus-je en moi-même, en portant la main là où il m'avait mordue sans vergogne. Finalement il fit signe à Yule qu'elle ne s'interrompe pas en si bon chemin, le regard chargé d'une ironie difficile à appréhender pour nous autres. Aussi entama-t-elle le jour d'après, sans se formaliser de sa désagréable attitude inquisitrice.
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- Le lendemain je suis arrivée la bouche en cœur au travail, vous pensez bien. Je suis allée directement à son bureau, j'y avais laissé des dossiers dans cette intention. Comme la veille, le matin nous avons vraiment travaillé, mais les deux heures de l'après midi, nous avons fait semblant. En sortant il a pris sa jument, impatient. Mais je l'ai arrêté : je lui ai dit que moi ce soir j'allais m'adonner à ma propre passion.
Elle fit une pause pour ménager le suspense. J'ignorais de quoi il pouvait bien s'agir. Pendue à ses lèvres, je me contentai de la dévisager jusqu'à ce qu'elle daigne continuer, mais elle n'en eut pas le loisir avant une autre remarque de son presque frère :
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- Tu l'as ramené ici pour qu'il écrive avec toi ? Oui, Yule écrit des romans, m'expliqua-t-il. Des recueils de contes, elle est plus que douée.
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- Largement inspirés de la vie de Prince, confirma-t-elle. Et bien je l'ai mené ici sans rien lui dire, mais arrivé à la porte il s'est arrêté, évidemment. Il a déploré ne pas pouvoir me suivre. Alors j'ai dit peu importe et je lui ai demandé de m'attendre. Je suis allée chercher mon manuscrit, en priant pour qu'il ne s'échappe pas avant mon retour à la porte.
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- C'est un vampire, coupa Prince.
Elle haussa un sourcil, joueuse, ce qui fit virer au vermeille les prunelles d'or de mon immortel.
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- Tu vas vite en besogne, expliqua-t-elle doucement. Les vampires n'existent pas dans ce monde. Tu es le seul que l'on ait jamais connu, or tu tiens cette nature d'une autre planète, Prince. Alors je peux tout à fait croire qu'il en existe et qu'ils se cachent depuis des millénaires, mais cela ne fait qu'un mince début de preuve. Je te promets de me méfier, d'accord, l'oracle ?
Elle l'avait devancé, aussi referma-t-il la bouche et hocha-t-il la tête, il lui faisait finalement confiance. Elle était raisonnable, du reste, comme le commandait son instinct.
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- Alors je l'ai emmené dans un café. D'abord je lui ai lu une histoire que j'avais écrite quelques jours auparavant.
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- Laquelle, questionna Prince ?
Comme il était toujours le héros de sa presque sœur, ce genre de conversations prenait sans doute toujours une dimension très particulière, révélant une complicité intimidante.
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- Celle de la jeune femme au loup gris, sourit elle, récoltant un sourire entendu du vampire, mais discret, car il n'oubliait pas le sujet de la conversation que nous avions ce soir-là.
J'hésitai entre deux solutions : me taire sagement en les laissant partager ce moment d'intimité, comme ils en avaient peu depuis que je partageais leur existence mouvementée, ou bien...
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- Qu'est ce que ça raconte ? Les interrogeai-je bien-sûr.
Je n'étais pas réputée pour choisir les solutions les plus raisonnables.