La louve et le prince, résumé.
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Il eut un sourire sadique, puis sortit vers les lucioles. D'abord je l'attendis, partagée entre frustration, colère, inquiétude... Finalement j'ouvris les yeux, aveuglée par le jour. Je m'assis, ébahie de réaliser que je m'étais endormie.
On me regardait. Je le sentais, entendons-nous bien. Je me tournai vers la baie vitrée, abandonnant la vision rassurante de la porte close. C'était Prince qui me regardait. Je voulus parler mais seule une bouillie sonore franchit le seuil de mes lèvres tremblantes. Je me raclai la gorge et parvins à prononcer dans l'ordre toutes les lettres :
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- Bonjour, Prince. As-tu bien dormi ?
Il sourit, hautain comme autrefois, avant cette nuit-là dont visiblement il ne restait plus rien.
Il eut un signe de tête vers la salle de bain où je me dirigeai. Je rêvai de bougies, de parfums et autres attentions, mais n'en trouvai aucune. Soupirant, je jugeai que cette journée ne serait pas tellement meilleure que la précédente, puisque les plaies ouvertes ne seraient pas pansées. Le vampire s'assit tel un chat en me regardant petit déjeuner, sans daigner m'accompagner, ce dont il était pourtant tout à fait capable. Il parla d'un timbre neutre, maintenant une distance entre nous qui me noua le ventre. Je ne tardai pas à pousser mon assiette. Il expliqua qu'à présent, il restait à prévenir nos proches de la décision des gnomes, tandis que Yule avertissait le Palais, qui préviendrait le peuple tandis que nous annoncerions la nouvelle aux autres peuples de Terra. Ces quelques phrases prononcées, il demanda si ce n'était bon.
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- Tes tartines, expliqua-t-il parce que je ne comprenais pas.
Je lui souris, tandis qu'un air satisfait de fauve piégeant une souris flotta sur son visage.
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- Pas tellement, répliquai-je, tranchante. Pas plus que le sentiment que tu es tellement déterminé de me rester inaccessible, le chat.
La surprise produite lui plut bien, il leva encore plus haut le menton, comme s'il était fier de moi. Il quitta son fauteuil, fit le tour de la table, puis fondit sur mon corps contracté.
Je m'étirai avec difficulté. Cela sentait le sang, songeai-je alors qu'une alarme s'allumait à mon esprit embrumé.
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- C'était bon, lâcha Prince tout près de mon oreille.
Contrariée, je gagnai la salle de bain pour me laver de ce qu'il m'avait fait. Un léger ricanement accompagna mes pas, emplis du plaisir de m'avoir possédée sous ma propre demande, mais bien différemment de ce que j'avais désiré.
Je passai de longues minutes dans l'eau tiède, mais il finit par venir me chercher. Il fit signe de sortir du bain et j'obtempérai telle un pantin, honteuse mais trop faible pour lui résister. Nous ne parlâmes plus, même lorsqu'il me tendit la main pour monter sur rubis, entre lui et ses crins rêches auxquels je m'agrippai un peu. Faible, je me laissai aller à une légère somnolence tendis qu'il lançait la monture au galop, vers la forêt dont j'appréciai l'air pur. Bien plus tard, de nouveau éveillée, je fis une remarque sur un arbre aux fleurs vert pâle, d'une taille invraisemblable, comme si un chat avait pu y construire son repère. Prince nota que la vie de chat lui manquait parfois. La journée nous échappa lentement tandis qu'au fil des phrases sans profondeur, le vampire rassasié se plut à singer les humains.
Lorsque le soir se leva, nous jouions, le loup contre la panthère. Il finit par redevenir lui-même, alors que nous nous attardions à haleter l'un contre l'autre. Nous nous tûmes jusqu'aux tunnels elfiques, détendus et moites. Après une douche silencieuse, nous nous invitâmes pour le dîner chez Zéphir et Luna. Ravis de nous voir nous nous contâmes pendant le repas toutes les dernières péripéties de part et d'autres. Je notai principalement qu'ils étaient redevenus tels que nous les avions rencontrés, Luna avait donc su faire oublier ses erreurs. Aujourd'hui cela ne me semblait plus une si bonne nouvelle que ç'aurait été le cas avant la journée de la veille.
Finalement nous leur soumîmes nos plans pour la suite des évènements et ils acquiescèrent. Ils nous proposèrent leur aide pour prévenir les autres peuples mais nous refusâmes, c'était notre travail que de nous occuper de cela, nous le sentions dans nos os.
A vingt-trois heures nous trouvâmes Yule qui s'acharnait sur la serrure.