La louve et le prince, tous les articles.

La louve et le prince, résumé.

• - Alors reniflai-je, tu as un moyen de débarrasser ce monde de la louve indésirable ?

• - Ne dis pas de bêtises, sourit-elle affectueusement. Enfin sauf si c'est ce que tu veux mais...

• - Pour rien au monde, gémis-je.

Lorsque je réalisai que j'allais demeurer près de l'immortel, j'eus un coup au cœur, suivi d'un éclat de rire nerveux mais sonore. Je passai une main tremblante sur mon visage que je sentais livide. Il me vint alors l'idée que Prince ne serait peut-être jamais mien, s'il ne me pardonnait pas mon attitude des derniers jours.

• - Comprendra-t-il un jour ? Questionnai-je Yule dans une grimace qui dut paraître ridicule.

Elle eut un tendre sourire de sage créature, indulgente au possible. Cela illumina un peu mon âme damnée, un semblant d'ordre commença alors à s'y instaurer de nouveau.

- Sortons des sous-terrains un moment, proposa l'elfe, l'air libre te fera du bien.

Je confirmai, enfilai deux trois choses, appliquai de l'eau froide sur ma mine affreuse, puis sortis à sa suite. Mais je restai paralysée devant Prince qui passait par là alors que nous gagnions la porte d'entrée. Yule me tira par la main et c'est ainsi qui nous nous éloignâmes de lui. Plus je mis de la distance entre nous, plus je me détendis et appréciai la course – de même que Rubis, me sembla-t-il vaguement. Enfin nous rentrâmes et Yule m'entraîna au salon. Après un court silence durant lequel je dus m'assombrir ostensiblement de nouveau, elle parla d'elle-même, ce qui me surprit et me fit culpabiliser :

• - Moi aussi ma journée a fini pitoyablement. Ce matin quand je suis arrivée au bureau d'Adam il n'y avait personne. Déçue j'ai gagné le mien, mes notes sous le bras, puis je n'ai pas pu m'empêcher de réprimer un sourire. Il était là, assis à ma place, beau comme un ange blond. Donc toute la journée nous avons travaillé dans mon antre. Mais ce qui était drôle c'est que le palais entier est passé nous voir pour des prétextes plus faux les une que les autres. La rumeur s'est propagée, nous y sommes et tout le monde veut vérifier de ses propres yeux. Nous étions jusque-là les deux solitaires du Palais, tout le monde est marié et parent depuis des siècles là-dedans.

Un vertige me prit en songeant aux conséquences de l'immortalité de leur espèce. Comme l'existence devait paraître aisée, lorsque l'on pouvait toujours remettre au lendemain !

• - Et en sortant du travail ? La questionnai-je comme elle paraissait rêveuse elle-aussi.

Elle hocha la tête sans me regarder, revivant visiblement les scènes dans un mélange de plaisir et d'amertume, pour des raisons que j'ignorais encore.

• - Cette fois il m'a invitée au restaurant. Alors je suis rentrée me faire belle et à dix-huit heures trente précises, j'étais à cheval, fraîche et excitée. Il m'avait donné rendez-vous à dix-neuf heures au Diamant, c'est un endroit très chic... Je suis bête, tu le sais maintenant. Donc nous avons merveilleusement bien dîné, puis il a m'a dit à demain l'air léger. J'étais déçue, je voulais au moins un baiser, nous avions passé une si bonne soirée, je trouvais qu'il s'appliquait injustement à l'écourter, or je ne l'entendais pas de cette oreille. Alors je l'ai suivi pour rire. Mais de mètre en mètre, il devenait de plus en plus sec envers moi. J'ai détesté cela et je lui ai barré la route alors qu'il allait monter à cheval. Ses traits étaient très tirés, il m'a asséné d'un ton affreusement sec de courir loin de lui. Et là... Écoute, tu vas trouver ça incroyable, mais je n'ai qu'une dernière image...il est parti sans se retourner.

Elle gémit en laissant échapper d'autres larmes. Elle corrigea dans un dernier effort, pour être bien certaine de m'avoir tout dit, de ne plus jamais avoir à répéter :

• - Il m'a poussée, m'a tant serrée contre le mur que je porte encore les hématomes sur les bras. Il a murmuré très durement qu'il ne voulait plus me voir, que visiblement j'étais une dépravée, auprès de laquelle il ne souhaitait pas salir son honneur. Ce n'est qu'ensuite qu'il s'est détourné de moi... il s'est définitivement détourné de moi, Tarah, c'est terminé.

Je la pris dans mes bras en caressant ses doux cheveux sombres. Les pensées se bousculaient à mon esprit. Comment faire la part des choses parmi les suppositions trop faciles à concevoir suite à ses paroles ? Concentrée sur ce que j'avais à dire, je n'avais pas vu Prince arriver de son pas silencieux. Levant les yeux pour mieux trouver mes mots, je venais de le surprendre, appuyé au chambranle de la porte, toujours tellement beau avec ses cheveux noirs et ses yeux d'or pur. Tranquille il semblait curieux de savoir ce que j'allais trouver à dire à sa presque sœur. Comme s'il s'agissait d'un test. Yule ne l'avait pas vu, il était derrière elle, qui était toujours dans mes bras.

• - Il a quelque chose à cacher, qu'il ne veut pas te faire partager. A toi de voir si tu souhaites le forcer, grognai-je en observant le vampire qui me fixait sans tendresse.

La louve et le prince 92.