-
Liste des articles :
-
- Mais me marier avec un inconnu, je ne vois pas pourquoi je devrais le faire. Si tu trouves une autre solution, j'y réfléchirai. J'adore ta salle d'eau, conclut-elle, et cela le fit rire.
Elle aima l'entendre rire.
La journée suivante elle suivit Sloan à son école, changée en chauve-souris. Elle l'observa tandis qu'il retrouvait Claudia. En se postant assez près, elle put l'écouter raconter comme elle était « trop forte ». Cela lui fit une drôle d'impression.
Le soir elle acheta un bloc-notes et un stylo bille. Elle rédigea le premier mot au jeune garçon : « Tu exagères, je ne suis pas si forte. Claudia est très jolie. Finis bien ta nuit. A demain. » Et elle signa Shali. Un moment plus tard, perchée au-dessus du grillage, petite créature ailée, elle posait son mot devant la fenêtre. Les ombres la laissèrent faire.
Sloan ne dormait toujours pas à cinq heures du matin. Il vit la chauve-souris qu'elle était poser le mot devant la fenêtre. Elle repartit à tire d'ailes, mais fit un large demi-tour au loin, pour épier sa réaction. Cachée sous un toit, elle le regarda verser une larme, une seule, et, malédiction ! Il retourna le papier pour répondre. Il la surprit encore, pendue au toit, lorsqu'il ouvrit la fenêtre pour déposer la lettre. Incapable de résister, elle plongea pour le récupérer. Il l'observa partir à tire d'ailes, pressée de s'éloigner pour pouvoir lire le message.
C'est alors que les ombres vinrent encercler Shalimar. Elle décida de suivre les quatre chauves-souris chez Sofiane. Puisque de toute façon elle serait sanctionnée, autant limiter la casse. Arrivée sur le pallier il ne resta plus qu'elle. Les ombres s'étaient évaporées.
-
- Tu vois, il t'a répondu, nota le vampire en lui ouvrant la porte d'un air neutre qui donna le frisson à l'immortelle.
-
- J'ai une idée, tenta-t-elle.
Shalimar avait tenté de durcir sa voix, afin de garder le peu de fierté qu'elle pouvait encore conserver auprès de son chef. La peur s'éloignait d'elle par vagues, il la sentait forcément. C'était l'un des sens des immortels, aussi efficace que la vue ou l'ouïe.
-
- Je ne te permets pas d'en avoir. Donne-moi ça, ordonna-t-il en désignant d'un infime geste du menton le papier froissé qu'elle serrait au creux de ses doigts.
-
- Alors promets que tu me le liras ensuite, répliqua-t-elle sans se laisser le temps de réfléchir.
L'instinct de survie lui dicta de s'éloigner de lui, mais c'était déjà trop tard. La douleur submergea son ventre avant qu'elle aie pu analyser les images : la tornade blonde qui retirait un couteau d'une de ses poches pour lui enfoncer dans le ventre jusqu'à la garde. Un tourbillon de douleur emporta la vampire au sol. Là, elle ne put retenir le papier qui lui fut ôté de la main. Du reste elle perdit rapidement conscience.
Lorsqu'elle se réveilla des bras puissants la portaient et elle atterrit dans la baignoire. On lava sa blessure puis dès qu'elle put ouvrir les yeux, Sofiane dit en sortant :
-
- Je ne te permets pas de réclamer des promesses. Rafraîchis-toi et va, dit-il, mais tu sais ce qui t'attend si tu recommences. Ne prends plus ses mots et ne me contredis plus.
Il passa le pas de la porte elle elle supplia :
-
- Attends, s'il te plaît.
Il s'immobilisa, ne tournant que la tête. Elle se sentit atrocement nue devant ces yeux gris perle.
-
- Je te ramènerai les mots que je lui laisserai et tu liras avant moi ceux qu'il écrira. Accepte, Sofiane, je t'en prie. Ainsi la meute ne court aucun risque, tu dois l'avouer.
-
- Je quoi ?
-
- S'il te plaît ? Sourit-elle, toujours très faible.
Il ne put s'empêcher de glousser, secouant la tête, l'air de dire « tu es la seule femme au monde à pouvoir faire rire un homme qui vient de s'obliger à te blesser au sang pour rentrer une pauvre règle dans ta petite tête trop dure ».
-
- D'accord, concéda-t-il. A demain.
Une joie pure gagna l'immortelle, aidée en cela par sa faiblesse physique, qui l'étourdissait. Elle se sentait comme lévitant au-dessus d'un océan de coton.
-
- Non, à tout à l'heure, je vais écrire le premier message dès que je serai propre, le reprit-t-elle lentement. Que disait celui là ?
-
- Aucune idée, il est à la poubelle, si tu le veux.
Elle serait allée le chercher, tous deux en étaient conscients. Elle se demanda s'il aurait ressenti un plaisir sadique à la regarder écarter les déchets, gênée par l'odeur putride amplifiée par ses sens si développés.
-
- Je ne te crois pas, contra-t-elle pourtant. Tu l'as forcément lu pour voir si Sloan est dangereux pour toi.