Le destin des immortels - nouvelle publication

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  - Pourquoi, Shalimar ? J'ai besoin de savoir, maintenant.

Elle comprit qu'il voulait parler de son silence.

• - Je ne peux rien te confier, amour, je te l'ai déjà dit. Il ne faut pas être trop gourmand d'informations, sinon nous devrons nous séparer à jamais. Tu t'en sens capable ?

• - De te perdre à jamais, non. C'est ton frère, celui qui nous empêche de nous voir ?

Il s'était écarté et tourné vers le vampire. La peur gagna tout son être à elle. S'il amenait Sofiane à lui faire du mal, jamais elle ne le supporterait.

• - C'est plus compliqué que tu ne le crois, mon ange, mais oui, c'est lui.

Son poing vola vers le visage du vampire, alors elle hurla, terrifiée de voir ses peurs se matérialiser. Mais non, Sofiane tenait le poing du jeune homme dans le sien, le maîtrisant du regard. En transe, le jeune homme n'était plus avec eux.

• - Je vais te dire comment ça va se passer, dit le chef à l'immortelle, sans le quitter de ses yeux d'acier. Vous passez une heure ou deux ensemble, tu verras tu ne tiendras pas davantage, parce que tu ne devras rien lui dire sur nous. Puis lundi, il reprend la fac et nous déménageons. Avec menace de mort à la clef normalement ça le dissuadera de te chercher de nouveau.

Le charme se rompit et Sloan se retrouva dans les bras de la vampire, projeté par Sofiane, qui s'éloigna vers le bar.

• - Qu'est-ce que tu prends, garçon ? Lança la créature aux si longs cheveux blonds.

Celui-ci voulut le suivre pour se battre, mais elle le retint par le bras.

• - Écoute-moi bien, ordonna-t-elle à l'humain. Il est avec moi, ce n'est pas notre bourreau. Je te demande formellement de ne pas chercher à t'en prendre à lui, pour ta propre sécurité et pour que nous ayons une chance de communiquer de nouveau. Tu me fais confiance ?

Un silence s'en suivit. Puis, toujours concentré, il hocha franchement la tête.

• - Un whisky, répondit-il ainsi.

Ils s'assirent ensemble et bien vite Sofiane s'étant effacé, les écoutant juste discuter, le jeune homme oublia presque sa présence. Shalimar et lui abordèrent tous les sujets : les filles, les cours, ses amis, l'avenir. Il se voyait professeur de Philosophie, elle l'encouragea sur cette voie. Il l'avait retrouvée en faisant l'intégralité de l'annuaire. Shalimar Desmond y avait son adresse. Elle et son chef ne l'avaient pas vu faire, parce-qu'ils l'observaient moins depuis quelques années. Il parlait bien, il était romantique, il était beau et il n'était plus boutonneux. Il paraissait l'âge de la vampire, songea-t-elle. C'était elle qui paraissait le sien, en réalité. Lorsqu'il lui fit sa déclaration un frisson lui parcourut l'échine pour descendre jusqu'à la plante de ses pieds glacés :

• - Je t'aime, Shalimar, comme un homme aime une femme, et cela depuis que je me suis penché sur la question. Claudia dit que c'est incestueux, mais je ne suis pas d'accord. Tu ne m'as pas élevé, je ne t'ai jamais vue comme une mère. Ni à neuf ans ni à vingt-trois. J'ai toujours admiré ta beauté et ta personnalité. Je te cherche dans toutes les femmes. Viens avec moi. A nous deux nous pouvons le faire.

Tremblante son regard allait de Sofiane, tranquillement assis près d'elle, à Sloan, de l'autre côté. Les deux ne se jaugeaient même pas, certains tous deux de l'emporter tant dans mon cœur que par la force.

• - Je ne peux pas faire ça, amour. Ce que tu ne comprends pas c'est que les règles qui entourent ma famille ne me sont pas seulement imposées. Elles sont bonnes et je les respecte par conviction.

L'humain hocha profondément la tête. Elle se dit que c'était devenu l'une de ses caractéristiques, qu'elle n'avait pas vue naître.

• - Qu'est-ce que vous êtes ? Questionna-t-il tout doucement.

Elle se maudit de ne pas s'y être attendue. Elle n'avait pas changée depuis leur première rencontre, des années auparavant. C'était un signe qu'elle n'était pas humaine. Le jeune homme les observait avec humilité et respect. C'était sage de sa part, mais la vampire doutait que cela suffise à garantir sa survie. Elle se tendit, prête à le défendre.

• - Comment cela ? Fit Sofiane qui parlait pour la première fois depuis des heures.

• - J'ai de bonnes raisons de croire que vous n'êtes pas de simples humains. Qu'est-ce que vous êtes ? Répéta-t-il doucement.

Shalimar voulut prendre la main de Sofiane, en guise de promesse se soumission éternelle s'il laissait la vie sauve au jeune homme. Mais son geste n'aurait rien arrangé : il aurait constitué la preuve que Sloan avait raison. Elle aurait signé son arrêt de mort.

• - Sloan, rit-elle, cesse donc tes bêtises. N'avons-nous pas l'air d'êtres humains ? Je sais que j'ai mauvaise mine depuis ce matin, mais tout de même !

• - Cela m'intéresse, dit le vampire, et une vague de nausée assaillit Shalimar. Explicite ta pensée.

Il avait parlé sur le ton de la conversation, en diffusant une onde apaisante autour de lui. Elle sut alors que tout était perdu.

• - Elle ne vieillit pas, vous dressez des chauves-souris et vous avez un secret plus gros que vous.

Elle réfléchissait le plus vite possible. Comment procéder pour avoir ne serait-ce qu'une demi-chance de sauver le garçon ? Sofiane était plus rapide et plus fort qu'elle.  

  Le destin des immortels - nouvelle publication - 39.