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Le destin des immortels - nouvelle publication
- Vous en êtes aussi, lâcha-t-il pourtant. Voilà pourquoi vous faites mine de ne pas me croire.
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- Si tu es si sûr de toi, tenta encore mon semblable, pourquoi n'as-tu pas appelé la police, toi aussi ?
L'humain hocha la tête, comme s'il y avait longuement réfléchi. La brune créature serra les dents. Pourquoi s'entêtait-il à rechercher la mort ? S'exaspéra-t-elle alors.
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- Parce que j'aime Shalimar, répondit Sloan. Si vous tombez elle tombe. C'est hors de question.
C'est alors qu'elle sentit quelque chose se modifier dans l'air. D'un seul coup d’œil à son chef de meute, elle sut ce qui avait changé. Il avait commencé à jouer avec la nourriture. Sloan était déjà mort. Le vampire prenait simplement son temps. À partir de cet instant, elle se sentit comme hors d'elle-même. Ses mécanismes primaires se mettaient en place, les uns après les autres. Elle réévaluait toutes les possibilités pour assurer la survie de l'être qui lui était cher.
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- Qu'est-ce que tu diras quand la police t'interrogera ? Demanda Sofiane.
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- Que Yael a eu peur et qu'il est sous l'effet du choc de la rupture. Il me comprendra, lui non plus n'aurait pas cru à sa propre histoire s'il n'en avait pas été le narrateur. Il est déjà étonné qu'on ne l'ait pas encore envoyé à l'asile.
Un court silence s'installa, mais le chef des vampires réfléchissait vite.
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- Bon, lâcha-t-il.
C'est à cet instant que Shalimar sut que le jeu durerait fort longtemps. Elle réintégra peu à peu son enveloppe charnelle, sorte de déguisement dans lequel, si elle se rattachait à cela, elle était capable d'avoir l'air humaine. Son chef de meute jouerait avec Sloan le plus longtemps possible. Peut-être pendant seulement une heure. Mais si l'humain restait sage au centre du labyrinthe, cela durerait sa vie entière. L'immortelle glissa une main le long de son bras, comme elle pouvait se le permettre en tant que son épouse fictive. Cela lui permit de parfaitement le ressentir. Il s'ouvrit à elle et elle sut qu'elle avait vu juste. Il allait tester l'humain, parce qu'il lui plaisait bien et que cela ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Au moindre écart, il l'écraserait comme un insecte. Mais il le laisserait vivre s'il le méritait. Il prit son mobile et sonnée elle observa sa vie prendre un nouveau tournant :
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- Jennylyn, ma puce, lança-t-il une fois qu'elle eut répondu. Comment ça va ?
Grâce à son ouïe de vampire, Shalimar put entendre la voix de sa congénaire :
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- Bien, Sofiane, et toi ?
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- Tranquillement. Il y avait longtemps que je n'avais pas eu de tes nouvelles, je me demandais si tu n'avais pas eu d'ennuis.
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- Non, tout va bien, chef, ne t'en fais pas.
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- Me voilà rassuré, Jennylyn. Et si vous veniez boire un pot, Clarence et toi ?
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- Et bien... Oui, bien sûr, tout de suite ?
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- Ce serait parfait.
Il raccrocha et Shalimar comprit que tant son chef que Jenn étaient conscients de leur conversation n'avait été que mensonges. Seul comptait le résultat.
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- Tu viens de lui ordonner de venir chercher sa punition, non ? Chercha-t-elle à savoir.
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- C'est cela mais pas seulement. Bon toi, ajouta-t-il en désignant Sloan, prends mon numéro.
Médusé il s'exécuta puis Sofiane reprit :
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- Je n'ai jamais, jamais tu m'entends, fait confiance à un humain depuis la première et dernière fois que j'ai essayé. Ce sera la première fois que je réessaierai, au nom de ton amour pour Shalimar, et aux vues de ton attitude jusque là. Et aussi parce que je t'ai vu grandir. Comme quoi l'histoire se répète parfois, conclut-il à mon attention, à propos de sa fille.
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- Pardon ? Fit l'humain, égaré.
Lui parlait du fait que le vampire l'avait vu grandir, vraisemblablement. De son côté, la vampire apprécia que Sofiane joue cartes sur table. Ainsi Sloan savait qu'il avait eu raison. En outre, il savait ce qu'il lui restait à faire s'il voulait vivre.
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- Il était là depuis le début, conta l'immortelle, puis elle raconta tout, toutes les étapes, tous les changements, les punitions puis les soins, les interdits et les accords. La couverture, enfin, et le jeune homme eut l'air dégoûté.