• Le destin des immortels - nouvelle publication
  

• - Pardonne-moi, déclara Sofiane, mais si tu parles de relations intimes, pose-moi la question personnellement, parce que Shalimar n'est pas en état de s'en souvenir.

• - J'attends, s'impatienta le jeune homme ! Et dis-moi la vérité, je préfère savoir.

La vampire se demanda si elle rêvait, tant l'image de son chef de meute se laissant questionner comme un adolescent par un jeune humain lui paraissait absurde. Elle comprit que cela l'amusait, simplement.

• - Imbécile, sourit le mort vivant, je ne profite pas de ce genre de situations. Au cas où tu n'aurais pas remarqué j'ai un ego trop envahissant pour cela. Allez sors d'ici et laisse-moi me réveiller doucement, ordonna-t-il de sa voix de chef.

• - Démesuré, l’ego, singea la vampire alors que Sloan sortait précipitamment. Allons déjeuner.

Un cachet et un repas plus tard, Shalimar s'interrogeait toujours sur ce qui avait pu amener son chef à rater un réveil, au regard de son ancienneté. Elle finit par accepter le fait qu'elle l'avait surpris la veille, quel que fût son sérieux en tant que meneur d'une meute de vampires.

Quant à lui, il répartissait les tâches. L'humain faisait ce qui le concernait. Elle s'occupait de mettre tous les biens, déjà répertoriés sur un fichier informatique, aux enchères jusqu'au crépuscule. Sofiane rappelait ses sujets. Il avait une vingtaine d'appels en absence.

Shalimar les entendait tous deux. Elle donnait des conseils à Sloan pour le choix des matières à sa nouvelle faculté et sur ce qu'il devait prendre comme abonnements à Paris avec son nouveau nom de famille, tandis qu'elle entendait son chef de meute négocier avec les uns et les autres puis décrocher aussitôt après avoir raccroché d'avec quelqu'un d'autre pour les conseiller.

• - Non, Marine, tu n'emmènes rien, j'ai dit, tout le monde à la même enseigne ! Non, même pas tes deux serpents, vends-les sur Internet. Cesse de m'abrutir !

Il raccrocha et Shalimar pouffa de rire. Mais elle avait une question :

• - Si j'ai bien compris pour ne pas laisser de trace écrite de notre passage par les hôtels ou le péage, on y va tous en loups. Pourquoi pas en chauves-souris, comme la dernière fois? Et Sloan part-il en avion, en train, en voiture?

Cela laisserait des traces écrites – ne serai-ce que les tickets d'autoroute, ou les enregistrements de ses paiements, au moins pour ses ravitaillements. Or elle imaginait que son chef ne souhaiterait pas faire d'exception.

• - Tous sauf deux personnes, lui répondit le vampire. Vous deux.

Le brun ténébreux soupira de soulagement. La vampire supposa qu'il avait craint d'être laissé à l'écart. Mais cela ne répondait pas à sa question.

• - On prend ta voiture alors ? Sourit Sloan plein d'espoir.

• - Désolé, déplora le chef, la règle de l'absence de traces s'applique aussi pour vous. Pense à vendre la voiture, d'ailleurs, Shalimar.

• - Mais on aura de nouvelles identités, plaida le jeune homme.

Elle glissa une main sur son bras. Elle sentait qu'elle n'aimerait pas la solution à laquelle l'immortel avait pensé pour eux deux. Elle préférait autant l'apprendre rapidement.

• - Il vaut mieux être trop prudents que pas assez, expliqua Sofiane, patiemment. On passera par les forêts et les campagnes, vous deux serez à cheval. Vous transporterez la carte bancaire sur laquelle il y aura l'argent issu des ventes et arrivés sur place vous nous ouvrirez les appartements où tu vas t'occuper de faire livrer un change pour chacun. Va sur le fichier « Appartements Paris. »Vous devrez aller aux agences immobilières chercher les clefs. Tu prendras la liste des nouveaux noms. Pour les détails techniques pour brouiller les pistes, appelle mon hackeur, Alexandre. Pour répondre à ta question, en chauves souris nous avons eu trop de problèmes la dernière fois. J'ignore si le loup sera mieux, mais ça ne coûte pas grand chose d'essayer. Nous serons certes plus visibles, mais c'est une bête moins exposée aux autres animaux et dont les instincts sont moins gênants, plus réfléchis.

Elle hocha la tête. Misère. Elle se retrouva à la tête d'une tâche dantesque, mais heureusement Sloan put l'aider, il avait fini de son côté. Jusqu'au soir ils travaillèrent ainsi, trouvant le moyen pour qu'il y ait du monde (agents immobiliers) pour recevoir les livreurs. De son côté Sofiane s'impatientait de plus en plus, gérant les vampires affolés.

• - Mais non, Aniés, tu n'as pas à chercher un logement à Paris, on s'en occupe. Non, tu n'emmènes pas le collier de ton arrière grand-tante. Même pas à ton cou quand tu seras louve, non. C'est une débâcle, pas une colonie de vacances. On fuit pour sauver notre peau, Aniés, ton arrière grand-tante n'aurait pas aimé que tu te fasses repérer par un promeneur à cause de son collier, si ? Très bien, allez à tout à l'heure, Aniés. Passe-moi Jean. Oui, Jean, elle va tenir tu crois ? Bon, merci. Bon courage.

   

• Le destin des immortels - nouvelle publication 56.