Le destin des immortels - nouvelle publication

• - Ils nous jaugent, conclut le jeune homme.

Elle hocha la tête. C'était bien qu'il l'ait compris, cela lui permettrait d'agir comme Sofiane en avait besoin. Enfin celui-ci revint avec un maigre écureuil. Il le leur laissa et se coucha pour dormir.

• - Sofiane, soupira l'immortelle, tu ne veux pas reprendre un peu forme humaine pour qu'on puisse discuter ?

Il lui fit ce plaisir, en choisissant près d'elle un endroit à l'ombre pour se protéger des rayons du soleil. Elle se sentit immédiatement moins seule, plus en sécurité. Par égard pour Sloan, elle se garda de lui avouer qu'il lui avait manqué.

• - Vous devriez aller laver vos vêtements à la rivière. Ce soir ils seront propres.

• - Je ne peux pas aller jusqu'à la rivière, objecta-t-elle, elle est ensoleillée.

• - J'y vais, sourit Sloan, passe-les moi.

Elle tâcha de peser au plus vite les conséquences de tels actes. L'honneur de Sofiane, les sentiments des uns et des autres. Au moment où elle s'apprêta à acquiescer, son chef de meute hocha la tête. Soulagée, elle se leva et se déshabillai rapidement mais gracieusement. Lorsqu'elle donna ses affaires au jeune homme il les prit en contrôlant son langage corporel. Elle se sentit fière de lui. Lorsque d'autres sentiments l'assaillirent elle se força elle-même à les réfréner.

• - Comment se passe ton voyage? L'interrogea Sofiane.

Elle se rassit contre lui, les genoux contre la poitrine. Il glissa justement une main entre ses genoux, effleura son mollet, puis ses doigts demeurèrent autour de sa cheville. Elle serra les jambes entre ses bras et reposa la tête sur l'épaule de son chef de meute.

• - Bien, j'ai mal partout mais c'est plutôt normal. On n'a croisé personne et tu es toujours un chef respecté, c'est tout ce qui compte, conclut-elle si bas que lui seul pouvait l'entendre.

• - Merci pour hier, chuchota-t-il très bas. Mais je ne suis pas certain que tu arriveras à assumer les conséquences.

Elle releva la tête pour plonger dans les siens ses grands yeux noisette, cherchant à deviner la portée de ses paroles.

• - Si tu nous fais une crise de phobie on aura tout perdu, expliqua-t-il tout bas.

Le pouce de Sofiane se mit à lui caresser la cheville. Elle saisit enfin et s'empressa de maîtriser l'expression de son visage. Il l'avertissait qu'elle aurait à prouver ce qu'elle avait dit devant la meute.

• - Cela ne se produira pas, répliqua-t-elle. Je sais que tu m'aideras. J'ai confiance en toi.

Il continua de la fixer de son regard glacial en faisant remonter ses doigts le long de son mollet. Elle glissa une main sous sa mâchoire à lui pour l'embrasser. Elle ne se sentait pas capable d'assumer ce regard plus longtemps. Il lui rendit un baiser exagérément doux, dans lequel elle ne le reconnut pas. Cela la dérangea. Il sépara leurs lèvres sans la fixer plus longtemps.

• - Nous prenons le premier tour de garde, avertit-t-il ses sujets. Ensuite nous réveillerons quelqu'un pour la relève. Vous faites comme vous voulez mais quelqu'un doit toujours être éveillé pour prévenir si un humain arrive. Pour te répondre, baissa-t-il le ton, il n'y a pas si longtemps, tu voulais rester en dehors des affaires de la meute – de mes affaires. Tu as changé d'avis.

Sa main à elle avait quitté sa joue pour s'échouer sur ses propres genoux. Il délaissa sa jambe pour entrelacer ses doigts avec les siens. Ses yeux gris, d'un sérieux à couper le souffle, laissèrent entrevoir à Shalimar une reconnaissance mêlée d'un avertissement. Elle hocha la tête, confirmant, quoiqu'effrayée par cette perspective, qu'elle s'offrait à lui, effectivement. Sloan revint alors. Elle regretta de ne pouvoir le guider, alors qu'il cherchait où s'asseoir.

• - Veux-tu dormir? Questionna-t-elle Sofiane. De toute façon nous n'avons pas encore mangé. C'est facile pour moi de commencer.

Il hocha la tête et devint loup. La tête sur sa cuisse, il ferma les paupières. Elle guida Sloan pour le feu de bois. Lorsqu'il put s'asseoir près d'eux, le jeune homme désigna la jument. Elle ne cessait de brouter, là où ils l'avaient attachée, à bonne distance de la meute, à laquelle elle jetait très souvent des coups d'œil inquiets.

• - Que dirais tu de Lady ?

Elle sourit, soulagée de parler de quelque chose d'aussi anodin que le nom de leur monture.

• - Ah, j'aurais préféré Faith.

Il parut réfléchir un peu.

• - Lady-Faith ?

• - C'est joli, sourit-t-elle, charmée.

Sloan se coucha contre Shalimar, lorsqu'il eut fini de manger. Elle se demanda si cela posait problème par rapport à la meute. Elle glissa une main dans la fourrure de Sofiane et l'autre dans les cheveux de Sloan. Elle était fatiguée nerveusement. Elle décida que cela convenait.

Lorsque les yeux du jeune homme se fermèrent elle resta un instant à regarder l'homme et le loup dormir. Puis elle se leva précautionneusement pour aller réveiller un vampire afin de lui laisser le tour de garde. Mais tous deux étaient éveillés lorsqu'elle revint vers eux. Elle se coucha puis se changea en loup. C'était indispensable si elle souhaitait dormir sans craindre les rayons du soleil. Sloan se coucha en position fœtale. L'immortelle ressentit sa solitude, qui émanait de lui en larges vagues désagréables. Alors Sofiane se colla à lui. Débordante de reconnaissance, elle se plaça contre eux-deux. Les ondes négatives émanant de l'humain s'apaisèrent beaucoup.

Le soir au crépuscule tout le monde s'éveilla au fur et à mesure.  

Le destin des immortels - nouvelle publication 61.