Le destin des immortels - nouvelle publication

Aussi existait-il une loi, passible des pires châtiments, selon laquelle faire le don nécessitait une raison exceptionnelle.

En outre, Sloan avait peut-être ses propres raisons de ne pas devenir leur semblable. L'impossibilité de s'exposer à la lumière du jour, la damnation, la haine que leur vouaient les humains étaient un sort peu enviable après tout.

Restait une dernière interrogation. Subitement celle-ci la rendit tout simplement furieuse.

• - Mais comment vous faites ? Lâcha-t-elle excédée par tant de tendresse et de détachement à la fois.

• - Je crois... Même si jamais les paroles n'ont été échangées... Sofiane sera encore jeune alors que je serai mort et enterré. Il a la patience du fauve qu'il est au fond de lui, tout simplement.

Elle écarquilla les yeux, le souffle coupé. C'était donc cela. Elle réalisa que pendant tout ce temps, elle n'avait pas une seule seconde craint que son chef de meute, qui avait forcément été conscient d'absolument tout ce qui venait d'arriver, ne lui fasse subir les conséquences de ses actes. Elle se demanda jusqu'à quel point il avait fait en sorte qu'elle ne fût pas gênée par ce genre de pensées. Surtout, elle s'interrogea sur ses réelles motivations en ce sens. Que cherchait-il à obtenir en la laissant assouvir ses envies avec le jeune humain? Elle se prostra, soudain hors d'haleine. L'humain un peu apeuré derrière elle, elle tâcha de faire le vide.

• - Je vais me doucher, maintenant.

Façon différente de demander à être laissée seule. Sloan le comprit parfaitement. Elle se prépara à sortir avec des mouvements fébriles.

Lorsqu'elle sortit de la salle de bain elle s'était calmée, elle en avait pris le temps. Souriante et apaisée, elle se glissa entre le brun et le blond, dans la cohue de la capitale. Ils pouvaient bien s'arranger comme ils voulaient, seuls ou entre eux. Elle allait s'écouter, et verrait ce que cela donnerait. Elle n'était pas un objet que l'on pouvait le prêter pour un temps. Mais si cela les arrangeait de le croire, elle en profiterait.

Ils dînèrent puis sortirent boire et danser. Partout ils attirèrent des regards d'envie mêlés à la conscience diffuse de l'interdit.

Ils échouèrent sur les banquettes pour faire une pause. Shalimar remarqua tout de suite un groupe un peu plus loin composé de deux hommes et deux femmes. Si les filles étaient manifestement humaines, les mâles étaient des vampires, frères jumeaux au demeurant. Cela étonna un peu Shalimar, car selon les valeurs instaurées par Sofiane, mais avec lesquelles chacun s'accordait, le vampire novice devait à tout prix être éloigné de sa famille jusqu'à ce qu'il fut assez lucide pour voir que le don n'était pas une bénédiction. Mais elle demeurait parfaitement consciente que les scénarios possibles quant à ces deux-là étaient illimités, aussi ne s'y arrêta-t-elle pas.

• - Tu les connais ? Demanda-t-elle à son chef de meute.

• - Non, il y a vraisemblablement une autre meute ici, ma jolie.

Sofiane paraissait songeur. La soirée continua après qu'ils les aient repérés, mais rien ne permit de présager ce qui arriva plus tard.

Nous rentrâmes et chacun s'échoua dans son lit une fois effectuée une courte toilette de chat. La vampire s'éveilla au crépuscule, heureuse d'avoir récupéré son rythme naturel. Deux yeux gris acier luisaient au dessus d'elle. Souriante elle lui donna un doux baiser, appréciant sans la préférer, la différence d'avec Sloan, qui dormait dans l'autre chambre. Une mauvaise impression l'assaillit à cette pensée, mais les paroles de son chef de meute la déconcentrèrent.

• - Bonjour, Shalimar, murmura-t-il sur sa joue.

Elle fit le chat sous ses caresses, s'émerveillant sans pouvoir penser à rien d'autre, de comprendre que tous deux avaient compris comment ne pas lui faire peur, quoique Sofiane avait une façon différente de procéder. Il gardait les mains dans ses cheveux, alors qu'elle ne sentait jamais celles de l'humain sur elle. L'immortel était aussi plus expert en préliminaires. Sachant exactement où poser les lèvres il fit grimper son émotion en quelques secondes. Bientôt dans l'urgence elle l'agrippa par la taille et le guidai en elle. Mais aussitôt accueilli elle ne put plus le supporter. A l'immonde souvenir des actes passés toute sa chair le rejeta dans une lutte désespérée.

• - Calme-toi. Shalimar?

A force de s'agiter en tous sens dans les couvertures elle n'était parvenue qu'à le bloquer en elle. Mais maintenant c'était terminé. En larmes elle le supplia :

• - Serre-moi, Sofiane, s'il te plaît...

• Le destin des immortels - nouvelle publication 76.