Résumé du péché pour leur vie.

Le péché pour leur vie 148.

Puis je songeai que son père, lui, n'était pas éternel. Et cela me fit frissonner. Les années étaient comptées. Un jour il deviendrait moche ; ce jour-là je ne l'aimerais plus. Voilà pourquoi je ne le ferais pas divorcer. Hors de question. Dieu merci il revint. Et il avait quelque chose à dire.

• - Demain soir ce sera la pleine lune.

Je levai le menton, c'était vrai, vue sa forme presque ronde.

- Je dois t'avertir, Callista, que ce qui se passera sera sanglant. Mais d'après ce que je sais de toi, cela ne devrait pas tellement t'émouvoir.

• - Détrompe-toi. J'aime me battre pour une juste cause, or ma vie est une juste cause. Même si je sais, c'est tout à fait subjectif. Mais de là à assister à un meurtre avec préméditation, cela ne me dit rien qui vaille. Je ne viendrai pas avec vous. Tu y vas toi, Léila ?

• - Quelle idée ! Je ne suis pas un loup garou.

Ma tête pivota lentement vers elle. Comment ça ?

• - On devient loup par la morsure d'un loup, expliqua Kenzo. Ma fille ne sera jamais mordue.

• - Espérons-le, souffla-t-elle.

• - N'est-ce pas dangereux de vivre parmi les lycans quand on est simple humaine ? Questionnai-je.

• - Personne n'a intérêt à faire d'elle un loup, répliqua Kenzo. Alors elle hériterait du trône.

• - Tu m'as dit, continuai-je, que d'autres familles règnent de pères en fils. Comment est-ce possible dans ces conditions ?

• - La tradition veut qu'un loup morde son enfant lors de son dixième anniversaire.

• - Tu es un type bien, souris-je.

Puis un ange passa.

• - Je suis déçu, reprit-il, j'aurais aimé que tu sois là.

• - Pourquoi ? En plus je serai plus utile au château pour veiller sur elle.

• - Tous les loups seront en chasse, expliqua-t-elle, même Tarah. Ils ne peuvent pas se maîtriser. Ils sont comme hypnotisés et rejoignent la Grande pierre tous les soirs de pleine lune, ils ne peuvent amener leur corps à faire autre chose.

Je secouai doucement la tête, c'étaient de drôles de créatures.

• - Pourquoi aimerais-tu tellement que je vienne ? Soufflai-je.

Le monarque réfléchit.

• - Je ne sais pas. J'aime que tu sois avec moi.

Je ne dis plus rien. Bientôt ils parlèrent d'autre chose mais je n'écoutai pas. Même sur le chemin du retour, je restai plongée dans mes pensées. Rien n'en sortait. Tous s'y mêlait. Tarah, son époux, la princesse, mon ancienne vie, le château, cette soirée. Lorsque je posai la tête sur mon oreiller seules restaient les vibrations. Celles de l'amour, palpables entre l'homme, sa fille et moi. Mais aussi celles de la peur. De bien plus de choses. M'enfermer ici, voilà qui m'effrayait. M'enchaîner à un homme qui finirait par vieillir. Dans combien d'années me réveillerais-je un matin en le trouvant hideux ? Vingt ans ? Trente ? Oui, au maximum. Une bagatelle par rapport à ma vie de vampire. Et alors, pour peu que j'aie craqué, je laisserais derrière moi un homme brisé, et pas seulement à cause de son âge.

Je rêvai de sa métamorphose. Il était toujours aussi beau, ce soir-là. Nous faisions l'amour comme des animaux, grognant, hurlant. Et puis il sortait une dague. Il la faisait glisser lentement, sans me quitter des yeux, sur son propre cou, avant de m'entailler l'épaule. Nous nous penchions pour boire simultanément.

• - Non, tu ne peux pas te damner pour moi, renoncer au soleil, t'obliger à boire du sang humain, non ! Hurlai-je, mais mes propres cris m'éveillèrent.

• - Je le pourrais, si, mais pour l'heure tu fais juste un cauchemar.

J'ouvris précipitamment les yeux. Il était là, penché sur moi, ses yeux dorés luisant dans le noir où je voyais comme en plein jour.

Le péché pour leur vie 150.