Résumé du péché pour leur vie.
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- C'est quoi le plan ? S'inquiéta-t-elle (Leila).
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- C'est : tu restes là, j'arrive tout de suite. On ne discute pas !
Je courus, je savais ce que j'avais à faire. En faisant le tour d'un hôpital, on trouve forcément un type en blouse blanche seul en train d'un cramer une pendant ses trois minutes et demi de pause. Je me plantai devant lui, puis sans perdre de temps en palabres, je commençai à l'hypnotiser. Sous mes ordres il me donna sa blouse et son pantalon. Je fus très satisfaite de deux choses. Un : les urgentistes sont maigres, donc le pantalon m'allait. Deux : personne n'était assez près pour faire attention à nous. Je lui fis dire où on gardait les poches de sang, puis j'intimai à l'homme, par hypnose, de se rouler en boule et de se reposer pendant dix minutes. Pas plus, non, je ne voulais pas freiner les services de l'hôpital !
Je courus encore. Ce qui est bien, dans un hôpital, c'est que tout le monde court ! Donc la seule chose qui étonna les gens, fut la vitesse à la limite du surnaturel de mes foulées. Ou peut être ma beauté malgré mes yeux effrayants, allez savoir !
Bref, je n'ai pas compté, mais il me sembla que je fus de nouveau à la voiture avec mes quatre litres de sang (plus c'eût été mieux, mais je me sentais mal de piller des réserves déjà faibles) un quart d'heure après. Et encore j'avais perdu du temps à hypnotiser chaque personne qui s'était trouvée à la réserve en même temps que moi, pour que tous croient que oui, c'était normal que j'en aie pris autant.
Enfin, nous y étions ! Sans un mot, je m'énervai sur les systèmes de sécurité du château des lycans, puis je gravis en trombe les marches. Je m'arrêtai à la porte pour dire à Léila quand elle pourrait entrer. Je comptais prendre ce risque une fois que Kenzo aurait bu, on ne savait jamais, peut être que revoir sa fille accélérerait le processus. Bref, elle courut loin de la chambre comme je le lui avais demandé, tandis que j'ouvrais la porte. Je serrai la clef, parcourue d'un frisson. Il n'était plus là. Il s'était défenestré ! Je courus jusqu'à la fenêtre. Rien. Bon sang !
Je fonçai dans les couloirs pour prévenir Léila de... Faire attention à elle. Qu'est-ce que je pouvais lui recommander d'autre ? Je ne savais pas où il était ! Ah si, je lui dis de s'enfermer dans sa chambre : en principe le roi ne pourrait pas y entrer sans y être invité : c'était chez sa fille, et non chez lui, cette pièce.
Sur ce, pouf, je fus chauve-souris et m'envolai par sa fenêtre. Je décrivis des cercles autour du château et entendis sonner quatre heures du matin. Puis cinq heures. Dieu, bientôt il ferait jour ! J'accélérai encore, et au bout d'un moment, je le vis enfin... Misère... Je fondis sur lui, récupérai ma forme originelle et me débattis pour qu'il lâche enfin ce jeune homme. Impossible de chercher son pouls, j'étais trop occupée à maîtriser le roi. Mais le type était trop pâle pour être vivant.
Il était trop tard pour regagner le château à pied. Aussi l'entraînai-je à l'ombre des arbres, où je finis enfin par le calmer. Je n'avais pas mon mobile pour appeler du secours pour sa victime. La journée allait être très, très longue. Certes, je passais le temps à répondre aux regards dégoulinants d'amour de ma créature, je lui avais manqué. Au début j'étais en colère contre lui, c'était de sa faute si nous étions coincés là pour des heures... Et des heures. Mais finalement, ses yeux de jeune chiot eurent raison de moi. Je commençai à lui parler sans discontinuer, racontant en boucle notre histoire, espérant obtenir un déclic. Mais rien ne vint que cet air de bébé innocent. Au moins, maintenant qu'il n'avait plus faim, il était calme et de bonne humeur. Moi j'allais nettement moins bien. J'avais volé du sang précieux pour les malades, mais qui s'était finalement révélé inutile. En plus j'étais complice de meurtre, celui d'un innocent qu'il aurait fallu éviter.
Mais il fallait bien occuper Kenzo, sinon il allait vouloir me fausser compagnie. Dieu, qu'il était ridicule dans ces vêtements étriqués ! Personnellement j'étais nue, alors je suppose que ce n'était pas pire. Quoique. Bref, je le taquinai, lui fis des guilis, et finis par accepter ses baisers.
Ce fut ainsi qu'un des gardes du château nous trouva. Il avait stoppé la voiture – aux vitres teintées, fabuleux ! - tout près, et me dit de monter sans préambule. Je le reconnaissais, donc je m'exécutai, tenant fermement mon amant pour qu'il ne morde par le conducteur.