Chapitre quatre. La prise du château.
Il me donna un long baiser, et lorsque je rouvris les yeux, son regard fiévreux me dévora. Sans me quitter des yeux il glissa encore la main contre ma jambe, tandis que ma robe remontait, docile. Lorsqu'il s'attarda à l'intérieur de la cuisse j'inspirai très fort pour que ce frisson n'ait pas raison de moi. A mon tour je déboutonnai sa chemise lentement. Un bouton. Un baiser. Sur son cou, d'abord, puis derrière l'oreille. J'y promenai la langue au hasard, et j'eus la surprise de sentir le cœur du bel homme s'affoler sous sa poitrine. Ma robe n'attendait plus que ma coopération pour passer au dessus de ma tête. Aiden haussa un sourcil. Et je m'exécutai. Un autre bouton. Ses deux mains effleurèrent mes hanches et cette fois je me cambrai sous la surprise. C'était donc cela, le plaisir qui naissait. Mon copain de l'époque n'avait jamais trop fait naître autre chose en moi que le simple plaisir d'une caresse ordinaire. Je m'emparai de sa bouche et les yeux dans les yeux, la mordillai sauvagement. Je passai au menton, défis un autre bouton, et léchai son cou du bout de la langue. Il dégrafa mon soutien gorge après un commentaire flatteur pour la fine dentelle dont il était orné. Je défis le dernier bouton et posai de petits baisers sur son torse musclé. Je m'enivrai de son odeur de mâle qui commençait à emplir la pièce. Lorsque j'arrivai aux tétons je les chatouillai de la langue et il grogna. Il devint soudain hors de ma portée. Il s'arrêta sur ma propre poitrine. Sur les coudes je répondis à son regard rieur lorsqu'il commença à happer mes mamelons. D'abord je crus à un jeu, on eut dit un bébé qui tête sa maman. Mais soudain mes sensations m'envahirent et je rejetai la tête en arrière. Ce gémissement rauque provenait il de moi ? Je sentis monter dans ma gorge un appel, montre moi tout, Aiden, voilà ce que j'aurais quémandé s'il n'avait pas soudain roulé près de moi. J'effleurai son torse du bout des doigts mais il attrapa ma main.
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- Qu'est ce qu'il y a ? Questionnai-je.
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- Je ne vais pas pouvoir rester plus de... une demi heure, vérifia-t-il. On a prévu arbalète à vingt trois heures trente. Et je ne veux pas t'abandonner soudain en te laissant pantelante, seule sur ce lit.
Il passa une jambe entre les miennes, une main sous sa tête, l'autre au creux de ma hanche.
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- Alors raconte moi le travail, ordonnai-je. Comment est elle?
Il sourit sous l'allusion, on eut dit, mais c'était exprès, que je lui faisais parler de son amante. Rapport à sa taquinerie de l'autre fois.
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- Elle est trop sûre d'elle. Rien à voir avec la trouille que tu avais ce soir là.
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- J'ai cru mourir de fatigue sous tout ce que tu as exigé de moi.
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- Attends de voir comment ce sera le jour où tu t'offriras à moi.
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- Donc elle sera douée, non?
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- Il faut douter pour progresser. Elle restera moyenne pendant toute la formation, j'en suis persuadé.
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- Qu'est ce que tu vas faire?
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- Rien. J'ai beaucoup réfléchi et je me dis qu'il ne sert à rien de pousser à outrance quelqu'un qui sans cela a déjà toutes les chances de faire partie des cinq nouveaux élus.
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- Tu es tellement différent, voilà pourquoi tu m'avais motivée. Un poulain a besoin de récompenses sinon il rue.
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- Exact. Mais je suis déçu de ne pas avoir un nouveau challenge qui te ressemble à mener au delà de ses capacités parce qu'elle en meurt d'envie.
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- Tu m'as toujours. Tu es toujours mon protecteur. Tu m'as tellement manqué. Pourquoi t'es tu éloigné de moi ?
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- Au début le désir m'aveugle. Cristal, ce que je vais te dire sera difficile à entendre. Épargne toi cette morsure.
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- J'ai besoin de comprendre pour oublier.
Il chercha ses mots.
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- Et bien au début, la morsure au creux de mes reins m'aveugle et des jours durant je ne vois qu'elle, je sens son odeur comme si elle était là, je crois entendre sa voix dans le gémissement du vent. Alors, j'ai eu l'impression que jamais je ne t'avais aimée.
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- Effectivement c'est violent.
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- Comment peux tu le prendre ainsi? Cristal, j'ai tellement peur qu'un jour tu réalises comme c'est... dégoûtant. Alors tu me jetteras dehors, si tu ne me plantes pas une flèche entre les yeux.
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- Tu es bête, souris-je. C'est un maléfice, Aiden, qui s'atténue avec le temps. Ce n'est que de la poudre aux yeux. Une poudre éphémère.
Il réfléchit un moment et hocha la tête.
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- Qu'est ce que tu vas faire quand je serai parti?
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- Aller voir les Berge. Tu les connais?
Il fit non de la tête.
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- Tu es réellement exceptionnelle, finit il par lâcher. Sais tu ce que font les autres quand il n'y a pas d'alerte? Je fis signe que non. Rien. Ils se détendent. Au mieux, ils patrouillent, comme si un chevalier qui tue envoyait un bristol aux anges avant de le faire pour peu qu'ils soient dehors ce jour là. C'est un boulot tranquille, la plupart du temps. Puis il y a un mort et les vampires réclament vengeance, alors ils enquêtent pour comprendre pourquoi lui, et ils font une petite attaque au château adverse.
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- Tu étais comme cela toi aussi?
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- Non. Je faisais comme toi, j'allais voir les gens pour voir s'il y avait quelque chose à signaler. A partir de ressentis, tu peux voir venir le danger. Les vampires ont un côté animal, tels la souris qui glisse sous la roche avant même l'arrivée du chat. Il suffit d'écouter leurs pressentiments.