Accaparé par son combat le lieutenant ne pouvait qu’espérer que son subordonné se tirait du sien. «Dès que j’aurai fini j’irai l’aider » songeait-il en boucle, mais loin d’être rassurante cette idée l’angoissait, Kier ne tiendrait pas jusque là ! Bientôt l’odeur salée de l’hémoglobine caressa ses narines, « Kier » hurla son esprit. Déconcentré il commis une multitude de fautes dont son adversaire tira parti, il n’arrivait pas à se dépêtrer de ce duel. « Je dois lui faire confiance » se répétait-il en vain. Devant ses yeux défilait des images du corps sans vie du jeune loup. Il voyait ses collègues dans les couloirs sereins du commissariat narrer son incompétence « Il n’était pas prêt, disaient-ils, Naël l’a envoyé à la mort ». Enfin son assaillant montra des signes de faiblesse puis de réédition, mais lorsque Naël leva les yeux ce ne fut que pour contempler un désert de chair et de sang. Au centre trônait son soldat, épuisé il tentait vainement de reprendre son souffle. Le lieutenant du faire un effort titanesque pour ne pas courir à ses cotés, d’un pas mesuré il la rejoint admirant le travail de son subordonné. Les corps sans vie menaient leur ultime combat éveillant sa soif de sang. Il n’avait jamais cédé à cette torture, à cet instinct ancestral qu’il avait pris à Christiano en même temps que son éternité. Lorsqu’il s’était lié avec un vampire il avait pensé qu’il serait gérer cette envie, d‘ailleurs ne l‘avait-il pas déjà fait avec la sienne ? il s’était surestimé et maintenant il devait vivre avec elle jour après jour. Le prix de l’éternité se disait-il. Au quotidien elle ne le dérangeait plus mais chaque goutte de cet élixir tentateur le tourmentait. Cependant lorsqu’il retrouva son homme à terre cette sensation disparut, l’inquiétude dominait tout.

« Je t’avais dit de te méfier de son âme ! Tu vas bien ?

- Je ne sais pas, je n’ai pas encore retrouvé toutes mes sensations. 

- Idiot ! La lame de ton premier adversaire était empoisonnée, ne l’as-tu pas vu ! Une simple égratignure et c’est la faucheuse ! Je ne peux pas sentir si tu saignes l’odeur de la mort est trop présente. »

Il se laissa tomber à terre en lui ordonnant de reste immobile. Ses yeux angoissés parcouraient son corps à la recherche d’une faille dans la cuirasse. Son cœur cessa de danser que lorsqu’il n’en trouva aucune. Tendrement il posa les mains sur le visage de son ami pour essuyer le sang qui le maculait passant outre le regard surpris que lui adressa Kier.

« Apparemment tu n’as rien, lui murmura-t-il, mais à la moindre faiblesse je veux que tu ailles voir Dries, je ne l’ai pas emmené pour sa valeur au combat, et heureusement.

À cette boutade ses yeux sourirent.

- Dès que tu le pourras nous nous relèverons, je veux que tu voies les actes que tu as commis. »

Kiera acquiesça, elle était prête. Il se haussa en premier puis aida le loup à se mettre sur ses pied. Autour d’eux tout n’était que mort et désolation. Un hoquet d’effroi saisi la jeune femme qui vacilla, Naël, sentant son geste, la retint en l’enlacent étroitement contre son torse. « Ce n’est pas ta faute, lui chuchotait-il à l’oreille, mais tu aurais pu l’éviter.

- Je ne comprends pas, pourquoi je n’ai jamais ressenti ça avant ? Lors des entraînements je m’étais jamais fait possédé.

- Tu aurais préféré, fit le night dans une pitoyable tentative humoristique. C’est que esprit fait la différence entre un combat à mort et un simple amusement, reprit-il plus sérieusement jusque là ton sabre te savait en sécurité il n’avait donc aucune raison de se réveiller totalement. Là c’était autre chose, tu étais menacée alors l’âme de ton arme a remplacé la tienne. Cela n’a aucune importance quand elle est comme celle de Kasaï, modérée, mais Flagell est sans pitié tu devras apprendre à la maîtriser.

- Comment ?

- Je l’ignore, finalement peut être que tu devrais t’entraîner avec Chris, là tu serais en danger.

Un sourire naquis sur le visage du jeune loup. « tant mieux » songea Naël, il avait eut peur que son homme ne sache plus sourire.

- Nous trouverons une solution, en attendant voit le bon coté des choses tu as appris de nouvelles techniques.

- Je pourrais donc tuer plus efficacement, répondit-elle ironique. »

Les crocs de la justice 103