Sur cette pensée il parvient à offrir à sa fille un dernier sourire sincère avant qu’elle ne déclare « Je vais vérifier les autres salles. »

La fraîcheur la quitta dès qu’elle eut passé le pas de la salle de jeu, dans cette pièce régnait une chaleur enfiévrée alors que les joueurs hurlaient des sommes. Il y avait quatre hommes autour de la table de black jack, trois traînaient aux machines à sous et une femme, lascive accompagnait un nain jouant au poker contre des robots. Au fond un groupe de cinq fumeurs d’opium pariait bruyamment sur des courses de Dahu. Rien d’original, ni de menaçant, toutes ces personnes avaient été invitées, elle passa donc à la salle de télé projection. Cette pièce n’accueillait pas encore les ténèbres qui bientôt l’accompagneront alors que seront diffusés les derniers grands films. Pour l’instant seuls deux écrans occupaient l’espace, celui des paris et la toile sur laquelle défilait le dernier jeu à la mode : Nucléaire survie. Le concept était simple, il consistait à enfermer dans une centrale nucléaire douze personnes lambda ne connaissant rien au maniement complexe de cet édifice. Elles devaient rester cloîtrées jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’une qui ne soit pas contaminée : la gagnante. Bien sur tous les coups étaient permis, bien sur la prod créait des événements et bien sur un village se situait à proximité permettant aux journalistes de faire des interviews vérité des pauvres villageois. C’était justement celle d’une mère et ses deux enfants qui passait en ce moment. Elle se déclarait confiante et ravie de tout ce battage télévisuel fait sur son hameau. En bas de l’écran une image plus petite montrait la centrale, les habitants ce débattaient contre une jauge qui montait dans le rouge. La journaliste se retira rapidement laissant la femme et ses deux bambins souriants. Ecourée Kiera sortit rapidement, il n’y avait personne ici. Elle rejoignit son supérieur.

« Tout va bien, annonça-t-elle, à part la stupidité humaine je n’ai rien vu de suspect.

Pendant son absence la salle s’était remplie, l’heure de la danse ne tarderait pas à sonner.

- Pareil, fit le night le souffle court.

La présence de la louve le troublait. Scret ! Ce n’était pas le moment, sa mère allait bientôt arriver, in ne devait pas se disperser.

- Tu sens quelque chose ?

- Non, l’odeur n’y est pas mais il est difficile d’en être certain étant donnés les parfums artificiels qui flottent.

- Concentre toi, ma mère ne serait tarder. »

En effet le couple organisateur apparut enfin, chacun accompagné d’une autre personne il firent une entrée remarquable sous une pluie de pétales. La musique retentit alors, une symphonie enchantée et gaie qui transportait les promesse de ce printemps naissant. L’homme se pencha pour demander si tout le monde était arrivé, à part les deux ou trois retardataires habituels tous les invités étaient présents lui confirma le garçon chargé de vérifier les invitations. Parfait, alors la danse pouvait commencer. Aussitôt il s’empara du bras de sa femme et s’élança vif sur la piste faisant tournoyer celle qu’il aimait depuis si longtemps. Les joues de la noble s’enflammèrent alors qu’un rire joyeux montait de sa gorge offerte à son époux. L’assemblée les regarda quelques instants puis dans un brouhaha indescriptible les rejoint. Naël ne fut pas en reste, prestement il s’empara de son soldat et l’entraîna parmi les convives. Aucun mot ne fut échangé, le night avait la bouche sèche et Kiera essayait de rester concentrée mais la soudaine proximité du lieutenant ne lui facilitait pas la tâche. Alors que le décors tournait autour de leurs pas tous les détails se marquaient en sa mémoire. Sa chaleur, son odeur, la sensation de puissance, de bien être qu’il dégageait. « Ne pense pas à ça» s’ordonnait-elle en vain, son esprit ne lui appartenait plus, il cherchait cet autre qu’il avait reconnu. « c’est lui, hurlait son âme, c’est lui qui nous a tant manqué, c’est lui qui nous complète. Nous l’avons reconnu. » Tous ses instincts la poussaient vers lui qui semblait indifférent à ce tumulte. Cela faisait des vies qu’elle évitait de réveiller ces sentiments enfouis, des vies à le fuir et la voila de nouveau prisonnière de ses bras. « Ce n’est rien, tenta-t-elle de se persuader, rien qu’un vieux tour de magie lancé par une divinité inconsciente. Aucun de mes sentiments ne sont réels, la preuve, il devrait m’aimer pour toujours. » Sur cette pensée son esprit se ferma. Trop douloureux, elle laissa les pas l’emporter la musique berçait une souffrance non encore éteinte. Combien de temps ils chavirèrent ainsi l’un contre l’autre, elle ne sut le dire mais alors que les dernière notes s’envolaient il lui glissa à l’oreille

« Prépare toi je vais t‘embraser.

- Hors de question, répondit-elle virulente.

Un filet de sueur froide glissa le long de ses omoplates, si Naël l’embrassait alors il recréerait le lien qui les unissait, si leur lèvres se rejoignaient alors il serait tout ! Impossible !

Les crocs de la justice 123