Dries admirait la majestueuse salle du conseil, pour la première fois de sa vie il se sentit tout petit. Les dorures qui encadraient les portes, les lourds barreaux qui avaient vu passer les requêtes les plus saugrenues, les tableaux, tout appelait à la solennité. A coté de lui Kier discutait joyeusement avec son père, seul le bruit de leur rires troublait le silence ambiant. Puis ils arrivèrent, lentement, imposants dans leur robes de velours issues des temps oubliés, ils portaient encore les armes légendaires qui avaient faits d’eux des héros. Le laborantin ne put s’empêcher de trembler devant la sagesse qui se dégageaient de leur personne, ces hommes détenaient une source de savoir à nulle autre pareille et du fond de son cœur amère il les enviait. Chacun prit place derrière un bureau, puis le sage du centre prit la parole.

«  Bonjour Soren, j’ai vu que tu avais une requête à présenter au conseil.

- A vrai dire ce n’est pas pour moi que j’ai demandé cette audience mais au nom de l’équipe chargée de traquer le meurtrier d'éternité.

- Tu as passé outre le protocole ! S’indigna un petit homme sur la gauche. »

Iliam, songea Kiera. Étonnant, il avait pourtant la réputation d’être le plus doux des guerriers présent, pourquoi une telle hargne ?

«  Les citoyens sont égaux devant le conseil, s’emportait-il. S’ils souhaitent une audience qu’ils attendent !

- Paix mon brave Ilam, c’est vrai que Soren a abusé de son statut mais puisque c’est nous qui lui avons donné ne nous plaignons point. Nous vous écoutons.

Ce fut au tour de Naël de parler. Même si l’homme était ému sa voix resta claire.

- Si nous nous sommes permis de heurter les convenances c’est pour déposer une requête de la plus haute importance. Je suis Naël De Fridus, fils unique des De Fridus , lieutenant général de l’unité d’argent. Je suis le responsable de cette équipe cependant aujourd’hui je ne suis pas le plus qualifié pour vous parler. Pour une raison que je ne comprends pas je vais laisser la parole à mon subordonné Kier Dajjal.

- Voila une introduction bien intrigante, presque autant que le jeune homme que tu annonces et dont nous ignorions l’existence jusqu’à présent. Avance veux-tu jeune homme que nous puissions voir celui qui porte le nom de notre intendant.

Kiera fit trois pas pour entrer dans un cercle de lumière, derrière elle son père serrait les dents, le moment tant redouté était enfin arrivé, l’attention du conseil se portait sur sa fille. Alors que son enfant ne faisait que quelques pas Soren faisait un bond dans le temps, soudain toutes ses certitudes s’envolaient, aurait-il dû la livrer à ses employeurs lorsqu’il l’avait découverte ? Et s'il se trompai depuis le début, si sa fille n'avait jamais courut le moindre danger. Après tout ces Hommes étaient des héros, des âmes respectables et stratèges, le sexe de son enfant était un atout majeur, qui se méfiait des femmes de nos jours ? Personne. Elle aurait pu être un espion hors paire, l'un des meilleurs de l'histoire. S’il l’avait présentée elle aurait été promise à l’avenir plus brillant auquel elle aspirait tant. C’était lui qui l’avait empêchée de se réaliser, cette pensée lui traversait l’âme à chaque fois qu’elle se plaignait de sa condition sociale. Il avait été égoïste il avait préféré garder sa fille, celle qui l’avait fait renaître, près de lui, il n’avait pas voulu la partager. Alors qu’elle prenait place au centre de la pièce, il se rassura, cette enfant était sa merveille, la vie l’avait privée de beaucoup de choses, il avait souffert comme aucun homme ne le devrait, cette enfant c’était sa revanche, son bonheur.

- Ainsi tu es le fils caché de Soren ? interrogea la femme la plus à gauche.

Kiera ne broncha pas, elle s’était préparée à cette curiosité.

- En effet je suis l’enfant que l’intendant vous a dissimulé. Après la perte de sa fille il a fait le choix de ne plus exposer sa vie privée. Il m’a adopté peu de temps après avoir quitté la capitale. Pour éviter d’attirer la jalousie et la convoitise des autres il m’a laissé porter un faux nom, mais Soren est en effet mon père, aujourd’hui je suis assez fort pour assumer cette identité.

- Et en profiter, fit Ilam mauvais.

Kiera ne dit rien, elle se contenta d’un regard assassin. Un instant de silence plana, chacun songeait au choix d’un père et à la vie d’un fils, puis Aliénore reprit la parole :

- Nous avons eu vent de ton existence lors de ton mariage, le conseil te présente d’ailleurs ses félicitations. Cependant à cette époque il me semblait que tu était une femme.

- En effet, voila qui amène l’objet de notre requête. Mon union avec mon supérieur n’était qu’une ruse destinée à piéger le voleur d’éternité.

- Avec succès j’ai appris.

- Hélas non, nous n’avons pris qu’un doppelgänger.

- Fi de ces créatures voleuses de vie, pesta un des sages.

Kiera ne put retenir un sourire.

- Il y a pire que ces créatures Sérénité, il y a celle que l’on traque : les voirloups.

Un sursaut déchira l’espace des sages, au fond de la salle se tenait un tout petit homme. Il était vêtu d’une robe noire en soie aussi discrète que lui. Et alors que les sages siégeaient sous la lumière qui se déversait des verrières, l’obscurité naissait sur son bureau, de ce fait on avait tendance à l’oublier, pourtant c’était un héros de guerre, peut être le plus fort de tous car c’était lui qui avait porté le coup fatal au chef du camps adverse. Le traité de paix portait leurs sept noms mais s’il avait put voir le jour ce n’est que grâce à cet homme, à ce loup. Au nom de la créature il se redressa et se fit attentif au récit que Kiera débitait, elle sentait qu’elle avait gagné un allier de poids. Enfin, après des heures d’explications elle amena sa requête.

- La situation est grave, ce sort entrave tous nos mouvements et nous ne pouvons l’arrêter, c’est pourquoi nous aimerions lancer l’enchantement d’éclaircissement des ténèbres .

Les crocs de la justice 162