Mais toi tu l’es encore plus, tu es la première femme que je rencontre qui possède la magie des êtres, cela fait des siècles qu’un créature féminine n’a pas parcouru ces terres.
S’ils découvraient votre existence ils feraient de vous des objets d’étude, tu comprends Kiera ?
L’homme appuyait d’un regard la gravité de ses propos.
- Oui.
- Jamais tu ne devras dévoiler ta nature, une part de toi devra toujours être cachée !
Kiera se contenta de baisser la tête.
- Ça fait beaucoup en une seule fois, fit plus joyeusement l’adolescente, l’explication sur les Ninph pourra attendre. Ne t’en fais pas, nous allons nous occuper de toi. Aller il est l’heure de dormir.
Ils quittèrent la pièce après avoir ordonné le remplacement des draps à un robot ménager.
- Cela ne change rien, tu restes consignée pour le moment, cela te donnera le temps de réfléchir à nos propos. Avant de te coucher tu n’oublieras pas de t’enduire de crème et de prendre tes médicaments, arrives-tu à lire les prescriptions ?
- Non.
- Tu dois te passer de la crème sur tout le corps trois fois par jour et avaler cette pilule tous les soirs de la semaine, je compte sur toi.
- Bien.
-Bonne nuit Kiera.»
L’enfant ne releva pas, elle avait en effet besoin de temps pour peser les conséquences de ces informations.
«Tu es dur fit Anna.
- J’ai moi aussi besoin de temps pour régler mes affaires. Ma décision est prise, je ne l’élèverai pas ici, elle est trop exposée. Je pense me retirer à Arlac-Eich.
- Autrement dit en pleine campagne.
- Me suivras-tu ?
Un instant de silence se répandit autour des complices.
- Vieux filou, tu m’appâtes avec une merveille et me demande ensuite de m’expatrier ! Tu me connais trop bien, ma curiosité l‘emporte malheureusement toujours. Je te suivrais, mais tu me payeras très cher cet exil forcé !»
Soren en était sur.
Anna n’avait pas grand-chose à régler avant son départ, il fut donc décidé que c’est elle qui préparerait le voyage et le château pour les accueillir.
En pénétrant dans sa chambre l’intendant trouva un ruban bleu noué à la poignée, demain il devra en plus présenter ses condoléances à la famille d’Erwin. Calmement, presque distraitement, l’homme sortit le couteau qui pendait à sa ceinture et fit une nouvelle encoche à la poignée. « Pour ne pas oublier » murmura-t-il au silence. L’arme était déjà pleine de ces entailles, il allait bientôt devoir la changer, encore. Comme à chaque fois sa nuit fut agitée, Soren ne dormait jamais d’un sommeil tranquille.*