Centaure d'un dieu
Prologue.
Je m'appelle Aliénor et j'avais une vie, avant. Des amis, une famille, un homme, une planète que croyais être la seule à abriter la vie. J'avais peur de tout mais jamais je n'avais cru que c'était justifié. Aujourd'hui j'ai une autre vie. Ailleurs. Je n'ai plus rien de ce que j'avais. Mais ce n'est pas un problème.
Chapitre un. La valse des planètes.
Le guerrier m'agrippa par la manche et m'attira dans son monde des tristesses. Je tentai de me redresser piteusement, je patinais.
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- Pas de chance, fit-il, sarcastique, tu étais pourtant bien jolie.
Je devais rêver, mais je haïssais déjà ce rêve ! Il n'y avait que dans le monde onirique que l'on galérait autant pour se lever, mince alors !
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- Calme-toi, ordonna-t-il avec plus de chaleur, je vais t'aider. Voilà. Tu peux marcher ? Baisse-toi !
Je voulus plonger mais je chus lamentablement. Je venais enfin de me remettre sur mes pieds avec son aide, zut alors ! Je levai le nez et hurlai : une tête venait de choir près de moi. Les yeux exorbités semblèrent me fixer un moment, jusqu'au ce que le visage se liquéfiât en un liquide vert.
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- Hips !
C'était moi, j'avais toujours le hoquet lorsque j'étais choquée, stressée, heureuse ou autre. Le guerrier - Dieu merci - me releva de nouveau avant que le liquide n'atteigne le sabot que j'avais allongé devant moi. Pardon ?! J'étais devenue une jument ! Dans la vraie vie j'étais une humaine brune aux yeux noisette, affublée d'un petit ventre irritant, mais je ne voulais pas être un équidé, dans mes rêves ou ailleurs ! Je portai une main à mon visage, mais le guerrier la prit avec autorité, puis m'entraîna prestement derrière lui. J'avais une main, j'étais donc humaine ! Je baissai les yeux en galopant à sa suite. Non, je galopais, je n'étais pas une femme. Mais j'avais un ventre. Mes seins nus ballottaient sur ma poitrine. Je cachai ma poitrine de mon bras libre mais ratai alors une foulée. Le guerrier se retourna, agacé :
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- Concentre-toi, Aliénor, dans une heure nous serons plus près du Mur et tu pourras te permettre de trébucher.
Il se détourna de moi et en galopant avec autant d'aisance que j'avais eu du mal à me lever l'instant d'avant, je m'attachai à faire ce qu'il disait. Il était monté sur euh... Un lion ? Un aigle ? Un hybride ? Comment pouvait-on produire un croisement entre un lion et un aigle ? Beurk. J'accélérai pour le suivre, mais je me rendis compte que l'animal étrange s'apprêtait à prendre son envol.
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- Wow, criai-je, ne me laissez pas toute seule, je ne comprends rien à ce rêve et mourir n'est jamais drôle, même en songe ! Eho !
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- Liane, tonna l'homme, veux-tu bien te poser, bon sang on en a déjà parlé !
L'animal se posa avec un cri d'oiseau en colère, alors je continuai de serrer la main du guerrier en galopant à tombeaux ouverts. Je voulus étudier ses foulées de lion, mais je trébuchai de nouveau sur quelque-chose de mou (Qu'est-ce que c'était, mon Dieu ?), sans compter que de nouveau, le blond m'enjoignit sèchement :
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- Hé, ce n'est pas un footing ! Tout ce que je te demande c'est de faire attention à où tu mets les pieds, c'est la mer à boire, pour une pouliche comme toi, Aliénor ?
Comment connaissait-il mon prénom ? Pourquoi le sol était il gluant et vert ? L'atmosphère autour de nous sentait la mort et évoquait l'enfer, avec ses couleurs par nature répugnantes, ses odeurs à vous donner la nausée, ses formes maladives, son ambiance morbide. L'espace alentour semblait corrompu. Pourquoi fuyions-nous ? Y avait-il ici un ailleurs meilleur, ou bien le faisions-nous seulement pour satisfaire notre instinct de survie ? Pourquoi tout me semblait-il si réel ? Était-il plus ou moins beau qu'Orlando Bloom ? Impossible de répondre à tout cela, mais ça allait changer rapidement : peu à peu l'animal ralentit sa course et avant même de constater que nous étions enfin arrêtés, ma foi je faillis m'affaler au sol .