Peu à peu l'animal ralentit sa course et avant même de constater que nous étions enfin arrêtés, ma foi je faillis m'affaler au sol .
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- Hips ! Me plaignis-je.
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- Ho-là, fit-il avec chaleur. Bon avant toute chose, Aliénor : règle numéro un, tu ne tombes pas. Pas de ce côté du Mur.
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- Qu'est-ce que c'est, ce mur ? Me lamentai-je en reprenant la marche au grand trot pour le suivre, maintenant qu'il était descendu de son... truc.
Il tourna vers moi sa tête blonde, figée en un faciès chaleureux, avant de me répondre d'un ton professionnel, comme s'il avait déjà été préparé à cette conversation.
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- Je vais te faire un topo rapide. Tu es sur Xivia et non plus sur ta planète.
Sans blagues ! Je secouai la tête en me demandant si je risquais de me réveiller avant qu'il me donne des informations intéressantes.
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- J'en ai de l'imagination, hips ! Fis-je remarquer en secouant légèrement la tête.
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- Pardon ? Me questionna-t-il en s'inquiétant visiblement sur ma santé mentale.
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- Et bien, nous sommes dans mon rêve, sans vouloir te voler la vedette, Orlando... Non, tu ne lui ressembles pas, tu es blond, ton visage est plus carré, ton nez plus petit – on n'a pas idée d'avoir un si petit nez ! Ta bouche est pourtant aussi fine et euh soulève ta frange pour voir la couleur de tes yeux ?
Je notai qu'il n'appréciait pas ma volubilité. C'était un rêve, alors pourquoi refusait-il de se détendre un peu ?
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- Misère, murmura-t-il en se passant la main sur le visage... Attention !
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- Hips !
J'avais encore trébuché. C'était sans importance, si l'on considérait le fait que j'avais des sabots, enfin !
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- Bon, commença-t-il d'un ton sévère, tu n'es pas dans un rêve, Aliénor.
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- Oui, hips, c'est plutôt un cauchemar, vue l'ambiance. Tout est très sombre et le sol est dégouttant. Ah ici il n'y a plus de cette matière verte et gluante, tiens !
Je me déconcentrai en étudiant pour la première fois mes sabots ornés de corne légèrement luisante. C'était joli. Je soulevai mon antérieur droit pour regarder dessous. J'aurais bien touché mais un peu de matière verte restait collée, de telle sorte que je reposai mon pied pour ne pas y penser.
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- Bon je reprends et toi tu avances en regardant où tu poses les sabots et en m'écoutant sans oublier de me croire sur parole, ordonna-t-il d'une voix douce mais ferme. Cette planète est celle que la tienne a attaquée voilà deux ans, tu te souviens de cette époque?
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- Je ne veux pas t'offenser, hips...
Je changeai d'avis sur la substance de cette phrase lorsque de nouveau il passa une main lasse sur son visage. C'était un cauchemar mais je n'avais pas besoin de l'ennuyer avec ce détail. Il avait l'air tellement épuisé !
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- Non, je ne m'en souviens pas, répondis-je ainsi. En quelle année sommes-nous, euh...
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- Liam, m'indiqua-t-il.