Clio - Résumé

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Elle adorait Hiléria, elle se sentait malade à l'idée de ne plus jamais voir sa seconde mère.

Mallaurie se força à calmer ses nerfs, Clio allait bientôt sortir, puis ils rentreraient chez lui où il pourrait se coucher au chaud entre ses multiples couvertures, loin du froid qui le suivait dehors ces temps-ci, qui les poursuivait la jeune femme et lui-même. Il soupira en augmentant encore le chauffage de sa voiture vert métallisé. Au début il avait tenté d'ignorer le froid, ainsi que le brouillard sombre, comme il l'appelait en son for intérieur. Lorsque la brune sortit en se retournant pour saluer une dernière fois le groupe dont elle était la chanteuse, avant de le chercher de ses prunelles nerveuses, il sut qu'elle était prête pour cette discussion. A propos du froid et du brouillard. Elle attendit qu'il s'extirpe de sa place de parking pour venir la chercher jusque sur le pas de la porte du local où elle répétait avec ses amis pour un prochain concert. Il ne déverrouilla sa portière qu'à cet instant-là, elle referma la porte du local et entra dans le véhicule, puis selon une habitude bien rodée depuis quelques jours seulement, il s'empressa d'actionner le verrouillage automatique des portières. Mallaurie lui lança un regard pour voir comment elle se sentait. En croisant ses prunelles émeraudes, il lui sourit gentiment, en prenant la direction de chez lui, puisqu'elle n'avait pas demandé qu'il la porte quelque part.

• - Est-ce que cela te dérangerait que Lison vienne dormir ? Questionna-t-elle nerveusement pour la première fois.

Le rouquin sentit qu'ils se trouvaient face à un tournant. Elle n'était plus une petite fille, elle n'aurait pas dû se trouver dans une situation face à laquelle elle devait poser une telle question, normalement. Seulement voilà, non contente de craindre le noir comme une jeune enfant, Clio ne pouvait pas supporter l'idée de s'envoler, de devenir adulte. Comme son père, comme un lorialet qu'elle était à moitié. Elle gagnait sa vie, mais s'envoler dans un nid à elle ? Il savait que cela l'aurait fait paniquer.

Lui, dans tout cela, Diable, il n'avait pas trente ans ! Être père ? Non merci, pas comme ça, pas tout seul, pas d'une jeune adulte. Avec une femme qu'il aurait aimée, les traits innocents d'un nourrisson, les nuits difficiles, grandir en étant parent, oui, peut-être. Mais la situation était bien différente.

• - Une autre fois ? Comprit Clio en le dévisageant car il n'avait pas répondu.

Il secoua la tête. Bien sûr qu'il allait le faire. Lui-même n'avait plus de vie, parce qu'il passait son temps à veiller sur elle, qu'il sentait menacée. Par le froid et le noir. Elle n'était pas forcée de renoncer elle-même à son entourage. Ou bien cela deviendrait vraiment glauque. Il lança la voiture vers la rue où habitait Lison, en prenant bien garde de ne pas soupirer face à cette situation insensée.

• - Elle s'est enfuie avec le dealer, conclut Délia, à la suite de quoi sa cour roucoula comme elle en buvant du café léger dilué avec du faux sucre ainsi que du lait écrémé, dans de toutes petites tasses en porcelaine rose.

Clément serra les dents. Tout se savait dans le milieu. C'était la première fois depuis la disparition d'Hiléria qu'il acceptait de voir sa petite sœur, parce qu'il savait qu'il n'échapperait pas à cette discussion mesquine. Mais à présent l'étiquette l'avait obligé à se plier à une visite.

• - On sait toutes quelles mœurs pratique la coquine, gloussa une dinde qui n'avait de son avis jamais seulement adressé la parole à Hiléria.

Il grogna en quittant le salon ainsi que la maison sans aucune forme d'au revoir. Bloqué dans les bouchons, il sut ce qu'il lui restait à faire. Lui croyait en Hiléria, il savait qu'elle ne serait partie avec personne, pas sans lui dire au revoir. Il croyait aussi en ses choix. Donc personne ne lui avait fait de mal, pas une personne en qui elle croyait. Il opéra un demi tour serré sur une voie où c'était interdit, pour au bout d'une demi-heure, se retrouver chez son ami à tambouriner sa porte comme un sauvage.

La mine de Mallaurie lui retourna l'estomac. Soulagé que ce ne fût que lui, il le fit entrer aussitôt, en claquant la porte immédiatement, la verrouillant avec une rapidité inutile. Devant son air interrogateur, Clément le vit se détendre complètement, comme s'il était heureux que son ami trouve son attitude ridicule. Le rouquin le fit entrer, leur attrapa deux bières, puis les posa sur la table en y faisant de la place en poussant un magazine féminin ainsi qu'une paire de boucles d'oreilles. Autrefois, le brun au crâne rasé se rappela qu'il y avait là des canettes vides et quelques télécommandes.

Le rouquin se sentit tout de suite beaucoup mieux. Clio était dehors en ce dimanche après-midi, tandis que lui-même s'était pris par la main pour se renseigner sur ce qui leur arrivait, enfin, car il voulait cesser l'escalade de la peur. Voilà que Clément lui rendait une visite surprise, ce qui quelles que soient ses dispositions, était toujours plus plaisant que de se renseigner sur le froid et le brouillard. Il n'avait pas réussi à en vouloir à l'homme de les avoir accusés, ni d'être allé trouver la police, car il prenait cela comme un acquis. Il se sentait serein à ce propos : rien ne les accusait, Clio, Lison ou lui. Ils n'avaient rien fait, or il croyait en la justice.

Clio 32.