- Je vais te rappeler à qui tu parles. Goûte la puissance d’une déesse païenne.
Je plongeai dans mon pouvoir pour faire jaillir une colonne de feu vers le ciel. Je puisai dans mes forces toutes neuves. Au contact de la terre je pus me servir aussi de son énergie, elle était chaude, réconfortante, grisante. Je sentais mon esprit se dissoudre dans cette orgie de pouvoir. Peu à peu j’abattais toutes les barrières censées me protégée. Prise dans le tourbillon de ma magie j’avais perdu le contrôle. Je m’enivrai de mon pouvoir. La chaleur de l’incendie pénétrait dans tout mon être. Je touchai les limites de mon corps, celles de mon âme. Je les dépassai poussant au-delà de la douleur de la trahison, au-delà de ma vie. Je ne fus plus que magie pure. Je devins déesse. Puis aussi brusquement que ça avait commencé, ça s’arrêta. Je me retrouvai essoufflée contemplant les nervures de la pierre. J’étais bien, vide de toute émotion, de toute idée, mes blessures s’étaient consumées. Sans un regard pour les deux hommes j’allai me coucher.
Le lendemain je les trouvai dans la cuisine. Je me saisis d’une pomme et pivotai vers le curé :
- Pour ton information je n’ai jamais aimé physiquement Bo. Puisque tu persistes à abaissé ma vertu, je te ferai parvenir mes honoraires. Avec un peu de chance tu pourras les faire passer pour des frais professionnels. Et maintenant que tout est clair, je sors.
Sur ce je pris la porte mais une fois dans la cour je fus prise d’un vertige. Où aller ? La verdure s’étalait à perte de vue, pour la première fois elle me fit peur. Un pas après l’autre, nous verrons bien où cela nous mène, décidais-je. Cependant je ne pus aller très loin, deux bras m’enserrèrent :
- Je suis désolé, je suis désolé, je suis désolé…
Noa m’avait rejointe, bloquée contre son torse il m’avait totalement immobilisée, dans mon cou je devinai ses larmes couler. Doucement je me hissai sur la pointe des pieds cherchai sa bouche et la trouvai. Ainsi enlacés nous nous embrassâmes.
- Arrête de m’insulter, c’est vexant à force.
Il allait recommencer sa mélopée, mes lèvres l’arrêtèrent.
- Une dernière fois, je te pardonne une dernière fois.
Ses bras me serrèrent plus si c’était possible. Le temps s’écoula et nous rejoignîmes le doc à l’intérieur.
- C’est réglé, tant mieux. Au fait comment tu as fait pour hier ?
- J’avais disposé les pétards dans le jardin pour fêter nos retrouvailles, j’avais prévu de les faire allumer la nuit de vendredi, la météo était parfaite, mais padre m’a énervée avant. J’étais tellement en colère que je m’en suis prise à Dieu, comme toujours dans ce cas là, mais encore une fois il a fait la sourde oreille, alors j’ai fait exploser les feux d’artifices pour attirer son attention. Ce fut un échec, mais j’avais besoin de m’abrutir de sons et de lumière, j’espère que tu as aimé.
- J’ai adoré! Le feu, les éclairs, c’était classe ! Il doit être extrêmement doué ton oncle.
- C’est le meilleur, affirmai-je avec un clin d’œil.
Noa nous contemplait d’un œil sombre.
- Comment peut-il croire cela ? M’interrogea-t-il.
La vraie question était pourquoi lui n’y croyais pas.