La louve et le prince, tous les articles.
La louve et le prince, résumé.
Prince grogna, lorsque je parvins au plus bas , mais je revins rapidement me coucher à sa hauteur. Il se mit sur le coude pour quémander, malicieux :
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- Montre-moi autre chose.
Un instant, la panique me submergea. J'avais quinze ans, j'eus envie de le hurler, pour qu'il devienne ce qu'il attendait de moi. Il le lut dans mes yeux, aussi me donna-t-il ce genre de longs baisers, qui noient vos craintes en vous laissant pantelante. Mes mains s'aventurèrent à l'assaut de son corps, plus audacieuses qu'elles ne l'avaient jamais été. D'instinct, il les guida bientôt un court instant, puis les siennes prirent elles-mêmes leur envol sur ma peau claire. Le vacarme de ma respiration emplit la chambre lorsqu'affolée, je connus un plaisir inopiné mais puissant. Lui ne respirait pas, les vampires n'en avaient pas besoin. Je l'attirai à moi et l'embrassai avant de prendre une position rassurante entre ses bras, une jambe entre les siennes.
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- Facile ? Souris-je contre son torse froid.
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- Il me reste encore à apprendre, chuchota-t-il, la voix rauque.
On entendait qu'il sombrait déjà dans le sommeil. Alors je me hâtai d'ajouter :
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- J'ai du mal à trouver les mots...
Il émit un grognement satisfait en m'embrasant le front. Effectivement, c'était une excellente façon d'exprimer ce que j'avais voulu dire. Je bénis sa mère intérieurement, il avait changé du tout au tout ce soir là. L'instant d'après, je m'éveillai et une lumière aveuglante agressa mes pauvres yeux bruns.
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- Quelle heure est il ? Baillai-je profondément.
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- L'heure d'aller se laver, répliqua-t-il, alerte. Viens avec moi.
Il m'attendit patiemment, puis me mena par la main jusqu'à la salle de bain. Je fus submergée de tendresse. La pièce était parsemée de bougies, ne laissant qu'un chemin vers un bain fumant. La buée nous entourait d'une ambiance romantique. Nous nous glissâmes avec délice, dans l'eau parfumée de divers sels et parfums. Nous ne dîmes rien pendant de longues minutes, goûtant l'instant présent. Prince et moi nous lavâmes mutuellement, tandis que je méditais sur l'échappée belle de feu ma pudeur. Pourquoi ? Soudain, j'eus l'intuition que c'était important.
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- Prince ? Je crois que les Dieux me préparent à quelque chose. Je me sens changer.
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- N'aie pas peur, belle ange, murmura-t-il sur ma joue avant d'y poser un baiser volatile.
Je me laissai bercer par ses paroles, mais bientôt, tandis que je passais la robe blanche prêtée par Yule, je réalisai que j'allais rencontrer... mes futurs beaux parents. Une boule se forma dans mon estomac, pourtant je tins bon. J'avais le sentiment que j'avais déjà fait le plus gros la veille. La mère de Prince, une panthère noire aux yeux d'or, me voulait pour son fils. Lui aussi me voulait à ses côtés. Le reste importait peu.
Nous entrâmes à la salle à manger. Un elfe, de dos mais reconnaissable à ses longues oreilles, préparait quelque chose au dessus des plaques électriques. Prince alla l'embrasser et l'homme me fut encore moins visible. Ils se mirent à murmurer des paroles inaudibles sur un ton égal, avec un demi sourire. Je compris ce qui clochait. J'avais cru à des retrouvailles bruyantes et exubérantes. On en était bien loin. L'homme abandonna la poêle sur un dessous de plat, posa un baiser sur mon front et quitta la pièce sans un regard en arrière. J'en restai interdite.
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- Respire, sourit Prince.
Je m'exécutai, effectivement cela faisait du bien.
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- Enfin, pourquoi...? M'affolai-je d'une toute petite voix, mais il me coupa avant la fin de ma phrase :
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- Les parents de Yule sont des êtres d'une sagesse sans égal. Ils ont été choisis par les Dieux pour avoir cette attitude avec moi. Rappelle toi, les Dieux ne voulaient pas de parents poule, qui m'auraient entravé dans ma destinée. Luciane et Célia sont des gens bons, ils m'aiment et je le leur rends au centuple, mais nous avons des relations distantes. Cela a toujours été ainsi. C'est leur caractère. Jamais un mot n'est prononcé plus haut que l'autre, jamais une dispute n'éclate, jamais le bonheur ne se crie en ces murs. Tout est comme tu viens de le voir ce matin.
Je me gardai bien de dire quelque chose. C'était triste à mon sens, d'autant que Yule et Prince n'étaient pas comme cela, alors cette attitude devait les rendre malheureux. Mais cela ne me regardait pas. Une partie de moi ne put d'ailleurs s'empêcher de déclarer qu'elle sortirait Prince ce cet univers aseptisé. Mais elle le fit en silence.