La louve et le prince, résumé.

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- Jamais un mot n'est prononcé plus haut que l'autre, jamais une dispute n'éclate, jamais le bonheur ne se crie en ces murs. Tout est comme tu viens de le voir ce matin.

Je me gardai bien de dire quelque chose. C'était triste à mon sens, d'autant que Yule et Prince n'étaient pas comme cela, alors cette attitude devait les rendre malheureux. Mais cela ne me regardait pas. Une partie de moi ne put d'ailleurs s'empêcher de déclarer qu'elle sortirait Prince ce cet univers aseptisé. Mais elle le fit en silence.

Bientôt Yule nous rejoignit pour déjeuner avec nous. Nous convînmes de passer la journée à aller lui acheter un nouveau cheval, puisque le sien lui avait été dérobé par les gnomes, mais aussi à me composer une petite garde robe. Prince tenta de la convaincre que c'était inutile, car je vivrais comme lui de la générosité des gens, mais elle ne voulut rien entendre. Je vous laisse en juger :

• - Yule, Tarah passera sans arrêt de sa forme humaine à sa forme animale, semant ses affaires derrière elle à chaque fois !

• - D'un, cela lui fera du bien d 'avoir ses propres affaires, de deux, elle pourra les laisser ici, ainsi elle pourra revenir les chercher régulièrement. C'est important pour un femme, Prince.

Ils se tournèrent vers moi mais je n'eus pas le temps de prendre une décision, mes yeux devaient en dire plus long que mon esprit :

• - D'accord, dit-il, je vois que ça te ferait plaisir.

Nous sortîmes et soudain la vraie vie me revint :

• - Mais ne dois-tu pas aller travailler, Yule ?

• - Tant que je n'ai pas montré le bout de mon nez, je ne suis pas encore rentrée, exposa-t-elle avec un clin d'œil.

• - Oh. Et comment se fait-il que Célia n'ait pas été là ce matin ?

Non que son père m'ait donné envie de rencontrer sa mère, mais tant qu'à éclaircir des questions qui me taraudaient...

• - Elle est au Conseil, m'apprit-elle avec un haussement d'épaules.

• - Vous travaillez tous dans la politique? M'étonnai-je, vaguement troublée de réaliser que vivais avec le gratin de la population elfique.

• - Oui, à différents échelons. Avant que tu demandes, mon père a pris quelques jours de congé.

A mesure que je revenais aux choses matérielles de la vie ordinaire, plus de questions m'apparaissaient, dont je me serais bien passée.

• - Et nous n'avons pour notre part rien pour payer mes vêtements ! M'affolai-je ainsi.

• - Je vais répéter, rit Yule : Nous travaillons tous dans la politique. Nous avons plus d'argent que nous pourrons jamais en dépenser.

Cela expliquait le luxe de la maison, ainsi que l'ampleur des cadeaux dont m'avait parlé Prince. Le trouble ne me quitta pourtant pas encore.

• - Comment se fait-il qu'ayant un tel emploi tu vives encore avec eux ? Interrogeai-je encore.

• - Les elfes sont ainsi, m'expliqua Prince. Les enfants ne quittent le nid que quand ils trouvent leur moitié, ce qui peut être très long, à l'image de leur espérance de vie.

Soudain, le célibat de Yule me sauta aux yeux.

• - Que se passe-t-il avec les hommes ? Questionnai-je, enfin détendue et complice.

Elle gloussa, gagnée par le même élan de sympathie :

• - Je me méfie d'eux comme de la peste. Si je les écoutais, je serais mariée avec quinze d'entre eux depuis dix ans.

• - Tu as des propositions depuis l'âge de... de puis que tu as mon âge, calculai-je.

J'écarquillai les yeux. Avant que j'aie pu analyser ce qui faisait une drôle d'impression, elle expliqua encore :

• - Je suis fille de deux politiciens. Ça aide. Et justement je cherche celui qui m'aimera réellement, moi et pas celle qui mène les affaires des elfes.

Moi qui étais fille de chef de meute dissident, je voyais exactement ce dont elle avait fait l'objet. Voilà ce qui m'avait tellement troublée, un instant auparavant. Même si parmi les lycans, c'étaient les parents qui s'occupaient de tout cela, pour leur fillette à peine nubile, qui se contentait de sourire en affrontant la vie, comme aucune adolescente humaine n'avait jamais à le faire.

• - A quoi reconnaît-on ce genre d'hommes ? Fis-je pour me détacher de mon amertume et en revenir à la brune créature.

• - Je me tue à le lui faire remarquer ! Triompha Prince, rappelant sa présence que nous venions d'oublier.

La louve et le prince 52.