La louve et le prince, résumé.
La louve et le prince, tous les articles.
Peu à peu je me repris ; la meilleure preuve en fut en réalité que je parvins enfin à me taire. Épuisé il s'était rendormi, je ne pus donc pas lui demander ce que les Dieux avaient dit. Je songeai que je lui poserais la question dès qu'il ouvrirait les paupières, car j'étais certaine de ne plus pouvoir fermer l'œil, de peur qu'il ne lui arrive malheur. Mais je dus m'endormir aussitôt.
Il faisait grand jour de l'autre côté de mes paupières, lorsque j'émergeai doucement d'un sommeil agité. Je m'accordai encore quelques instants. Je songeai qu'il paraissait étrange que Prince ne m'ait pas encore réveillée. Il n'était pas près de moi. J'ouvris grand les yeux, soudain prise de panique.
-
- Prince ? Appelai-je affolée.
La chambre était vide, mais du bruit provenait de la pièce attenante.
-
- Je suis là, répondit-il depuis la salle de bains. Viens, Tarah, l'eau est encore chaude.
Quelques secondes après, j'ouvris la porte et tombai en arrêt. Cet homme était magnifique, avec ses cheveux ébènes et trempés, sa peau ambrée, ses yeux dorés, ses sourcils droits et bien éloignés, ses pommettes saillantes, sa bouche ronde. Je fis précipitamment passer mon déshabillé au dessus de ma tête et me glissai au dessus de lui, dans l'eau qui sentait bon la rose. Il se redressa pour m'embrasser avec application. Cet homme était beau et cet homme m'aimait.
-
- Je suis la femme la plus gâtée au monde, souris-je assez mièvre.
Cela lui inspira un sourire de matou supérieur.
-
- C'est vrai, sourit-il ainsi. Tu vas descendre chez les gnomes ce soir, mais ce sera aux bras d'un type qui sait où il va.
Je haussai bien haut les sourcils, surprise de ce retournement de situation, alors que je n'avais finalement rien fait pour l'obtenir.
-
- C'est de cela que t'ont parlé les Dieux cette nuit ? Déduisis-je de ce dont j'avais été témoin durant la nuit.
Il opina d'un léger mouvement de tête, avant d'expliquer posément :
-
- Je sais précisément où nous devons aller, je connais même des mots de passe Ainsi, nous arriverons directement chez le chef, jusque dans sa chambre, ce qui en soi sera la preuve que les Dieux sont avec nous. Il sera donc forcé de nous écouter, puis de nous aider. Enfin moi du moins, parce que toi tu peux parfaitement rester réchauffer le lit et préparer le meilleur câlin que tu m'auras jamais donné.
Au fond de moi, je devais admettre que cette solution me paraissait bien tentante. Mais a présent que les Dieux m'étaient venus en aide, je n'étais plus prête à reculer :
-
- Rêve, souris-je simplement.
Il eut une mine espiègle, puis me fit rouler de telle façon que je fus entièrement trempée l'instant d'après. Après le bain, le vampire asséna durement :
-
- Tu ne connais rien de ce monde, petite louve.
Une boule se forma dans ma gorge de petite fille, les mots s'y bousculèrent mais aucun n'en sortit.
-
- Tu vas en découvrir un peu plus, conclut-il énigmatique, en m'entraînant vers les écuries où nous sellâmes Rubis en silence.
Nous sortîmes des profondeurs de Terra, puis partîmes dans un galop effréné. Les mouvements saccadés de l'étalon albinos tendirent mon corps en détendant mon esprit. Le vent fouettait mon visage, les bras de Prince m'étreignaient, je me sentais bien. Deux heures après nous stoppâmes sur les instructions de Prince.
-
- Restons au pas et ne parlons plus. C'est ici qu'elles viennent boire.
C'étaient des créatures équines, mais ce n'étaient pas que cela. Leur longue corne frontale paraissait fondue dans la nacre. Leur pelage semblait plus soyeux et brillant que celui de n'importe quel équidé, leur grâce était incomparable avec quoi que ce fût sur Terre et peut-être même sur Terra.
-
- Elles ne boivent qu'à un seul endroit ? M'intriguai-je une fois ce trouble dissipé. Mais pourquoi cela ?
Le sourire de l'immortel s'élargit devant ma réaction, mais il fit signe de ne plus parler.
-
- Tu vas le voir. Contente-toi de regarder, petite louve.