La louve et le Prince.
(suite du péché pour leur vie)
Prologue.
L'elfe se pencha sur ses jumeaux. Son mari venait de terminer l'histoire du jour et les petits dormaient à poing fermé. La jeune maman posa sur lui ses yeux pleins d'amour, en lui demandant, curieuse :
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- Alors que leur as-tu raconté ce soir ?
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- Notre histoire, amour.
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- Oh, mais ne t'ont-ils pas dit que je l'ai fait hier soir ?
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- Non, sourit le jeune père, mais il faut dire que je suis parti du début, avant notre rencontre.
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- Et où se situe le début, pour toi, mon ange ?
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- Je vais te raconter une histoire, fit-il énigmatique.
L'elfe attira son époux dans leur chambre, et à la lueur des bougies, se laissa conter comme une enfant l'histoire qu'elle connaissait déjà, mais dont elle ne se lasserait jamais, pourtant elle la connaissait encore mieux que celui qu'elle aimait. Intriguée elle le vit se mettre dans la peau de Tarah, mais au fil du récit elle comprit comme c'était pertinent.
Chapitre un. La guerre.
L'impression qui avait dominé le changement de monde, ressemblait probablement à la sensation de chute. J'avais été persuadée de ne pas y survivre, aussi avais-je hurlé tout mon soul.
Mais j'atteignis le sol et me recroquevillai lentement, mon corps répondant difficilement à mes efforts. Je pleurais à chaudes larmes, aussi mis-je assez longtemps à comprendre qu'on me parlait.
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- Ouvre les Yeux, Tarah, nous sommes arrivés. Je sais que c'est désagréable, mais tu n'as rien de cassé, c'est la peur qui paralyse tes muscles.
Prince avait parlé doucement, affectueusement, comme on parle à une fillette qui vient de perdre son jouet préféré. Je retins d'abord les larmes suivantes. Puis je reniflai, tant pis pour les bonnes manières. Enfin j'ouvris les yeux et sortis ma tête d'entre mes genoux. Ah oui, quand je vous dis que j'étais en position fœtale, c'est que vraiment j'étais recroquevillée. Prince était là, devant moi, assis à genoux, les deux mains sur ses jambes pliées. Il n'était pas vêtu comme la dernière fois que je l'avais regardé. Nous étions à mon mariage civil, à ce moment là, et il était en costume. Il avait annoncé à l'assemblée que mon époux n'était qu'un traitre, qui n'en voulait qu'à la couronne. Car j'étais déjà mariée pour le royaume des loups garous. Mais cette union n'étant pas reconnue par le Droit, j'avais avec la bénédiction de mon mari, épousé Lorenzo devant le maire. Mon mari, Kenzo, un loup garou, aimait une autre femme, Callista, un vampire au demeurant. Vous voyez le joyeux bazar qu'avait été ma vie autrefois. Le mariage avec le roi des loups avait servi à unir mon clan au sien, mais c'était tout. J'avais cru pouvoir enfin être heureuse avec Lorenzo, mais...
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- Prince, m'emportai-je, tu viens de m'enlever à l'homme que j'aimais !
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- Tarah, fit-il patiemment, je suis Celui qui sait, tu te rappelles ? J'ai su clairement que c'était un traitre, et que par ailleurs on avait besoin de toi ici, dans mon monde.
Celui qui savait, c'était lui, Prince, un félin de lune, par ailleurs (un loup garou version panthère, en réalité). Il se voyait averti de prophéties depuis toujours, son âme étant immortelle, c'était le cas depuis les origines de son monde. Où j'étais censée avoir atterri ici avec lui à l'instant.
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- Tu me fais confiance ? Fit le jeune homme.
Il était brun, ses cheveux se plaçant naturellement en arrière, ses pommettes étaient saillantes, sa bouche était ronde, et ses yeux, dorés, rappelaient la panthère sous la forme de laquelle je l'avais connu jusque là. Il était en vacances dans mon monde, les Dieux parfois sont ainsi miséricordieux pour ceux qui les servent. Or c'était son travail à lui que de les servir. Depuis presque deux mille ans, il avait donc coulé des jours tranquilles auprès de Callista, qui avait découvert sa nature en même temps que moi, à savoir il n'y avait pas une semaine. Ses épaules comme son menton étaient étroits, ses sourcils, droits et éloignés, et sous la peau ambrée de son torse on devinait les muscles. Il avait juste un pantalon kaki rudimentaire. Ce qui m'amena à me pencher sur ma propre tenue. J'avais un... tissu, drapé par la force divine me sembla-t-il.
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- Oui, répondis-je vaguement, parce que je crois qu'effectivement nous ne sommes plus... sur Terre. Où sommes nous ?