Le destin des immortels - nouvelle publication

Elle s'endormit aussitôt.

La journée suivante passa comme la précédente. Sloan souffrit en silence, à l'exception de quelques crises dont Shalimar feignit de ne pas s'inquiéter.

• - On sera attaqués, lâcha-t-il en se laissant glisser à terre peu avant l'aube. J'en ai l'intime conviction.

• - Malgré les menaces de leur chef ? Ce serait très courageux, mentit-elle.

• - Mais ça arrivera.

• - Je ne te lâcherai pas, assura Shalimar.

Sur ces mots elle posa un baiser sur son front puis se coula dans sa forme de louve, et dans le sommeil à peu près simultanément, dès que Sofiane les eût rejoints. Le soir elle s'éveilla brusquement pour s'apercevoir que l'on se préparait déjà à repartir.

• - Ça ira? Interrogea-t-elle Sloan, qui paraissait au plus bas.

• - Je ne sais pas, avoua-t-il.

•  

  La vampire se sentit impuissante. Plutôt que de prononcer de creuses paroles, elle l'étreignit un court instant. Il la retint lorsqu'elle voulut s'en séparer, mais elle ne le laissa pas faire. Devant la meute, elle ne pouvait pas. Cela la courrouça.

La jument, heureusement, paraissait plus résistante que lui. Sofiane devait l'avoir choisie en connaissance de cause, supposa la vampire. Elle la lança derrière la meute. Mais quelques heures plus tard, shalimar s'aperçut que celle-ci ralentissait. Bientôt elle put interroger Sofiane, qui avait repris forme humaine. Un vampire lui murmurait quelque-chose à l'oreille, qu'elle n'entendit pas. Son chef s'apprêta à descendre la ligne à pied mais elle l'interpela :

• - Qu'est-ce qu'il y a, Sofiane ?

Il prit la peine de venir le lui murmurer sous l'œil mauvais de celui qui lui avait donné l'information.

• - Descends. Avec l'effort ils ont faim, m'expliqua-t-il alors que j'étais à ses côtés, tout un groupe demande à ce qu'on s'arrête manger. Mais s'il faut s'arrêter dans un village tous les deux jours on mettra un mois à arriver !

• - Ils mentent, Sofiane, ils n'aiment pas Sloan et ils aimeraient bien le lui faire payer, c'est évident.

• - Tu ne le sens pas parce que tu es à cheval, Shalimar, mais moi non plus, je ne cracherais pas sur du sang là tout de suite. Courir toute la nuit creuse de même que le fait d'être en loup. Je vais négocier, ne t'inquiète pas.

• - Sofiane !

Il fit demi tour, impatient.

• - Merci, sourit-elle.

Il vint chercher un baiser, juste une petite chose légère mais troublante. Un peu embrumée elle s'appuyai à Lady-Faith.

• - Qu'est-ce qu'il y a? Voulut savoir Sloan.

• - Il y a un blessé au fond, mentit-elle pour ne pas l'inquiéter.

On ricana derrière eux.

• - C'est moi ou ce loup vient de se moquer de nous ? S'inquiéta le jeune homme.

• - C'est ton imagination.

Le loup devint homme, puis il regarda l'humain de haut, ce qui le fit reculer d'un pas. Il se cogna à la jument, qui s'ébroua.

• - Ton odeur nous donne faim, puisque tu veux savoir. On dépense des masses d'énergie et on ne serait pas contre savoir si ton sang a le goût de l'odeur.

• - Essaye, cracha Shalimar.

Elle se sentit tendue, les lèvres retroussée, les poings serrés. L'immortel, plus grand qu'elle, grognait doucement, les yeux plissés.

• - Je vais attendre l'accord de mon chef, nul doute qu'il finira par comprendre qu'à nous tous, si on veut quelque chose, alors on l'obtiendra. A vous deux, j'aimerais bien voir comment vous retiendrez la meute. On a un humain avec nous, alors qu'il coopère à l'effort.

• - Si vous tous demandez ne serait-ce qu'une gorgée, il aura tellement coopéré que vous le laisserez raide, ne me prends pas pour une écervelée.

Il prit un air si méprisant qu'elle souhaita le lui arracher du visage de ses propres ongles.

• - Voilà pourquoi tu nous avais quittés, alors, pour fricoter avec des humains en paix ? Qu'as-tu fait à Sofiane pour gagner le droit de le faire dans son propre appartement, Shalimar ?

• - Je ne fricote qu'avec mon époux, d'un, de deux comme il vous l'a conté c'est un enchaînement qui nous a menés là et... Et puis merde, haussai-je le ton, je suis mariée au chef des vampires, d'où dois-je me justifier devant ses sujets ?

• - Parce que s'ils ne comprennent pas tu perdras ton humain, sourit l'homme, carnassier, cela étant, je crois que tu perdras la bataille de toute façon.

Elle se sentit terriblement seule. Elle ne pouvait pas se battre, ou Sloan serait aussitôt réduit en charpie. Son chef de meute se matérialisa enfin à côté d'eux. Alors elle se sentit mieux. Même si elle savait que c'était illusoire.  

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