Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 août 2009 7 23 /08 /août /2009 22:47

Lien Le péché pour leur vie pour les nouveaux venus.

Extrait précédent :  Début du péché pour leur vie


  - Tu as tenu cinquante minutes, avec en moyenne une difficulté un peu plus importante que la dernière fois, ce qui est quatre minutes de plus que la fois précédente, si j'en crois ton dossier. Bonne amélioration puisque l'escrime est ton point faible. Maintenant les conseils.

Il prit des sangles pour attacher nos bras sous mon regard interdit. Tout contre lui, je travaillai, menée par son corps, les passes que je maîtrisais mal, encore et encore, jusqu'à ce que ce soit moi qui guide nos bras liés. Enfin il nous détacha puis nous repartîmes à notre danse avec la mort. L'épée finit par m'échapper. Haletante, je voyais des étoiles comme souvent. C'était mon point faible depuis le début, mais Dieu merci, mes absences ne survenaient jamais pendant mais après l'entraînement. Ainsi cela ne portait pas atteinte à mes évaluations, d'autant que souvent, comme à cet instant, je faisais en sorte que personne ne les remarque. Je le fis répéter ; interloqué il s'exécuta.

  • - Tu as duré moins longtemps que tout-à-l'heure de cinq minutes, mais la difficulté était bien supérieure. Je vais noter que tu as stagné. Tu paniques quand la fatigue va l'emporter. Tu fais des fautes qui pourraient être évitées, alors. Tu aurais pu légitimement manquer la passe suivante, mais là l'épée t'a échappé. Je n'y suis pour rien, au surplus. Il vaut mieux garder ton sang froid, même si c'est pour une seule passe supplémentaire. Ce sera peut-être celle-ci qui te sauvera. On continue. Salle d'agilité.

Sonnée, je compris que ces deux heures n'étaient qu'un début. L'entraîneur m'expliqua le parcours d'agilité puis je partis au pas de course. La salle d 'agilité était une immense verrière avec arbres, obstacles, cordes nouées, plates-formes, tubes, mur d'escalade, bassins de profondeurs et de formes inégales. Le parcours que le jeune homme m'avait expliqué comptait tout le matériel, chose que je n'avais jamais tentée. L'ordre dans lequel je devais réaliser les exercices était assez insensé. Non seulement ce serait difficile, mais de surcroît, j'aurais du mal à m'en souvenir. Ce qui était exprès, la mémoire devant être travaillée elle aussi. D'abord je dus monter à un arbre, puis bondir sur une plate-forme et de là, en haut de la corde nouée. J'eus à la descendre, me glisser dans un tube, gagner l'autre extrémité en me contorsionnant, piquer un sprint jusqu'à un obstacle, le franchir, passer un bassin où je n'eus qu'à peine pied en son centre, monter une autre corde, me balancer pour atteindre une plate-forme, puis j'eus un trou de mémoire.

  • - Je ne me rappelle plus ! Hurlai-je, les poumons en feu.

L'entraîneur me dicta la suite au fur et à mesure. Arbre D, plus basse branche. Saut dans le bassin A, sorte de puits que j'eus peur de rater. Je remontai à la surface les yeux exorbités, j'avais craint de manquer d'air.

  • - Sprint vers les obstacles A, entendis-je alors que j'étais encore dans les escaliers qui me ramèneraient hors du puits. Éviter le bassin C à la réception.

Le dernier saut était donc en longueur. Je ratai puis stoppai puisqu'aucun ordre ne suivit.

- Une moyenne de sept minutes par exercice, c'est la même que lors de ta dernière performance, mais le parcours était plus long, donc je note une petite amélioration. Même remarque que tout-à-l'heure, tu paniques. Prends confiance en toi. Démonstration : pourquoi à ton avis as-tu raté le dernier exercice?

  • - Je n'ai pas su gérer ma respiration. J'étais hors d'haleine, répondis-je la voix encore rauque.

  • - Pas du tout. C'était parce que ce n'était pas faisable. Ça se voit pourtant.

Je me tournai vers l'obstacle suivi du bassin. Ils étaient espacés d'environ deux mètres et le bassin en faisait bien une dizaine. Effectivement, ce qu'il m'avait demandé paraissait impossible.

- L'agilité est ton point fort d'après ton dossier et en effet je n'ai pas grand chose à ajouter. La prochaine fois je ne veux plus voir cette peur sur ton visage. Équitation.

Bon me dis-je, fais-toi à l'idée, Cristal, il va te faire enchaîner un entraînement de vingt-quatre heures d'affiliée. Est-ce qu'il va me laisser petit déjeuner au moins ? Me demandai-je en constatant qu'il était quatre heures trente du matin. On allait faire un cross, c'est-à-dire un parcours dans un champ, constitué d'obstacles naturels. Je sellai la jeune pouliche récemment arrivée au château qu'il m'indiqua. Je ne l'avais jamais montée. Il m'expliqua le parcours tandis que je me préparais au grand frisson. C'était concis mais d'après mon expérience ce serait risqué. Comme il me l'avait indiqué je menai la pouliche en haut du terrain, là où il était le plus pentu. Je montai en selle et elle commença par ruer plusieurs fois. Je la lançai au galop depuis l'arrêt et tout de suite constatai que ses foulées se révélaient inégales. En clair son galop était aussi désordonné que désarçonnant. Je me tins en suspension (debout sur les étriers) mais même ainsi son comportement me rendait la chevauchée difficile. Elle dévala la pente bien trop vite pour que cela s'arrange. Le premier obstacle avait beau se trouver bien en face, ainsi qu'à la perpendiculaire, je savais donc qu'elle refuserait de le sauter. Cela malgré l'impulsion que je donnai pendant les dernières foulées, totalement inutile vue la vitesse folle à laquelle elle galopait sur le sol un peu glissant du terrain, mais seulement destinée à lui expliquer qu'il fallait sauter coûte que coûte. Bien encadrée par mes jambes et mes mains (c'est à dire que je lui donnais des ordres stricts), elle ne put se dérober de côté (éviter l'obstacle, j'essaie de ne pas vous perdre en route), alors elle le percuta, puisqu'elle ne voulait pas le franchir.

Je lui fis faire demi-tour après correction puis recommençai. La troisième fois je descendis de cheval pour lui faire faire le tour à pied. Je ne regardai pas l'entraîneur, essayant de faire comme s'il n'était pas là. Je devais passer ce foutu obstacle d'un mètre et j'allais y parvenir. La jument tremblait, couverte de sueur. Tant qu'elle serait dans cet état cela ne marcherait pas. Je flattai ses flancs jusqu'à ce qu'elle se fût calmée. Je remontai en selle puis fis quelques exercices de dressage pour faire diversion. Ensuite je sautai un obstacle plus bas avec succès. Je fis une nouvelle pause et partis de loin, doucement d'abord, sur l'obstacle qui posait problème. Puis je lui offris une accélération. Les chevaux aiment galoper sur un terrain de cross, parce que se trouver dans un champ leur donne envie de s'amuser. Elle refusa encore.

Nouvelle correction. Nouvelle pause. Je la laissai même brouter un peu. Puis je réessayai. Au bout de la quatrième fois je me demandai combien de temps encore l'entraîneur allait-il me laisser rater. Inlassablement je fis de nouveau une pause ainsi que d'autre exercices quand la pouliche eut retrouvé son souffle mais aussi son calme. Puis sans transition je la ramenai sur l'obstacle. Je ratai encore et réessayai après un large demi tour. Elle sauta. Ce fut fait dans les règles de l'art. J'étais arrivée en ordre (c'est à dire que les mouvements de la pouliche avaient été réguliers, et non désordonnés), et la vitesse était moindre maintenant que la fougue du début était calmée par l'effort. Pourtant elle tomba à la réception (autrement dit, tout de suite après le saut). Elle m'écrasa la jambe mais je pris sur moi pour ne pas hurler. Je l'empêchai de fuir en récupérant prestement les rênes. Elle était dans un état catastrophique, alors je la fis marcher doucement. Je me demandais quel degré atteindraient les foudres de l'entraîneur quand je lui dirais qu'il était hors de question que je fasse le parcours en entier.

Quoique. Je finis cette balade à pied et montai de nouveau, essuyant de nouveau plusieurs ruades. Les exercices de dressage ne posèrent pas de problème. Je posai la barre d'un obstacle au sol. La pouliche ne devait pas rester sur cette impression sinon elle ne voudrait plus jamais sauter. Je lui fis passer ce faux obstacle sans problème. Puis je montai la barre de quelques centimètres et la fis sauter au trot. Parfait. Je montai un peu plus significativement l'obstacle et l'animal fit un refus. Je retentai plusieurs fois de suite et à la cinquième elle sauta sans encombre. Ensuite je répétai l'exploit en montant la barre très progressivement. Les cinq derniers centimètres précédant la hauteur où elle étai tombée posèrent plus de problèmes mais au bout de six fois elle sauta. Je m'empressai de hausser pour la dernière fois la barre. Je mis quarante minutes à essuyer refus sur refus, intercalés de pauses et d'autres exercices. Finalement elle sauta et se réceptionna sans problème.

La surprise faillit me faire oublier la suite du parcours. Mais après un instant de flottement je lançai la pouliche à l'assaut du parcours d'agilité qui suivait. Je ne renversai rien lors du slalom que je fis le plus vite possible. Je m'étais attendue à un refus sur le mur qui clôturait le parcours mais elle l'avala sans encombre.

J'essuyai la sueur de mon visage sur le chemin qui me mena jusqu'à l'entraîneur.

- A ton avis d'où viennent les difficultés sur le premier obstacle ? Me questionna-t-il d'emblée.

J'avais eu le temps d'y réfléchir pendant les deux heures que j'avais passées dessus.

- Elle n'a jamais sauté si haut ? Suggérai-je.

- Elle n'a jamais sauté tout court. Tu apprends vite.

- Elle ou moi ? Souris-je.

- Je note donc une nette amélioration sur cet exercice mais une atteinte au règlement, dit il très sérieusement.

J'attendis l'explication, ici poser une question était mal vu. Mais il posa sur moi des yeux qui demandaient ce que j'attendais pour contester.

- Pourquoi ? Questionnai-je donc.

- Flagrant délit de sens de l'humour. As tu déjà vu quelqu'un rire ici?

- Pas devant un entraîneur.

Il hocha la tête et je retins mes autres questions, ici on ne rigolait pas avec le règlement et je maintiens qu'ici on ne posait pas de questions.

- Pour les conseils, si tu vois que ta monture a une démarche désordonnée il faut la travailler. A part ça tu as une bonne monte (expression équestre signifiant que je me débrouillais bien sur le dos d'un cheval), et à cheval tu n'as pas froid aux yeux. Ou alors tu ne le montres pas, ce qui revient au même. C'est terminé pour ce soir.

 Je partis desseller la pouliche. Lorsque je gagnai le château, le soleil se levait en cet hiver dont je ne sentais absolument pas la rigueur. J'avais toujours chaud, que ce soit à l'intérieur où les pièces étaient agréablement chauffées, ou dehors, en entraînement. Je croisai les autres recrues sur le seuil du château. Je travaillai sur moi pour ne pas avoir peur, l'entraîneur t'a dit de ne plus paniquer. Vous avez dû remarquer que je ne m'émouvais pas de ne pas connaître son nom. C'est parce qu'en ces murs personne sauf les recrues entre elles ne s'interpellait. On s'entraînait et ensuite on retournait devant l'entraîneur qui nous donnait les conseils et le verdict : progrès ou échec. Le nom des entraîneurs était peut être secret, en tout état de cause il ne nous était pas donné et comme on ne posait pas de questions en ces murs, on ne le connaissait pas.

Je suivis donc la file jusqu'à la salle de combat rapproché. Mais un entraîneur me glissa froidement de rentrer me reposer. Interloquée je fis demi tour. On s'entraînait toujours les uns avec les autres, c'était la première fois qu'on me séparait d'eux. Je passai pour rejoindre mes appartements devant le bureau de la présidente. Des éclats de voix me parvinrent, chose qui ne m'était jamais arrivée non plus. Ici on parlait d'une voix neutre. Je regardai à droite et à gauche et collai l'oreille à la porte. Je tressaillis en entendant la voix de mon entraîneur. Je n'entendais pas tout et en particulier la voix de la présidente ne tonnait pas assez pour que je comprenne ce qu'elle disait, mais je saisis, de sa part à lui, « inutile... entraînement...épuisée », «Nécessaire...la connaître », « règlement...ferai quand même », « alors quoi... me virer... Maman? ». La présidente cria assez fort pour que je comprenne « Sors d'ici, Aiden! ».

Précipitamment je m'éloignai, bondissant sur la pointe des pieds. Un bond plus tard j'ouïs la porte s'ouvrir à la volée. J'avançai à grands pas mais bientôt j'entendis des pas derrière moi. Le jeune homme m'attrapa par le bras et je bloquai dans ma gorge le cri de stupeur qui allait m'échapper. Il regarda autour de lui pour vérifier qu'il n'y avait personne qui puisse l'entendre et me murmura à l'oreille après m'avoir adressé un regard dur que plus jamais il ne voulait me voir écouter aux portes. Il regarda encore autour et m'entraîna à grands pas dans mes appartements. Il ferma la porte derrière et nous et toujours sèchement il fit :

 

Lien Le péché pour leur vie 3.

Partager cet article
Repost0
23 août 2009 7 23 /08 /août /2009 20:45


Chloé Stancill.

 

 

Le péché pour leur vie.

 

Prologue.

 

Cristal et Callista entrèrent chez le psychologue. Il était des leurs, aussi étaient-elles détendues. La première prit sa chaise pour s'asseoir à l'envers, accoudée au dos du siège, un sourire énigmatique aux lèvres. La seconde fit rouler son siège vers elle, puis prit place un peu comme un chat monte sur la table. Un sourcil levé, elle attendit que le thérapeute commence.

  • - Bonsoir, mesdames. Je vous écoute.

Les deux femmes échangèrent un regard enjoué.

  • - Nous sommes venues ensemble, commença Cristal, parce que, ayant fait connaissance au bal annuel des dragonniers, auquel Callista était conviée comme chaque année, comme chacun des nôtres, nous avons constaté que nous étions affligées d'un mal commun.

L'homme prit un air encore plus concentré. Visiblement, cela lui plaisait de travailler avec des êtres exceptionnels, comme promettaient de se révéler ces deux-là.

  • - Commencez par le début, proposa-t-il à la place.

  • - A toi l'honneur, déclara Callista après un autre échange de regards.

Cristal hocha la tête et entama son récit.

 

 

Partie un : Cristal.

 

 

Chapitre un. Le secret.

 

 

J'étais dans ma baignoire, immense, d'un blanc nacré, pleine d'une eau très chaude, de mousse et d'huiles essentielles. La musique sélectionnée par mes soins remplissait l'espace sonore des sons que j'aimais écouter. Tout le mobilier de la salle d'eau était chaleureux comme plus généralement tout ce qui se trouvait dans mes appartements. En sortant du bain, je gagnai mon lit à baldaquins, dont j'entrouvris les draps d'un mouvement ample, car ils étaient lourds. Le velours et l'épais coton le sont toujours. J'ordonnai l'armée de coussins pour y trouver le sommeil, ce qui ne me demandait jamais beaucoup d'efforts. Je me battais toute la journée, en voilà la raison.

J'avais arrêté mes études à dix-huit ans pour m'engager dans l'armée. J'avais principalement voulu faire taire mes grands-parents, je n'étais pas exactement motivée par d'éventuelles convictions. J'étais à leur charge, or mes résultats scolaires n'étaient jamais assez bons à leurs yeux. Alors j'avais clamé que je défendrais le pays, que cela au moins c'était honorifique. J'espérais que lorsque j'aurais atteint le plus haut grade, ils seraient enfin fiers de moi.

Je m'étais préparée au milieu masculin que l'on s'imagine s'agissant de l'armée. J'avais appris à serrer ma chevelure, que je lissais en un chignon sage. Cela ne flattait pas mon visage un peu rond si bien encadré d'ordinaire par mon épaisse tignasse, mais après tout de cela on se fichait pas mal.

Je m'étais laissée guider dans les procédures pour m'inscrire, aussi avais-je suivi les épreuves physiques d'entrée vaillamment. A ma grande surprise, il se révéla que je m'étais suffisamment entraînée. J'avais toujours considéré comme une chance d'avoir vaincu mes premiers adversaires. Les tests se succédèrent, souvent de combat, parfois d'agilité ou de réflexion.

J'avais une rage au fond de moi, ce complexe d'infériorité des filles dont on dit qu'elles ont du charme, avant d'ajouter que leur amie, elle, est infiniment belle. C'est cette rage qui me poussa des mois durant. Les premières semaines, mes grands-parents s'émurent de la dureté des épreuves, mais bientôt, j'atterris dans un internat. Je leur donnai de moins en moins de nouvelles, prise dans l'engrenage épuisant.

Un beau jour on nous réunit dans la salle principale pour nous annoncer qui était retenu et dans quel département de l'armée. On commença par le plus honorifique. Lorsque j'entendis mon nom les larmes me montèrent  aux yeux mais on ne pleure pas quand on est entourée d'hommes au visage dur. Vous n'avez pas saisi où j'étais prise exactement. C'est normal. Moi non plus, à l'époque. On fit encore plusieurs tests et des trente élèves, il n'en resta en bout de course que quinze.

C'est alors que je fus menée, un an après les premières épreuves, au château. Pas de nom de section ici, nous étions les recrues du château, destinées à une mission secrète. On nous avait enjoint de faire une liste de nos proches. Ils seraient prévenus que pendant l'année qui suivrait, ils n'auraient plus de nouvelles de nous. Trois recrues refusèrent et furent exclues sans autre forme de procès. Nous n'étions plus que douze, dont seulement trois filles. On nous retira tout lien concret avec l'extérieur. Exit les téléphones, aucun courrier n'était autorisé. Nous regardions les informations, lorsque cela nous chantait.

Lorsqu'aucune obligation ne nous retenait, nous rentrions chacun dans nos appartements luxueux à l'extrême. Le mobilier semblait provenir d'un autre temps. Partout étaient mis à notre disposition des accessoires, bougies, sels odorants, encens, produits de beauté. Un bar et un réfrigérateur étaient toujours réapprovisionnés, ici on ne disposait d'aucun réfectoire. Mais on se croisait dehors, dans le grand parc trop irrésistible pour être boudé, avec ses arbres, ses fleurs, ses bancs confortables.

Les deux autres filles ne se quittaient jamais et passaient leur temps à me critiquer ostensiblement. Elles ressemblaient à des hommes, avec leurs trop larges muscles, leurs épaules carrées et leurs cheveux courts. Jamais elles ne se maquillaient non plus, tandis que je ne sortais jamais sans mon eye-liner. Ben quoi, tout ce qui n'est pas défendu est autorisé, n'est-ce pas?

Les hommes ressemblaient à des brutes épaisses. Vous l'aurez compris, je préférais la solitude à la présence des autres recrues.

L’entraînement avait lieu à des heures différentes chaque jour pour nous préparer à tous types de situations. Notre entraîneur venait nous réveiller et en trente minutes, nous devions être prêts à recevoir les ordres. Parfois on nous levait à cinq heures du matin, parfois nous ne voyions personne avant midi, parfois l’entraînement commençait à minuit.

Lorsque nous ne nous entraînions pas, nous devions nous cultiver. Histoire, religions, sciences de l'homme, ou naturelles et j'en passe. L'immense bibliothèque du château, qui en était réellement un, recelait de plus d'ouvrages que nous ne pourrions jamais en avaler. On y trouvait aussi des romans pour le loisir. A vrai dire, je dévorais de la science fiction lorsque je considérais avoir suffisamment travaillé. En effet, ici aucun horaire n'était imposé, chacun s'organisant comme il le souhaitait. C'était un cadeau empoisonné, car il n'est pas facile d'entretenir sa forme par une vie saine, quand on est surpris à tout moment par trois heures d'entraînement inopiné. Or si vous n'étiez pas en forme, vous étiez éliminé.

Mon entraîneur était une femme. Mais ce jour-là j'avais eu une mauvaise nouvelle. Je ne la verrais plus. Allez savoir pourquoi, mais je ne pris pas la peine de le demander, ici nous n'avions jamais de réponse. Celui qui insistait était renvoyé.

J'allais être prise en charge par quelqu'un d'autre. Non que j'appréciais cette dame sèche physiquement comme psychologiquement, mais je goûtais le fait d'être entraînée par une femme. Il n'y avait que trois entraîneuses au château, et l'une d'elles s'occupait d'un homme. Cela signifiait que l'une des autres filles était suivie par un homme. Je tentai de me rassurer, elle n'avait pas l'air de mal le vivre, un homme prendrait en considération ma nature.

Je sursautai violemment dans mon lit lorsqu'il frappa pour la forme avant d'entrer quelques secondes plus tard et lâcha : « à la salle d'escrime dans trente minutes ». Je fis signe que j'étais réveillée donc il ressortit avant que j'aie eu le temps de voir son visage. Super. Mon nouvel entraîneur était un homme. Et j'allais le rencontrer à une heure du matin. Je bondis hors des draps, puis accomplis les quelques gestes bien rodés qui me menèrent là où il avait dit en temps et en heure, un léger goût à la bouche, celui de la barre hyper calorique que je venais d'avaler, comme à chaque fois.

 

J'ouvris de grands yeux et lui me regarda l'air narquois. Les entraîneurs comme les recrues se fichaient de leur apparence, ils s'habillaient et se coiffaient comme des sacs, alors que tout cela était libre, la seule règle en ces murs étant qu'il fallait s'améliorer. Ma garde-robe paraissait à faire pâlir toute fille qui se respecte en de pareilles circonstances. On m'avait demandé de choisir sur un catalogue, j'en avais profité.

De jour en jour nous étions notés selon des critères obscurs. Ceux qui stagnaient ou régressaient, au bout de quelques semaines, disparaissaient simplement de la circulation. Nous n'étions ainsi plus que dix cette semaine-là. Mais sinon, pour en revenir à cela, nous nous habillions comme nous le souhaitions. Autant dire qu'il fallait prendre garde à ce que nous demandions même si tout était fourni : les vêtements ne devaient pas entraver notre travail.

Tout ça pour dire que ce type-là détonnait. Il était blond-foncé. Ses cheveux mi-longs tombaient sous son menton. Ses sourcils finement dessinés surplombaient de grands yeux verts. Surtout il était élégamment vêtu : large pantalon noir, chaussures stylées, T-shirt près du corps.

  • - Un pantalon de survêtement flatteur, une brassière sexy, de l'eye-liner ? Sourit-il, sarcastique. Fais attention, si tu n'es pas à l'aise ce ne sera pas mon problème.

D'ordinaire l'entraînement avait lieu avec les autres recrues, tandis que le coach prenait des notes pour nous faire un débriefing ensuite. A cet instant, nous étions seuls lui et moi. Il dégaina son épée pour démarrer la lutte. Je vis bien qu'il commença doucement, quoiqu'un civil eut rapidement été évincé à ma place.

De palier en palier, il me testa tandis que je me battais rageusement. Dans la mesure où il avait critiqué ma décision de rester une fille malgré tout, j'avais quelques détails à lui prouver. J'avais presque vingt ans, voulait-il que je gâche mes plus belles années à ressembler à un chiffon, rageais-je en moi même? Les épées ainsi que nos corps se mouvaient avec l'adresse, la rapidité et la grâce de danseurs professionnels. Je manquai enfin une première passe, puis toutes les autres ne furent que les derniers efforts pour prolonger la lutte encore quelques secondes. Pour finir, je me retrouvai dos au mur, son épée contre ma gorge.

 
Le pêché pour leur vie, deuxième extrait.

Partager cet article
Repost0

Hé C'est Nous !

  • : roman fantastique en ligne gratuit
  • : manuscrits de fantasy promettant action, guerre et amour. Si vous aimez les vampires, loups-garous, dragons, fées, anges ou toutes autres créatures fantastiques c'est gratuit. laissez un mot aux auteurs Chloé et Solenne pour les aider à trouver un éditeur.
  • Contact

copyright

 

 

 

 

Toutes les images apparaissant sur ce blog ne sont pas notre propriété.

Elles appartiennent à leur autreur.

Recherche

visiteurs