- Il m’a sauvé la vie !
- Il ne faut pas exagérer mon ange.
- Si, si je vous assure, il m’a sauvé la vie !
Le curé me regardait m’avancer en terrain glissant, nous n’avions pas élaboré de mensonge sur notre rencontre. Amusé, il attendait la fable. Je me lançai :
- Au début j’étais là pour des vacances. Je venais de passer un mois à New York, et mon avion décollait le lendemain. Je profitais de mon dernier après midi pour acheter des souvenirs à mes amies. Ce qui était idiot, elles ne risquent pas de se rappeler d’une ville où elles n’étaient jamais allées, cependant elles n’échapperaient pas au T shirt « I love New York ». J’étais donc en train de faire les boutiques lorsqu’une alarme se déclancha sur mon passage. Bien sûr les vigiles du magasins me tombèrent dessus. À cette époque je ne parlais pas très bien Anglais, alors je ne compris pas ce qu’ils me dirent. J’essayai de leur expliquer que j’étais innocente, mais ils s’obstinèrent dans leur charabia. Révoltée, je tentai quand même de plaider ma cause, quand soudain je me suis remémorée un reportage que j’avais vu sur les lois de votre pays. Dans certains États au bout de trois vols nous allons définitivement en prison. Et là j’ai paniqué, je me voyais déjà enfermée à vie car des petits malins avaient glissé trois rouge à lèvres dans mon sac. J’avais les larmes aux yeux en répétant inlassablement que je n’y étais pour rien. Cependant les colosses restaient de marbre. L’un d’eux finit par me saisir par le bras, affolée j’étais prête à défendre chèrement ma vie. J’allais défier ces gardes lorsqu’un homme vêtu d’un long manteau noir arriva. Il dit à mes bourreaux « je suis son avocat, il y a un problème ? » et en cinq minutes l’affaire était réglée. En fait les vigiles avaient déclanchés l’alarme pour rire au dépens d’une touriste. Dans un Français parfait mon sauveur m’expliqua la situation. En sortant il me proposa de passer ma journée en sa compagnie. Et voila.
- Mais vous êtes pas partie le lendemain ?
- Non, puisqu’il m’avait sauvé la vie il était normal que je la lui offre.
Ma réplique souffla tout le monde, et je vis les yeux de la blonde dévorés d’envie alors que Noa me serrait dans ses bras en riant :
- Comment ne pas être charmé, murmura-t-il aussi bien à mon attention qu’à celle de nos auditeurs. J’ajoute que depuis je lui ai expliqué qu’elle ne risquait rien, mais elle ne m’a pas cru. Tu veux danser mon ange ?
Je le regardai, même si je rêvai d’exacerber encore plus la jalousie de ma rivale, la danse ne me parut être une mauvaise idée.
- Tu te souviens de ce qui s’est passé la dernière fois ? Ça ne me semble pas être une idée judicieuse.
- Ce n’est pas ma question, souhaites tu danser ?
Après un instant de réflexion, je m‘estimai que oui, j‘en avais envie, je hochai la tête. Il me délaissa alors pour aller quémander une chanson aux musiciens. Lorsque les premières notes s’élevèrent je ne pus je laissai échapper dans un souffle :
- Un tango. Le fou.
Peu à peu la piste se dégageait, les danseurs âgés fuyant ces notes trop rythmées pour être dansées dans les convenances, et les jeunes détalaient devant cette musique qu’ils estimaient d’un autre age. Je traversai la piste abandonnée pour sauter dans les bras de mon époux :
- Je ne sais pas danser ce rythme. Et puis tu es sûr de toi la dernière fois ce n’était qu’une valse et pourtant…
- Fais moi confiance. Sur cette musique nos mouvements paraîtrons naturels.
Sans hésiter plus je plaçai ma main sur son cœur et comme la dernière fois nous nous aimâmes en dansant. Le tempo plus puissant rendit notre danse encore plus primaire, d’autant plus que nous nous connaissions mieux maintenant. Le peu de barrières qu’il y avait tombèrent et mes mains n’épargnèrent plus aucune partie de son corps. Mes gestes plus assurés étaient audacieux. Plus que dans les caresses, notre désir transparaissait de tout nos êtres. Sans aucun effort Noa me faisait voler et me pliait à sa chair, à sa volonté. J’épousai tous ses mouvements les accentuant quelques fois pas mon propre corps. Le rythme s’accélérait et nous ne faisions plus qu’un, unis nos mouvements n’étaient que découverte de l’autre. Puis la musique s’arrêta me laissant haletante dans les bras de mon époux alors qu’une salve d’applaudissements retentissait :
- Tu vois, me chuchota-t-il ils n’ont rien remarqué.