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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 18:19

Résumé du péché pour leur vie.

Le péché pour leur vie 130.


 

Mais je refusais que nos relations changent d'un pouce. Tout sauf cela. La solitude pour la sécurité. Et puis le roi des loups, bon sang, c'était tellement contradictoire avec la sécurité !

  • - Non. Je mordrai quelqu'un d'autre, que je ne connais pas. Ça ne fait pas mal, vous n'avez pas à vous en faire.

  • - Pourquoi n'acceptes tu pas mon sang ? Demanda-t-il suspicieux.

  • - Parce-que cela... Crée un lien privilégié entre le vampire et la proie. Ils sentent certains sentiments, certaines sensations éprouvées par l'autre. Ils se désirent, aussi.

Un silence plana sur la pièce, mais il reprit vite contenance. Pourtant il y avait eu, l'espace d'une seconde, ce regard... J'avais raté quelque chose, évidemment. Combien de décennies s'étaient-elles écoulées avant que ce type de regard me soit adressé pour la dernière fois ? Beaucoup. Je m'étais soigneusement esseulée, parce-que je ne supportais pas que les relations soient faussées par mon physique parfait. Ni l'idée que mon amour vieillisse. Je l'avouais sans honte : je n'aimais que les jeunes, jamais je ne pourrais aimer un homme de plus de quarante ans. Impossible.

  • - Tu iras donc chasser, avec la moitié de mes hommes, qui te suivront de loin. Laisse-moi quelques heures pour m'organiser. Je te tiendrai au courant du déroulement de la soirée dès que ce sera fait.

yeux-rouges-guerriere.jpgLe roi des loups fit les choses en règles. Aussi ne savourai-je aucunement cette première sortie depuis des jours. Pas plus que Prince n'aima que nous fûmes suivis par autant de créatures, qui n'eurent d'yeux que sur les fauves que nous fûmes pendant quelques heures. Toutefois nous nous restaurâmes, puisque nous étions là pour cela. Peut-être nos proies payèrent-elles un peu notre tension. Je devais avouer, la violence de ma morsure n'eut d'égal que l'ampleur des ravages que je fis sur la mémoire du pauvre type que j'épargnai de peu. Lorsque j'en eus fini avec lui, je savais pertinemment qu'il serait pris de quelques troubles psychologiques pendant une poignée de jours. Je me jurai de ne plus le refaire. J'étais un monstre, après tout, songeai-je en recueillant d'un doigt le sang qui avait coulé sur mon menton. Je léchai le bout de mon ponce. C'était froid. Les gens devaient cesser de croire le contraire, je n'étais pas une jolie poupée blonde. Prince feula ; je me baissai pour lui donner un câlin qui m'apaisa un peu. J'expirai profondément. J'aimais cet animal, je n'aimerais jamais un homme comme j'adorais Prince. C'était trop dangereux. Je me relevai pour rejoindre le satané château des lycans.

 

Les jours suivants furent à la fois intéressants, et monotones. J'avais eu une vie excitante, je prenais des risque financiers, je fêtais les victoires, je satisfaisais souvent ma libido. J'allais me dépenser à la plage avec ma panthère magnifique.

Maintenant je donnais des cours à la princesse. Le roi restait éloigné de moi sauf aux repas où la discussion n'avait comme objet que de masquer combien il m'évitait depuis le soir de la chasse. On y parlait surtout de Léila. Elle réclamait toujours une soirée avec son Apollon, qu'elle n'avait pour l'heure le droit de voir que dans la cour du château, vive, ce qui manquait d'intimité. Le roi refusant encore et encore, un beau soir elle me confia qu'elle sortirait en cachette. J'ouvris de grands yeux, puis me ressaisis, je ne voulais pas perdre sa confiance. Mais dès qu'elle eut franchi la porte, en pleine nuit, je courus prévenir son père. Je sentais mal son prétendant, allez savoir pourquoi, lorsque je les avais observés je ne l'avais pas senti très sincère. Or les vampires avaient les sens assez développés pour sentir les mensonges.

  • - Qu'est-ce que c'est ? Grogna Kenzo lorsque je frappai à sa porte.

  • - C'est Callista, Sire (oui, nos rapports étant devenus froids, j'avais repris le vocabulaire approprié).

  • - Entre.

Couché sur le côté pour me faire face, il alluma la lampe de chevet. Puis il darda sur moi ses yeux jaunes, perçants et glacés.

  • - Bonsoir, mon roi, je voulais vous prévenir, mademoiselle votre fille est sortie en cachette voir son amoureux et je m'inquiète un peu... Pourquoi souris-tu ? M'étonnai-je faussement.

  • - Déjà, parce-que tu ne sais plus si tu me vouvoie ou si tu me tutoies, depuis des jours, ce qui est ridicule.

Je ne l'avais pas remarqué moi-même, ce qui était des plus inquétants.

  • - En plus, parce-que tu t'imagines que Léila peut sortir d'ici sans que je le sache.

  • - Vous le savez ? Mais comment ?

  • - Les gardes dans ce cas m'avertissent et la suivent de loin.

  • - Oh, alors je vous prie de me pardonner et je vais retourner me coucher.

Comme au ralenti, je parvins à me retourner ; tandis que je posais la main sur la poignée, je sentis son regard sur mes formes parfaites... Mais pas seulement. Je levai le nez. Le danger.

  • - Tu n'as plus envie de sortir, sourit Kenzo dans mon dos ?

  • - Habille-toi, et passe-moi des armes. On est venu prendre ton château.

Le péché pour leur vie 132.

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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 17:27

Résumé du péché pour leur vie.

Le péché pour leur vie 129.


Je comprenais : c'était une étoffe magnifique, mais lorsque vous aviez vu votre mère dedans, vous idéalisiez sans doute l'image que vous en aviez. Alors la voir portée par une personne à l'aura désagréable devait être des plus désagréable. La jeune femme tenait sans doute la bonne interprétation. Cependant, je ne convoitais pas le rôle d'une quelconque Cendrillon.

  • - Il y a un détail que tu n'as pas compris. Je n'attends aucune faveur de cet ordre de Kenzo. En aucun cas, Léila.

  • - Mais moi ça me ferait plaisir que tu portes cette robe. J'aimerais cesser de haïr ce vêtement à cause de son effet sur mon père. J'aimerais qu'il redevienne ce qu'il devrait être : le dernier souvenir qu'il reste de ma grand-mère. Peux-tu faire cela pour moi ?

Comment ne pas fondre devant tant d'amour d'une fille pour son père ? J'acceptai, et la suivis dans le souterrain. Je passai le trajet à me dire que j'allais regretter cet accoutrement. Lorsque j'entrai le roi commença par pester à cause du temps que j'avais mis. Mais quand il posa les yeux sur moi les mots moururent sur ses lèvres. Il reprit là où il s'était arrêté mais ne parvint pas à donner le change.

  • - Ce n'était peut-être pas une bonne idée, cette robe, fis-je, mais...

  • - J'aurais dû m'y attendre, me coupa-t-il, un chat dans la gorge.

Toutes les femmes avant moi avaient porté cette robe magnifique.

  • - Je suis un vampire, tout va à mes formes parfaites.

Le ton n'était pas vaniteux, plutôt amer, donc personne ne releva. Mais ainsi j'espérais que le roi évite de conclure trop vite que j'étais sa Cendrillon. Sa fille, elle, ne serait pas convaincue, quoi qu'il arrive, que je ne l'étais pas, semblait-il. Misère.

  • - Elle va très bien avec la couleur de tes cheveux, dit Kenzo, dorée comme eux, et de tes yeux, ébènes comme ses nœuds. Ma mère, à qui elle appartenait, était l'exact opposé de toi : très brune avec les mêmes yeux que moi.

C'est-à-dire presque jaunes. Lorsqu'il eut fini d'admirer mon corps parfait, il posa sa question :

- Alors que choisis-tu ?

  • - Je me disais, commençai-je d'une voix incertaine, troublée par ce qui venait d'arriver, que je pourrais rester de mon propre gré. Du moins pour un temps, me hâtai-je d'ajouter.

Je le vis tiquer, tandis que elle détournait le regard, déçue.

  • sourire-1.jpg- Comment ça se passe, rit-il, sarcastique, tu profites de ma confiance et un beau matin tu me plantes une épée dans la gorge avant de t'enfuir dans la confusion générale ?

Soudain je me sentis meurtrie, comme giflée intérieurement. Un signal d'alarme s'alluma sous mon crâne : j'étais vexée, ce qui était mauvais signe. Callista, âme solitaire, n'avait plus eu d'occasions de se vexer depuis des dizaines d'années.

  • - Si tu ne me fais pas confiance, alors lance ton peuple sur moi sous une pleine lune avide de sang, plutôt que de m'insulter ainsi !

Il haussa les sourcils sous sa frange trop longue ; j'eus envie de repousser de mes doigts, les cheveux épais qui gênaient sa vue. La sonnette d'alarme s'alluma encore, la panique me prit. Non, non, non, cet homme-là était un mortel, et en plus il attendait que je lui fasse le don, aussi était-il dangereux de... m'y attacher.

  • - Tu prends tes fonctions dans l'instant, dit-il d'un ton neutre.

Il m'expliqua ce qu'il voulait que sa fille apprenne. Il la voulait experte en Histoire, il en ferait la meilleure enseignante que la terre aie porté. Elle maugréa qu'elle préférait être chercheuse. Je compris qu'il la taquinait, bien sûr qu'il la laisserait être ce qu'elle voulait. Il s'inquiéta de savoir si j'en savais plus qu'elle en Histoire, et j'assurai que je pourrais lui conter n'importe quelle époque chez toutes les civilisations antérieures.

Mais il y avait une chose que je devais faire avant de prendre mes fonctions comme il me l'avait demandé :

  • - Kenzo, il va pourtant falloir me laisser sortir ce soir.

Le père et la fille échangèrent un regard consterné, puis le roi déclara :

  • - Ne crois pas que j'aime te retenir prisonnière, Callista. Mais si tu veux sortir dans la cour, nous t'accompagnons, et si tu veux sortir du château, c'est mon corps de garde entier qui devra te suivre. N'oublie pas que beaucoup de loups tueraient pour te ravir et qu'il y a un traître en ces murs.

  • - Voilà, et ma proie ne s'inquiétera pas le moins du monde que je sois entourée de dizaines de monstres, répliquai-je avec un demi sourire.

  • - Ta proie ? S'étonna Léila.

  • - Les vampires boivent du sang humain, fillette, répliquai-je, règle numéro un.

  • - Oh, firent-ils en cœur.

Je m'adossai à mon grand fauteuil. Je sirotai du thé en attendant qu'ils trouvent une solution.

  • - Tu boiras mon sang, dit Kenzo, voilà tout. Mon médecin me procurera de la morphine. Du moins... Cela ne me tuera pas, si ?

Je fis non de la tête et gloussai. Puis je ris aux éclats. Ils se regardaient, interdits. Mais il m'était impossible d'ôter cette image de ma tête. Improbable image du roi des loups qui croirait s'apprêter à souffrir le martyre, et qui la seconde d'après gémirait sous les vagues de plaisir que procurait la morsure pour peu que l'on souhaite bannir la douleur de l'acte. Il n'y avait pas d'alternative entre souffrance et plaisir, voilà où était le souci.

Alors, morte de rire, je m'interrogeai. D'un côté ils avaient raison, je pouvais difficilement sortir d'ici tout en restant en sécurité. De l'autre, mordre quelqu'un du château... Oui, mais il était plus raisonnable que ce fût quelqu'un d'autre que le souverain bel homme. Non que je reconnusse être attirée par lui, et aussi ressentir d'autres choses, bien plus inquiétantes, comme de la sympathie. Mais je refusais que nos relations changent d'un pouce. Tout sauf cela. La solitude pour la sécurité. Et puis le roi des loups, bon sang, c'était tellement contradictoire avec la sécurité !

  • - Non. Je mordrai quelqu'un d'autre, que je ne connais pas. Ça ne fait pas mal, vous n'avez pas à vous en faire.

Le péché pour leur vie 131.

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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 10:58

 

Résumé du péché pour leur vie.

Le péché pour leur vie 128.

 

Je hurlai comme une damnée que j'étais, pour l'avertir de loin, aussi sortit-il de la chambre, nu comme un ver, trempé. Il avait dû penser avoir le temps de prendre une douche avant de nous récupérer, Prince et moi. Belle preuve de confiance, mais en l'occurrence cela avait été malheureux. Je me jetai à son cou, avec le réflexe débile de la femme en danger. Je hurlai à Prince de rester derrière le roi. Enfin la meute stoppa, la bave aux lèvres, grondant d'une seule voix.

  • - Je ne fuyais pas, je ne fuyais pas ! Me perdis-je !

Cela dut sonner vrai, car je sentis la colère exploser à son esprit.

  • - D'accord, dit Kenzo, je n'ai pas prévenu tout le monde, mais Callista est libre en ces murs, ce soir, sachez-le. Je vais considérer que c'est un malentendu, et qu'aucun de vous n'en voulait à la rançon d'un million d'euros promise par mon rival. Mais le prochain qui touche à l'un de ses cheveux subira ma colère !

Les loups firent demi tour, la tête basse. Je tournai la tête pour trouver celle de mon sauveur... A moins d'un centimètre, puisque j'étais toujours dans ses bras. On recule, Callista, on recule, m'ordonnai-je.

Il me demanda d'attendre cinq minutes le temps d'enfiler quelque chose. Puis il me montra ma chambre, magnifique, au demeurant : les teintes orange sanguine la rendaient chaleureuse. Les fresques qui ornaient les murs formaient de merveilleux trompe l'œil, on se croyait au milieu des vignes.

  • - Vous n'avez pas peur que je m'échappe cette nuit ? M'étonnai-je.

  • - Tu as dit qu'on faisait une trêve jusqu'à demain, grogna Kenzo.

  • - Et je respecterai ma parole, souris-je. Merci pour tout à l'heure.

Il hocha la tête et après une hésitation il disparut dans les couloirs.

  • - C'est le tutoiement des ennemis ou celui de la sympathie ? Le taquinai-je alors qu'il venait de tourner au loin.

  • - Sans doute les deux, fit-il sans croire que je pouvais l'entendre.

Après un instant de flottement, Prince s'ébroua ; je l'imitai mentalement. Je m'extasiai sur le contenu de la salle d'eau, qui recelait de crèmes et soins en tous genres. Puis je détaillai la garde robe, riche en robes et étoles. Mais bientôt le sommeil me prit ; je me coulai entre les draps de coton, enroulée contre Prince. Je lui parlai longtemps ; nous chatain-prise-dans-la-toile.jpgarrivâmes à la conclusion que je pouvais essayer de rester, pour voir si je m'y faisais. Il serait toujours temps de partir plus tard. Nous avions été longtemps seuls, à présent cela nous changerait de tenter autre-chose. Après tout c'était moi-même qui m'étais plainte de l'ennui qui guettait les vampires, passée l'excitation des premières centaines d'années.

Le lendemain je fus réveillée par des coups insistants frappés à la porte. Finalement Léila ouvrit précautionneusement ; dit timidement que je pouvais venir les rejoindre, son père et elle, au salon pour le petit déjeuner.

  • - Attends, m'empressai-je de la retenir. Quelle heure est il ?

  • - Dix heures, Callita.

  • - Alors tu dois m'attendre, il faut que nous passions par les souterrains. Je ne les connais pas encore assez pour m'y retrouver seule.

Elle attendit tandis que je faisais une rapide toilette. Ensuite je cherchai quoi mettre sous ses yeux rieurs. Tout me paraissait bien trop habillé ; finalement elle vint choisir pour moi. Je regardai incertaine la longue robe dorée toute en nœuds noirs et au décolleté plongeant.

  • - C'est un petit déjeuner, notai-je, ça ne convient absolument pas, demoiselle !

  • - Papa s'en fiche, et j'aimerais revoir cette robe portée par une femme qui ne cherche pas le pouvoir. Quelqu'un qui la porterait en toute humilité.

  • - Comment cela ? L'interrogeai-je suspicieuse.

  • - Cette robe appartenait à sa mère, et depuis qu'il règne, toutes les femmes qui l'ont eu pour amant ou pour époux l'ont immédiatement choisie d'elles mêmes. Il a toujours été déçu, et j'ai toujours pensé que le jour où le résultat lui plairait, cette femme là serait celle qu'il aimerait.

Je comprenais : c'était une étoffe magnifique, mais lorsque vous aviez vu votre mère dedans, vous idéalisiez sans doute l'image que vous en aviez. Alors la voir portée par une personne à l'aura désagréable devait être des plus désagréable. La jeune femme tenait sans doute la bonne interprétation. Cependant, je ne convoitais pas le rôle d'une quelconque Cendrillon.

  • - Il y a un détail que tu n'as pas compris. Je n'attends aucune faveur de cet ordre de Kenzo. En aucun cas, Léila.

Le péché pour leur vie 130.

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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 10:02

Résumé du péché pour leur vie.

Le péché pour leur vie 127.


 

  • - Je rentre chez moi.

  • - Je crois que nous ne nous sommes pas compris, répliqua-t-il. Il n'y a que deux options. Vous restez de votre propre gré, dans cette hypothèse je vous trouve une fonction en ces murs. Ou alors vous refusez et vous restez enfermée ici.

Je fermai les yeux, le temps de faire le point. Mais ce fut vite vu.prisonniere.jpg

  • - Vous ne pouvez pas m'enfermer, je deviendrais folle. Je suis déjà trop vielle pour ce monde, je m'y sens déjà à l'étroit. Je m'étourdis de richesse ainsi que de danger, pour berner ma claustrophobie. Je mourrai d'ennui, enfermée ici. Par-dessus tout, Prince n'est pour rien dans tout cela. Quoi que vous fassiez de moi, vous devrez le relâcher.

  • - Alors restez de votre propre gré, ainsi tout le château sera vôtre, et je vous emmènerai tous deux faire ce que vous aimez, quand j'en aurai le temps.

  • - Macho, souris-je. Et je ferai la vaisselle toute la journée ?

  • - Non, répliqua-t-il, prudent.

Il réfléchit un instant.

- Vous donnerez des cours à ma fille Léila, je n'ai pas confiance en ton professeur, ma douce.

  • - Je peux réfléchir ? Questionnai-je. Je suis perdue, je l'avoue.

  • - Bien-sûr, sourit il. Allons dîner, et après une bonne nuit de sommeil vous y verrez plus clair.

Soudain nos rapports avaient basculé. Je n'étais plus la captive que l'on pressait comme un citron, mais l'invitée choyée. Je bus dans un verre de cristal, je ris avec Kenzo des amours naissants de sa fille, puis je me fis aussitôt l'avocat de Diable, elle avait l'air drôlement sincère, tout de même. Ensuite j'appris que Lorenzo n'était pas vraiment le conseiller du roi, c'était sa fille qui tenait ce rôle, le soldat n'étant que le bras armé de la couronne.

Enfin je demandai à prendre l'air, il y avait trop longtemps que je n'avais pas goûté aux rayons de la lune sur ma peau. Le monarque m'observa gravement avant de noter qu'il ne voulait pas avoir à se mordre les doigts pour un accès de mansuétude malheureux. Je le regardai droit dans les yeux et maladroite, posai les deux mains sur ses larges épaules.

  • - Écoute moi bien, roi des loups.

Il sourit.

- Aujourd'hui j'ai compris que tu voulais mon bien. Certes tu me garderais ici contre mon gré si je refusais l'autre option, mais celle-ci m'a touchée, tu me fais confiance au point de me confier ta fille. Alors peut-être que je refuserai, et alors, oui, je tenterai de m'échapper. Demain. Ce soir je veux juste prendre l'air, peux-tu m'accorder ta confiance pour un soir ?

J'aurais bien noté à voix haute qu'il avait frissonné au contact de mes doigts sur lui mais je me retins de le faire.

  • - N'ayant pas une âme pure, la tentation est grande, Callista, de vous opposer un refus.

Il me jaugea un long moment.

- Ouvrez les portes sur le jardin, ordonna-t-il à un garde.

Je n'y avais pas cru mais il l'avait fait. D'abord je me contentai de rester aux côtés du père et de la fille, mais bientôt, je n'en pus plus.

  • - Attention, Kenzo, je vais courir, lui glissai-je. Je reviens.

Sans regarder leur réaction, je coulai un regard à Prince. Il hocha la tête. Je montrai trois doigts, puis deux, et un... Il fonça, mais je m'élançai avec lui. Le parc était grand, et nous nous en donnâmes à cœur joie. Peut-être courûmes-nous une heure, en larges cercles autour du château. Enfin la panthère stoppa ; je me jetai au sol pour une suite de roulades échevelées avec elle. Je riais aux éclats, ce qui permit peut-être à Léila et son père de me retrouver, car ils étaient près de nous soudain. Nos jeux, à Prince et moi, durèrent encore des heures, sans jamais plus croiser le roi ni sa fille, ils avaient dû rentrer.

Mais soudain je sentis le danger. Je me relevai pour humer l'air. Mais le bruit seul m'avertit de ce qui arrivait. Une meute de monstres courait sur nous. Je me tournai mais ne vis pas trace de Kenzo ou de sa fille. Enfin je vis les lycans, chauves créatures voûtés, foncer vers nous, une bonne douzaine. Fonce, hurlai-je à Prince, ainsi nous gagnâmes à toutes jambes les portes par lesquelles nous étions arrivés. A la volée j'ouvrais les portes les unes après les autres. Il n'y avait personne dans ces maudits couloirs. Les monstres gris n'étaient plus très loin, quelques mètres, au maximum. J'aurais pu me changer en chauve-souris, mais Prince n'était pas encore assez habile pour le faire sans s'arrêter de courir. Nous gravîmes des dizaines de marches, je savais où était je roi, je le sentais, cette odeur tellement particulière, envoûtante, d'homme viril. Je bénis mes sens tellement développés. Je hurlai comme une damnée que j'étais, pour l'avertir de loin, aussi sortit-il de la chambre, nu comme un ver, trempé. Il avait dû penser avoir le temps de prendre une douche avant de nous récupérer, Prince et moi. Belle preuve de confiance, mais en l'occurrence cela avait été malheureux. Je me jetai à son cou, avec le réflexe débile de la femme en danger. Je hurlai à Prince de rester derrière le roi. Enfin la meute stoppa, la bave aux lèvres, grondant d'une seule voix.

 

Le péché pour leur vie 129.

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 22:28

Résumé du péché pour leur vie.

Le péché pour leur vie 126.


Sous le choc je cherchai Prince des yeux, pour obtenir du réconfort. D'abord les chevaliers, maintenant des loups garous, je voyais ma fin se précipiter. Mais la panique qui me prit avait un autre objet :

  • - Où est Prince ?

  • - Au cachot, dit le monarque, je ne voulais prendre aucun risque.

  • - Amenez-le moi ! Couinai-je hystérique.

Tous deux me regardèrent comme si j'avais perdu la raison.

  • - C'est bien plus qu'un animal pour vous, dit Léila.

  • - J'ai toujours été seule pour éviter justement ce genre de situations, pestai-je, il n'y a pas de meilleur moyen de survivre plus d'un millénaire, que de rester toute seule. Prince est la seule créature que j'aime sur cette terre.

Kenzo téléphona à ses gardes pour qu'il me soit rendu. Il sourit en disant que oui, nous venions le chercher.

  • - Ils ont peur d'ouvrir la cellule, s'amusa-t-il tandis que nous arpentions les couloirs d'un passage secret – à présent on daignait m'éviter d'avoir à raser les murs. Pour en revenir à ce que nous disions, je vous propose de rester au château, parce que si vous rentrez chez vous, vous ne serez jamais aussi bien protégée qu'ici.

  • - Je peux me protéger moi-même. Vous savez, les humains me chassent déjà, pourtant j'ai plusieurs milliers d'années au compteur.

  • - Le souci c'est que votre vie n'est pas la seule en jeu. Si on vous attrape, et qu'on vous contraint à faire le don, ce sont tous les humains qui risquent leur peau. Pendant l'éternité.

Nous étions enfin arrivés à la cellule. Prince avait les yeux rouges et...

  • colere-1.jpg- Bon sang, on lui a fait du mal ! Tonnai-je. Quel est celui qui lui a fait ça, hurlai-je aux trois gardes, que je lui ouvre les entrailles !

Ils restèrent impassibles. Je rugis, sentant mes yeux virer au vermeille. J'entendis des voix mais je n'étais déjà plus moi-même. Je bondis pour faire jaillir le sang.

Lorsque je revins à moi j'étais dans la cellule avec Prince ; de l'autre côté du grillage, le roi ainsi que sa fille me fixaient, l'air sombre.

  • - Ils sont morts ? Questionnai-je, la voix neutre.

  • - Non, s'emporta Kenzo, pas encore ! Bon sang, je vous propose la sécurité entre ces murs et pour me remercier vous attaquez mes gardes !

  • - Ils avaient attaqué Prince avant. S'ils avaient eu une bonne raison ils l'auraient dit tant qu'il en était encore temps. Ils l'ont fait gratuitement. Comme en ce temps ancien où j'ai été écartelée en place publique pour que le peuple n'aie plus peur. Pour qu'il croie que le dernier monstre était mort cette nuit-là. Cela, m'époumonai-je, jamais plus je ne le tolérerai ! Voilà comment on distingue ceux qui ont l'âme pure des autres, vous voyez. Vos gardes n'avaient pas l'âme pure, par exemple ! Crachai-je.

  • - C'est vrai, gronda la jeune femme, mais vous non plus, sinon vous auriez épargné vos prochains.

  • - Exact, souris-je, mais moi, je n'ai pas d'âme du tout.

  • - Les gardes non plus ! Gronda Kenzo avec bon sens.

La jeune femme leva les yeux au ciel. Mais déjà son père reprenait l'air impassible. Il était plus habitué qu'elle aux effusions de sang.

  • - Revenons-en à ma proposition, maintenant que Prince est remis.

Effectivement, l'animal était comme neuf. Ma colère s'évapora. Mais pas ma détermination.

  • - Je rentre chez moi.

  • - Je crois que nous ne nous sommes pas compris, répliqua-t-il. Il n'y a que deux options. Vous restez de votre propre gré, dans cette hypothèse je vous trouve une fonction en ces murs. Ou alors vous refusez et vous restez enfermée ici.

Le péché pour leur vie 128.

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 21:48

 

Résumé du péché pour leur vie.

Le péché pour leur vie 125.

 

Tout le monde avait oublié ma présence, si les gardes n'occultaient pas cette satanée porte, j'aurais déjà tenté une évasion depuis belle lurette. Non, me repris-je, Prince ne pouvait peut-être pas se changer en chauve-souris pour braver comme moi les rayons du soleil.


A la fin du repas la jeune femme avait échoué à son but, mais je n'avais pas fait mieux : je ne rentrerais pas chez moi avant d'avoir fait le don au roi. Ni une ni deux, je fus jetée dans un cachot pour que le monarque puisse vaquer à ses occupations sans avoir à veiller sur moi.

Il venait me voir à chaque repas, il m'accompagnait aux toilettes, il nous donnait à manger, à Prince et moi, enfin il me demandait de lui faire le don. Je refusais, aussi repartait-il sans se mettre en colère.

Une semaine plus tard je n'en pouvais plus. Tout ce que j'avais gagné était d'apprendre à Prince de se changer en chauve-souris et en loup. Lorsque le roi arriva ce soir-là, je tentai l'impossible. Je tentai de l'hypnotiser pour qu'il nous laisse sortir. Mais j'échouai, je ne pouvais pas hypnotiser un loup-garou ! Maintenant j'étais dévoilée et il me criait dessus. Mais il finit par partir. Or même en chauves-souris nous étions trop volumineux pour passer les barreaux. Je passai des heures à me maudire de ne pas avoir fui directement au lieu de chercher à l'hypnotiser. Mais j'avais eu peur que nous fûmes piégés si je ne le faisais pas. J'avais été idiote. Le lendemain la folie me guetta : je devais sortir, à tous prix ! Lorsqu'il entra je bondis, le mis à terre et courus, Prince à mes côtés, Dieu merci l'ombre régnait dans les couloirs. Je me changeai en chauve souris... Et me heurtai à la porte. Foutue manie de toujours avoir trente-six portes à blessee.jpgla suite et d'avoir orné toutes le fenêtres de grillages serrés ! Telle fut la dernière pensée que j'eus avant de perdre connaissance à cause du choc.

 

Je m'éveillai mais ne parvins pas à ouvrir les yeux. Cela étant, le Roi était en forme. Il chuchotait, mais la colère rendait sa voix sourde.

  • - Qu'est-ce que je peux faire ? Elle ne veut pas, je ne vais pas la tuer pour que personne d'autre ne l'attrape, si ?

  • - Elle ne veut pas, cela c'est un fait, réfléchissait sa fille avec lui. Non, c'est certain, père, je ne vous vois pas la tuer pour empêcher les traitres de l'avoir. Peut-être pourrions-nous la renvoyer chez elle et poster des soldats pour la protéger ?

  • - De quoi parlez... Aïe, m'interrompis-je.

Ma tête me lançait affreusement. La jeune femme me tendit un cachet ainsi qu'un verre d'eau.

  • - Prenez ça, dit-elle, c'est pour la douleur.

Je le fis en me préparant à demander de quoi il retournait, mais le roi m'expliqua de lui-même :

  • - Il y a un traître dans le château. Il a révélé votre existence à mon peuple, j'ai reçu plusieurs propositions de mes ennemis. Je pourrais vous vendre très, très cher, Callista.

  • - Fabuleux, Altesse, et pourquoi Altesse n'a-t-il pas accepté, Altesse ?

  • - Kenzo, sourit-il.

  • - Non, je ne porte pas de parfum, rageai-je, je veux juste..

  • - C'est mon prénom, s'amusa-t-il, mais les gens s'en étonnent toujours ; avant que vous le demandiez, oui la marque était déjà connue à ma naissance, mais non, mais parents ne m'en voulaient pas.

Je ne pus m'empêcher de glousser mais assurai :

  • - C'est un joli prénom. Dites-moi, Kenzo, d'après ce que j'ai compris vous êtes résigné à abandonner vos rêves d'immortalité ?

  • - Pas du tout. Mais maintenant on en veut à votre peau, donc j'ai une proposition à vous faire, est-ce que...

  • - Pardon? Peut-on rembobiner un peu ? M'écriai-je. Il y a une différence entre vouloir m'acheter et vouloir ma peau !

  • - Comme Père refusait, les mots suivants promettaient un assaut au château pour vous ravir, morte ou vive.

Sous le choc je cherchai Prince des yeux, pour obtenir du réconfort. D'abord les chevaliers, maintenant des loups garous, je voyais ma fin se précipiter.

 

Le péché pour leur vie 127.

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 21:23

 

Résumé du péché pour leur vie.

Le péché pour leur vie 124.


Je me hâtai ensuite de remplir mon devoir, pour ne pas penser à quel point je transgressais les règles.

  • - Nous sommes bien immortels, nous buvons du sang humain. Nous nous régénérons très vite, nous nous embellissons en changeant de nature, ensuite nous gardons une beauté éternelle. Nous craignons la lumière du jour, ainsi que tout ce qui est sacré. L'ail nous repousse, nous ne mourons que si l'on nous tranche la gorge, ou que l'on nous enfonce un pieu dans le cœur.

Les hommes marquèrent un temps ; ensuite le Roi demanda encore :

  • - Qui est le plus âgé des vampires ?

  • - Vous l'avez sous le nez, raillai-je. Voilà pourquoi j'ai tant aidé, le soir où nous marchions sur le château ennemi.

  • - Alors c'est vous qui me ferez le don, décida-t-il.

  • - Hors de question. Ni moi ni personne. Nous pouvons changer un humain en vampire, mais d'un vous n'êtes pas humain...

  • - Il faut essayer, asséna le monarque.

  • - De deux nous avons un code de conduite. Pour changer quelqu'un en vampire, nous devons avoir une raison légitime de le faire...

  • - La raison est de garder au pouvoir un loup qui contient les débordements de ses semblables, s'enflamma le soldat, qui avait visiblement changé d'avis.

  • - Quand bien même, il y a deux autres conditions, dont une qu'il ne remplit pas.

  • - Quelles sont-elles ? S'impatienta l'homme aux yeux jaunes et aux cheveux clairs.

  • VAMPIRE.jpg- La première est que je dois être déterminée à vous rendre de nouveau vous-même une fois que vous aurez tout du fauve quand je vous aurai fait le don. Mais la condition que vous ne remplissez pas, c'est, sans vouloir vous offenser...

  • - Parlez ! S'emporta-t-il.

  • - Vous n'avez pas l'âme pure.

  • - Pardon ? S'étrangla le soldat.

  • - Il m'a menacée trente-six fois de mort, puis il m'a fait chanter ! M'insurgeai-je.

  • - Les femmes ont le don d'exagérer sans arrêt, sourit l'homme d'armes.

Mais le Roi réfléchissait, les yeux baissés. Cela m'intrigua, j'aurais cru qu'il aurait exulté plutôt que tout autre chose. Finalement il plongea son regard dans le mien et fit posément :

  • - Comment pouvez-vous savoir si j'ai l'âme pure, alors que je ne le sais pas moi-même ?

  • - Au premier sens du terme, vous n'avez même pas d'âme, puisque les lycans sont probablement aussi damnés que nous, répliquai-je aussitôt. Mais je vais prendre le mot au sens figuré pour les circonstances.

Comme le roi inclinait la tête en signe qu'il apprécierait si je répondais à sa question, j'en vins aux faits comme il l'avait souhaité :

  • - Je n'en sais rien donc dans le doute je vous refuse le don. Je suis désolée. Il faudra continuer à vous battre avec vos propres armes.

Les hommes se regardèrent un long moment, à tel point que les soldats qui gardaient la porte furent finalement relayés. Il était plus de midi, m'apprit ma montre, or les deux hommes réfléchissaient encore. Ça en devenait risible. Mon ventre gargouilla bruyamment et ils parurent s'éveiller.

  • - Allons manger un brin, Lorenzo, dit le monarque, la demoiselle a faim.

  • - J'ai faim aussi, sourit le garde.

Sur le chemin je notai que l'homme n'avait rien à envier à son prince : brun aux yeux bleus, son corps musclé achevait de le rendre enviable à souhait. Mais je pus peu l'observer, car je devais m'employer à raser les murs du fond, à cause du soleil qui entrait par les hautes fenêtres.

Le monarque fit appeler sa fille et lancer le repas ; on vint nous servir du vin ainsi que des bouchées d'apéritif dans un salon privé. La jeune fille aussitôt arrivée, son père lui expliqua son dilemme. Elle s'appelait Léila, et elle ressemblait peu au roi, avec ses yeux noisette et ses longs cheveux bouclés et châtains plus clairs. A ma grande tristesse elle approuva son père, évidemment l'idée de ne jamais avoir à pleurer sa mort ne lui déplaisait pas. Miséricorde. J'appris alors qu'il m'avait menti, il n'était pas immortel. Ensuite la conversation dévia sur elle, elle avait un rendez-vous galant, auquel il ne voulait pas qu'elle aille, comme tous les pères au monde. Seuls les arguments changeaient. Le jeune prétendant était le fils d'un des ennemis du père, on était en plein Roméo et Juliette. Tout le monde avait oublié ma présence, si les gardes n'occultaient pas cette satanée porte, j'aurais déjà tenté une évasion depuis belle lurette. Non, me repris-je, Prince ne pouvait peut-être pas se changer en chauve-souris pour braver comme moi les rayons du soleil.

 

Le péché pour leur vie 126.

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 20:51

Résumé du péché pour leur vie.

Le péché pour leur vie 123.

 

  • - Vous allez reprendre depuis le début, parce-que j'ai la nette impression que vous n'avez rien dit de vrai depuis que vous avez affirmé être un vampire. Vous ne buvez pas de sang humain, vous n'êtes pas immortelle, vous ne pouvez pas faire le don...

  • - Alors tuez-moi, qu'on en finisse. Je n'ai pas peur de mourir.

  • - Mais vous avez peur que... Comment s'appelle-t-il ? Questionna le Roi en désignant ma panthère.

  • - Prince.

  • - Vous avez certainement plus peur pour sa vie que pour la votre. Oh, et soyez certaine que je lui trancherai la gorge, on ne sait jamais, les mythes sont parfois vrais. Ainsi quoi qu'il soit il ne s'en relèvera jamais.

Prince gronda en hérissant les poils de son dos.

  • - Là, mon joli, murmurai-je en lui flattant la nuque.

Ils avaient trouvé mon fichu talon d'Achille, oui. Je n'avais qu'une envie c'était de me changer en chauve-souris tout de suite. Mais Prince ne l'avait jamais fait, même s'il comprenait ce que je lui ordonnais, il risquait d'être tué avant d'y être parvenu. S'il en était capable.

Après tout si mon peuple ne risquait rien il n'y avait aucun risque à parler. Mais ensuite le roi avait visiblement quelque chose derrière le crâne. Quelque chose que je n'avais aucun droit de faire...

  • - Parlez, clama le soldat, m'arrachant à mes réflexions.

  • - Parfait, mais d'abord je dois être certaine de deux choses, nous formerons un pacte scellé avec nos sangs.

Les deux hommes s'étudièrent un moment, mais je continuai.

  • - Vous devez promettre de ne jamais vous servir de ce que je pourrais dire pour attaquer les vampires ou les humains. Car si vous deviez refuser ce pacte, je devrais me sacrifier. Nous sacrifier, ajoutai-je en fixant Prince.

Il hocha la tête, déterminé. J'aurais beaucoup donné pour un câlin sur la plage...

  • - D'accord, répliqua le monarque. Nous nous fichons pas mal des humains depuis la nuit des temps, voire même, et je vais vous étonner, Péronnelle....

  • - Callista, crachai-je.

  • - Voire même, Callista, le roi que je suis est là pour les protéger.

  • - Pardon ? M'étranglai-je.

  • - Les soirs de pleine lune... Notez bien que je me dévoile, alors apprêtez-vous à faire de même. Ces soirs-là, les loups réclament de la chair fraîche. C'est moi qui encadre ces nuits dangereuses.

  • - C'est à dire ? M'étonnai-je, la gorge nouée.

  • - Je lance les miens sur les traîtres ou les délinquants.

  • - Qui sont ces traîtres dont vous parlez tant ? Voulus-je savoir.

  • - Je vais vous expliquer, tonna le Roi, mais ensuite préparez-vous à faire ce que je voudrai. Les loups doivent avoir un roi respecté pour canaliser les nuits de pleine lune. Or je ne suis pas le roi légitime, n'étant pas fils du roi précédant. Mais ce fils était mauvais comme la peste, et mon père était ami du roi qui n'est plus. Ils ont décidé avec l'appui du peuple que ma famille régnerait en lieu et place de celle du roi. Je règne depuis un an tout juste. Le peuple m'aime. Mais la coutume veut que l'on puisse renverser un roi et prendre sa place si on abrège ses jours. Donc depuis un an les prétendants au trône en veulent à ma peau.

  • - Comme la reine ? M'étonnai-je.

  • - Notre mariage visait à instaurer brune-meches-rouges-meutriere-sourie.jpgla paix entre sa famille et moi, car les siens ont souvent tenté de m'avoir. Si elle m'avait tué cette nuit, elle aurait réussi son odieux stratagème, sa famille aurait accédé au trône. La prochaine nuit de pleine lune, les loups chercheront cette femme dans les bois.

  • - Je croyais qu'elle était morte ? M'étonnai-je.

  • - L'avenir vous donnera raison, mais nous n'en sommes pas encore là. Elle ira au cachot dès qu'elle se réveillera. C'était principalement mon propre sang que nous avions sur les mains quand vous nous avez vus tout à l'heure. Passons à ce pacte, conclut-il en tirant son épée de son fourreau, comme le faisait son soldat. La vérité contre la vie des humains et des vampires.

Les hommes grimacèrent un peu en se tranchant la paume, puis jurèrent de respecter le contrat, enfin je tendis ma main au soldat. Il sourit avant de noter :

  • - Dommage d'entamer cette jolie paume.

Il le fit néanmoins tandis que je serrais les dents. Je jurai aussi. Je me hâtai ensuite de remplir mon devoir, pour ne pas penser à quel point je transgressais les règles.

  • - Nous sommes bien immortels, nous buvons du sang humain. Nous nous régénérons très vite, nous nous embellissons en changeant de nature, ensuite nous gardons une beauté éternelle. Nous craignons la lumière du jour, ainsi que tout ce qui est sacré. L'ail nous repousse, nous ne mourons que si l'on nous tranche la gorge, ou que l'on nous enfonce un pieu dans le cœur.

Le péché pour leur vie 125.

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 13:30

Résumé du péché pour leur vie.

Le péché pour leur vie 122.

 

  • - Nous pouvons nous changer en loups. Qu'est-ce que vous êtes ? N'oubliez pas le marché.

  • - Des lycanthropes, mais on dit lycans entre nous.

Il se recula sur la chaise tandis que je me laissais plutôt choir sur mon dossier, ce qui fut beaucoup moins élégant.

  • - Les loups-garous existent, murmurai-je... Les humains n'ont qu'à bien se tenir, entre vous et nous.

Malgré moi un sourire béat planait sur mes lèvres. Je vivais depuis plus d'un millénaire, être surprise devenait d'une rareté exaspérante. Mais une lueur étrange luisait au fond des pupilles jaunes du Roi. Cette lueur-là était inquiétante.

  • - C'est à moi d'avoir une répomerde.jpgnse, reprit le monarque. Êtes-vous immortels ?

A ce stade je revins un peu à moi. Le secret, je ne devais pas dire ce que nous étions. Il n'était pas trop tard.

  • - Non, nous ne le sommes pas. A moi : les loups le sont ils ?

  • - Oui, répliqua l'homme aux yeux jaunes. Buvez-vous du sang ?

  • - Non, mentis-je sans réfléchir.

Le soldat coula un regard noir vers moi, mais aussi vers son roi.

  • - Sire, puis-je vous parler en privé une minute ?

  • - Parle, je ne veux pas la quitter des yeux, elle ne s'échappera pas sans que j'aie tout fait pour qu'elle reste ici. Morte ou vie.

Je ne pus m'empêcher de frémir, pourtant Dieu sait que je savais me maîtriser en temps normal. Je réalisai soudain que la beauté du roi, alliée à sa nature, ainsi qu'à la situation étrange, donnaient un cocktail détonnant qui me faisait perdre mon sang froid. Pourtant nul doute sur ceci : je devais m'échapper avant d'avoir donné davantage d'informations à cet homme de pouvoir. D'accord, il existait une autre certitude : mon sang était toujours froid.

  • - Comme vous voudrez, répliqua l'homme d'armes avec humeur. Maintenant qu'il est certain qu'elle n'a rien à voir avec nous, laissons-la partir. Plus elle restera ici, plus elle en apprendra sur nous. Elle en sait déjà trop. Et même si je vois bien ce que vous avez en tête, parce-que j'y ai pensé aussi, je ne sais pas si c'est une bonne idée. De surcroît elle ment comme elle respire.

  • - Réfléchis... Les vampires ont autant de force que nous. Ils peuvent sans doute transmettre leurs dons en mordant... Songe au fabuleux cocktail que cela pourrait provoquer. Es-tu de mon côté, Lorenzo ?

  • - Je le suis, Sire.

Le soldat se recula sur son siège, pensif. Les vampires ne supportent probablement pas la lumière du soleil, êtes-vous prêt à payer ce prix, Altesse ?

  • - Pour mon peuple, oui, asséna-t-il.

  • - Je ne peux pas vous faire ce don, j'en suis incapable, on naît vampire ou humain, mentis-je.

Les deux hommes me lancèrent un regard soupçonneux. Le soldat tira son épée de son étui en un cliquetis de métal lugubre.

  • - Vous allez reprendre depuis le début, parce-que j'ai la nette impression que vous n'avez rien dit de vrai depuis que vous avez affirmé être un vampire. Vous ne buvez pas de sang humain, vous n'êtes pas immortelle, vous ne pouvez pas faire le don...

  • - Alors tuez-moi, qu'on en finisse. Je n'ai pas peur de mourir.

  • - Mais vous avez peur que... Comment s'appelle-t-il ? Questionna le Roi en désignant ma panthère.

  • - Prince.

  • - Vous avez certainement plus peur pour sa vie que pour la vôtre. Oh, et soyez certaine que je lui trancherai la gorge, on ne sait jamais, les mythes sont parfois vrais. Ainsi quoi qu'il soit il ne s'en relèvera jamais.

Prince gronda en hérissant les poils de son dos.

  • - Là, mon joli, murmurai-je en lui flattant la nuque.

Ils avaient trouvé mon fichu talon d'Achille, oui. Je n'avais qu'une envie c'était de me changer en chauve-souris tout de suite. Mais Prince ne l'avait jamais fait, même s'il comprenait ce que je lui ordonnais, il risquait d'être tué avant d'y être parvenu. S'il en était capable.

Après tout si mon peuple ne risquait rien il n'y avait aucun risque à parler. Mais ensuite le roi avait visiblement quelque chose derrière le crâne. Quelque chose que je n'avais aucun droit de faire...

 

Le péché pour leur vie 124.

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 21:20

Résumé du péché pour leur vie.

Le péché pour leur vie 121.


  • - Nous manifestions, tout simplement...

Le roi fit signe à un homme qui attendait à la porte. Il fit jouer son épée dans son étui mais je ne m'émus pas. Qu'on me blesse et je me changerais en chauve souris pour fuir... Non... Il y avait Prince, je ne le laisserais pas là.

  • captive-heureuse.jpg- Dites-moi la vérité ; le temps de vérifier, vous serez libre et indemne. Taisez-vous ou mentez-moi et je demanderai à mes soldats de vous arracher ces informations. Vous êtes bien jolie, il serait dommage d'abîmer ce beau minois, ou pire, que vos traits et vos formes inspirent l'envie à mes soldats.

  • - Je ne sais pas, affirmai-je. On m'a payé pour mentir à l'administration. Je n'en sais pas davantage.

  • - Bien, fit le monarque, égorgez la panthère.

  • - Bien, dit l'homme à l'épée.

Parfait, me dis-je. Bientôt je serais dehors. Je me levai, m'apprêtant à me changer en loup pour défendre sa peau. Mais un flot de monstres gris passa lentement la porte. Il y en avait partout, le couloir en était rempli. Jamais je ne pourrais sauver Prince.

- Attendez ! Hurlai-je lorsque la meute adverse se rua sur nous, assez rapidement pour que je sois certaine qu'ils étaient aussi puissants qu'ils étaient laids.

  • - Je savais que vous deviendriez raisonnable, jubila le roi. Asseyez-vous et dites-moi ce qui se passait ce soir-là.

Je couvris mon visage de mes mains pour réfléchir en paix. Je ne pouvais pas continuer à mentir, ils ne me croyaient pas. Je ne pouvais pas m'échapper, car alors Prince serait tué, d'autant qu'il faisait jour dehors. Je me maudis de ne jamais avoir appris à ma panthère comment se métamorphoser.

Ce qui acheva de me décider fut que eux aussi étaient des êtres étranges. Ils garderaient mon secret parce-qu'ils étaient habitués à garder ce genre de choses pour eux. Ainsi me lançai-je finalement :

  • - Nous sommes des vampires ; ce soir-là nous voulions la peau de ceux qui nous traquent, les chevaliers blancs en question.

Les hommes sourirent, se regardèrent puis éclatèrent d'un rire sonore. Parfait. On allait s'amuser, s'ils avaient envie de rire. Je visualisai la chauve souris ; mon corps répondit aussitôt. En quelques secondes j'en fus une puis me posai sur le bureau. Je récupérai forme humaine pour pouvoir me rasseoir et rire à mon tour de leur air hébété. Mais bientôt leur regard sur moi changea. Précipitamment je me rhabillai. Je repris ma place pour lancer :

- Je peux rentrer chez moi, à présent ?

Les hommes s'étudièrent longuement ; enfin le garde déclara :

  • - Vous pourriez nous être utile.

Le levai les yeux au ciel.

  • - Non, sifflai-je, non et non, je ne veux rien avoir à faire avec vous, je veux rentrer chez moi, je tairai votre existence comme vous tairez la notre, et tout ira bien.

Le roi réfléchit. Bien trop longtemps.

  • - Parlez-moi des vôtres.

  • - Alors faîtes de même.

  • - Donnant donnant, proposa-t-il. Vous commencez.

Je regardai le plafond, mais avais-je le choix ?

  • - Je m'appelle Callista. Qu'est-ce que vous êtes ?

  • - Répondez à ma question, sinon je vais perdre patience. Dois-je vous rappeler ce que j'ai fait à ma propre épouse ce matin-même ?

  • - Vous n'êtes pas drôle, souris-je. Posez-moi des questions explicites, si vous voulez des réponses plus précises.

  • - Quels sont vos pouvoirs ? Ne vous avisez pas d'en omettre, parce-que si un jour j'en découvre d'inconnus je vous enchaîne dehors à midi.

  • - Nous pouvons nous changer en loups. Qu'est-ce que vous êtes ? N'oubliez pas le marché.

  • - Des lycanthropes, mais on dit lycans entre nous.

Il se recula sur la chaise tandis que je me laissais plutôt choir sur mon dossier, ce qui fut beaucoup moins élégant.

 

Le péché pour leur vie 123.

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