Résumé du péché pour leur vie.
Mais je refusais que nos relations changent d'un pouce. Tout sauf cela. La solitude pour la sécurité. Et puis le roi des loups, bon sang, c'était tellement contradictoire avec la sécurité !
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- Non. Je mordrai quelqu'un d'autre, que je ne connais pas. Ça ne fait pas mal, vous n'avez pas à vous en faire.
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- Pourquoi n'acceptes tu pas mon sang ? Demanda-t-il suspicieux.
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- Parce-que cela... Crée un lien privilégié entre le vampire et la proie. Ils sentent certains sentiments, certaines sensations éprouvées par l'autre. Ils se désirent, aussi.
Un silence plana sur la pièce, mais il reprit vite contenance. Pourtant il y avait eu, l'espace d'une seconde, ce regard... J'avais raté quelque chose, évidemment. Combien de décennies s'étaient-elles écoulées avant que ce type de regard me soit adressé pour la dernière fois ? Beaucoup. Je m'étais soigneusement esseulée, parce-que je ne supportais pas que les relations soient faussées par mon physique parfait. Ni l'idée que mon amour vieillisse. Je l'avouais sans honte : je n'aimais que les jeunes, jamais je ne pourrais aimer un homme de plus de quarante ans. Impossible.
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- Tu iras donc chasser, avec la moitié de mes hommes, qui te suivront de loin. Laisse-moi quelques heures pour m'organiser. Je te tiendrai au courant du déroulement de la soirée dès que ce sera fait.
Le roi des loups fit les choses en règles. Aussi ne savourai-je aucunement cette première sortie depuis des jours. Pas plus que Prince n'aima que nous fûmes suivis par autant de créatures, qui n'eurent d'yeux que sur les fauves que nous fûmes pendant quelques heures. Toutefois nous nous restaurâmes, puisque nous étions là pour cela. Peut-être nos proies payèrent-elles un peu notre tension. Je devais avouer, la violence de ma morsure n'eut d'égal que l'ampleur des ravages que je fis sur la mémoire du pauvre type que j'épargnai de peu. Lorsque j'en eus fini avec lui, je savais pertinemment qu'il serait pris de quelques troubles psychologiques pendant une poignée de jours. Je me jurai de ne plus le refaire. J'étais un monstre, après tout, songeai-je en recueillant d'un doigt le sang qui avait coulé sur mon menton. Je léchai le bout de mon ponce. C'était froid. Les gens devaient cesser de croire le contraire, je n'étais pas une jolie poupée blonde. Prince feula ; je me baissai pour lui donner un câlin qui m'apaisa un peu. J'expirai profondément. J'aimais cet animal, je n'aimerais jamais un homme comme j'adorais Prince. C'était trop dangereux. Je me relevai pour rejoindre le satané château des lycans.
Les jours suivants furent à la fois intéressants, et monotones. J'avais eu une vie excitante, je prenais des risque financiers, je fêtais les victoires, je satisfaisais souvent ma libido. J'allais me dépenser à la plage avec ma panthère magnifique.
Maintenant je donnais des cours à la princesse. Le roi restait éloigné de moi sauf aux repas où la discussion n'avait comme objet que de masquer combien il m'évitait depuis le soir de la chasse. On y parlait surtout de Léila. Elle réclamait toujours une soirée avec son Apollon, qu'elle n'avait pour l'heure le droit de voir que dans la cour du château, vive, ce qui manquait d'intimité. Le roi refusant encore et encore, un beau soir elle me confia qu'elle sortirait en cachette. J'ouvris de grands yeux, puis me ressaisis, je ne voulais pas perdre sa confiance. Mais dès qu'elle eut franchi la porte, en pleine nuit, je courus prévenir son père. Je sentais mal son prétendant, allez savoir pourquoi, lorsque je les avais observés je ne l'avais pas senti très sincère. Or les vampires avaient les sens assez développés pour sentir les mensonges.
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- Qu'est-ce que c'est ? Grogna Kenzo lorsque je frappai à sa porte.
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- C'est Callista, Sire (oui, nos rapports étant devenus froids, j'avais repris le vocabulaire approprié).
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- Entre.
Couché sur le côté pour me faire face, il alluma la lampe de chevet. Puis il darda sur moi ses yeux jaunes, perçants et glacés.
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- Bonsoir, mon roi, je voulais vous prévenir, mademoiselle votre fille est sortie en cachette voir son amoureux et je m'inquiète un peu... Pourquoi souris-tu ? M'étonnai-je faussement.
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- Déjà, parce-que tu ne sais plus si tu me vouvoie ou si tu me tutoies, depuis des jours, ce qui est ridicule.
Je ne l'avais pas remarqué moi-même, ce qui était des plus inquétants.
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- En plus, parce-que tu t'imagines que Léila peut sortir d'ici sans que je le sache.
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- Vous le savez ? Mais comment ?
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- Les gardes dans ce cas m'avertissent et la suivent de loin.
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- Oh, alors je vous prie de me pardonner et je vais retourner me coucher.
Comme au ralenti, je parvins à me retourner ; tandis que je posais la main sur la poignée, je sentis son regard sur mes formes parfaites... Mais pas seulement. Je levai le nez. Le danger.
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- Tu n'as plus envie de sortir, sourit Kenzo dans mon dos ?
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- Habille-toi, et passe-moi des armes. On est venu prendre ton château.